Yaalon fustige l’Occident pour ses erreurs en Iran et Syrie
Le ministre de la Défense appelle à des discussions en coulisse avec les Etats arabes sunnites
Le ministre de la Défense Moshe Yaalon a déclaré dimanche que les Etats arabes sunnites sont « frustrés et furieux » contre l’Occident pour son « manque de soutien » face à l’Iran, et il accuse l’Europe et les Etats-Unis de manquer d’une « stratégie globale » en Syrie, rejoignant une critique générale de la démarche occidentale au sujet de la Syrie.
Le ministre de la Défense, qui s’est exprimé à la Conférence de Sécurité de Munich, a affirmé qu’il y a des canaux de communication ouverts entre Israël et d’autres Etats arabes, mais que la situation « sensible » l’empêche de serrer les mains d’officiels arabes en public. Il a plus tard serré la main du prince saoudien Turki bin Faisal Al Saoud.
Turki a rencontré un certain nombre d’officiels israéliens dans le passé.
Les liens cachés d’Israël avec les états arabes sont tels que si nous ne pouvons pas montrer des signes de cordialité en public, « nous pouvons nous rencontrer en privé », a déclaré Yaalon.
« Mais nous disposons effectivement de canaux pour dialoguer avec nos voisins sunnites arabes. Pas seulement la Jordanie et l’Egypte, mais aussi les états du golfe, et les états nord-africains, a-t-il déclaré. Pour eux, l’Iran est un ennemi ».
Israël conserve depuis longtemps des canaux de communication entre Jérusalem et les Etats sunnites, qui partagent l’ennemi commun qu’est l’Iran.
Yaalon, s’exprimant en anglais, a expliqué que les États arabes sont « frustrés et furieux du manque de soutien occidental ».
Il a aussi fermement critiqué la démarche de l’Occident pour stopper les combats en Syrie et vaincre le groupe terroriste de l’Etat islamique.
En se référant aux déclarations du Premier ministre de Russie que le conflit constituait une nouvelle guerre froide, Yaalon a déclaré : « Pour qu’il y ait une guerre, il faut deux parties. Une, très active, très présente dans la région aujourd’hui, la Russie. Et l’autre partie, est absente, que ce soit les Etats-Unis ou l’Europe ».
L’Occident a besoin d’une « stratégie globale » et une « morale claire » et « cela manque », a-t-il déclaré. « J’affirme que vous manquez d’une stratégie globale ».
Le ministre de la Défense a déclaré qu’il était d’accord avec l’approche du roi Abdallah de Jordanie que la montée de l’Etat islamique marquait le commencement d’une troisième guerre mondiale. « Je ne suis pas en désaccord avec lui », a-t-il déclaré.
Mais il semblait indiquer qu’Israël préférait l’Etat islamique à l’est de la Syrie plutôt que les milices soutenues par l’Iran, tout en les qualifiant de deux « mauvaises alternatives ».
« Au cours des deux dernières années, nous n’avons même pas eu une seule attaque terroriste de Daesh, a-t-il déclaré en employant le terme arabe pour l’EI, tout en notant qu’Israël avait été attaqué environ 10 fois par des forces soutenues par l’Iran. « Cela pourrait se produire, Daesh est un ennemi. Ils devraient être vaincus, ils seront vaincus, j’en suis sûr. Nous avons trop d’ennemis dans la région ».
Dans le même temps, le ministre de la Défense a déclaré qu’Israël fournissait de l’assistance aux villages syriens assiégés à travers la frontière.
« Nous fournissons un soutien humanitaire aux villages sunnites à travers la frontière. Nous leur fournissons du soutien médical. Nous les accueillons dans nos hôpitaux. Nous ne pouvons pas fermer les yeux devant cette tragédie », a-t-il déclaré.
Dans son discours, Yaalon a divisé les acteurs principaux au Moyen Orient entre l’axe iranien, y compris le Hezbollah, le « camp du djihad mondial » et les soutiens des Frères musulmans.
Dans ce dernier camp, le ministre de la Défense inclut le Hamas, le Qatar « qui joue un jeu trouble, nous n’avons pas le temps de développer », et la Turquie.
Les commentaires sont survenus après que le ministre de la Défense ait fustigé Ankara pour avoir permis aux agents du Hamas de travailler à Istanbul.
Concernant la stratégie d’Israël en Syrie, Yaalon a déclaré : « Nous avons décidé dès le tout début de ne pas intervenir », à moins qu’il y ait une menace contre la souveraineté israélienne ou des transferts d’armes de groupes terroristes.
« Nous avons déclaré dès le début que nous ne tolérons aucune violation de notre souveraineté, et quand cela a eu lieu, nous avons agi », a-t-il déclaré en référence aux frappes israéliennes sur le territoire syrien.