Yaakov Litzman : Lapid est une « maladie contagieuse » qui a « infecté » Gantz
Le vice-ministre de la Santé a attaqué le dirigeant de Kakhol lavan dans des termes forts après que le parti centriste a exclu une coalition avec les partis ultra-orthodoxes

Le vice-ministre de la Santé Yaakov Litzman a accusé, jeudi, Benny Gantz d’avoir été « infecté » par la « maladie contagieuse » qu’est son confrère du parti Kakhol lavan Yair Lapid, qui est le fléau des responsables politiques ultra-orthodoxes depuis longtemps.
Gantz, qui dirige le parti centriste, a promis mardi de former un gouvernement d’unité « progressiste » s’il est chargé de la tâche à l’issue des prochaines élections, semblant exclure toute alliance avec les partis ultra-orthodoxes et les partis nationalistes religieux.
« Jusqu’à hier, je n’ai pas attaqué Gantz du tout, j’ai dit que je pourrais le rejoindre si Lapid n’était pas avec lui », a déclaré Litzman à la radio de Kan. « Mais apparemment, Lapid est une maladie contagieuse qui a infecté Gantz. »
« La critique est légitime, elle est permise. Mais j’estime que ceux qui ont une haine de la religion sont antisémites », a-t-il clarifié dans la suite de l’interview.
Quand le journaliste lui demandait si ses propos n’allaient pas trop loin, Litzman a répondu : « je pense que ce que lui fait va trop loin ».
« Ce ne sera pas un désastre si Litzman et [Moshe] Gafi sont dans l’opposition », a répondu Yair Lapid lors de la même conférence, qui prévoit une victoire de Kakhol lavan.
« Il nous incombera toujours de défendre l’identité juive d’Israël, mais aussi de veiller à ce que chaque enfant – qu’il soit laïc ou ultra-orthodoxe – apprenne les mathématiques et l’anglais pendant ses études », a-t-il déclaré. « Il n’y a rien de non-juif là-dedans. »

Le chef du parti Kakhol lavan a semblé exclure mardi l’idée de former une coalition avec les formations ultra-orthodoxes, alors que sa campagne tente d’affiner les contours d’un possible gouvernement qu’il serait chargé de former à l’issue des élections du 17 septembre.
Cette annonce marque un tournant pour Gantz, qui a tenté de rester en bons termes avec de potentiels futurs alliés côté haredim.
Avec cette nouvelle stratégie, Gantz s’aligne avec le numéro deux du parti, Yair Lapid, qui a toujours favorisé une prise de position ferme à l’égard des partis ultra-orthodoxes, les accusant « d’extorquer » le gouvernement et de refuser de laisser ses membres effectuer leur service militaire.
Kakhol lavan a été formé avant les élections d’avril et se compose des partis Hossen LeYisrael, Yesh Atid et Telem, le parti de l’ancien ministre de la Défense, Moshe Yaalon.
C’est le principal rival du parti Likud de Netanyahu, après avoir remporté 35 sièges aux élections d’avril face aux 36 du Likud sur les 120 que compte la Knesset. Il est actuellement au coude à coude avec le parti dans la course en vue du scrutin du 17 septembre, que Netanyahu avait initié après avoir échoué à former un gouvernement à la suite des précédentes élections en raison d’un différend opposant Yisrael Beytenu aux partis ultra-orthodoxes.

Gantz s’est constamment dit favorable à la formation d’un gouvernement d’unité avec le Likud si le parti n’est pas dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui risque une inculpation dans trois affaires de corruption, sous réserve d’une audience.
Plus tard dans la journée, Gantz a semblé, lors d’un évènement à Beer Sheva, exclure de nouveau une alliance avec des partis religieux de droite.
« Je promets qu’immédiatement après les élections, nous établirons un gouvernement d’unité progressiste qui sera basé sur la majorité, pas sur les extrémistes ni sur l’extorsion », a-t-il dit.
La communauté haredi est montée au créneau le mois dernier après que Lapid a tweeté une vidéo de campagne satirique décrivant les responsables politiques ultra-orthodoxes comme vénaux et corrompus, exigeant de grandes sommes d’argent en échange d’une promesse de loyauté envers Netanyahu.
Litzman avait qualifié la vidéo d’antisémite, déclarant qu’elle franchissait une « ligne rouge » et qu’elle rappelait « des périodes sombres lors desquelles les Juifs étaient dépeints comme des persécuteurs avides ».
Yair Lapid a rapidement réagi, déclarant qu’il n’était pas prêt à accepter les critiques de quelqu’un qui « protège les pédophiles », une référence aux allégations selon lesquelles Litzman, vice-ministre de la Santé, auraient protégé des criminels sexuels dans au moins dix cas.
« Je ne suis pas impressionné quand ils hurlent ‘haine, haine’ à chaque fois que quelqu’un les critique. Il existe un vrai antisémitisme dans le monde : des Juifs sont abattus dans des synagogues. Ce n’est pas de l’antisémitisme. Nous continuerons à nous battre pour Israël en tant qu’État juif, démocratique, libre et progressiste ».