Yahadout HaTorah signe un accord de coalition avec le Likud
Selon l'accord, le député haredi Uri Maklev sera en charge de l'égalité sociale pour les femmes et les LGBT ; des accords ont également été conclus avec HaTzionout HaDatit et Noam
Le Likud et Yahadout HaTorah ont signé un accord de coalition officiel mercredi matin, après des jours de querelles entre les deux factions internes du parti ultra-orthodoxe et un jour avant la prestation de serment attendue du gouvernement.
Le parti du Premier ministre désigné, Benjamin Netanyahu, a officiellement signé des accords de coalition avec ses alliés ultra-orthodoxes et d’extrême-droite mercredi, après près de deux mois de négociations laborieuses qui ont donné lieu à des concessions inouies sur des questions politiques et sur les rôles ministériels.
En plus de l’accord avec Yahadout HaTorah, le Likud a également signé des accords mercredi matin avec les partis HaTzionout HaDatit et Noam, et devait ensuite sceller l’accord avec le Shas et Otzma Yehudit.
Le contenu de l’accord final de Yahadout HaTorah n’était pas encore clair, mais les informations – publiées durant les négociations – indiquaient qu’il devait inclure des changements politiques de grande envergure sur la religion et l’État, y compris l’autorisation d’événements publics séparés pour les hommes et les femmes, le resserrement des normes pour l’immigration juive en vertu de la Loi du retour, et l’abandon d’un plan visant à éliminer progressivement les anciens réseaux cellulaires 2G et 3G pour maintenir les lignes téléphoniques dites « casher ».
Chaque législateur du parti Yahadout HaTorah devrait recevoir un rôle supplémentaire, selon les médias israéliens.
Selon le site d’information Ynet, le leader de Yahadout HaTorah, Yitzchak Goldknopf, devrait occuper le poste de ministre du Logement et de la Construction, tandis que le député Meir Porush sera ministre des Affaires de Jérusalem et que le député Yaakov Tessler deviendra ministre adjoint des Affaires sociales.
Le député Uri Maklev serait vice-ministre – avec les pouvoirs d’un ministre – en charge du ministère de l’Égalité, une nomination potentielle délicate dans la mesure où elle placerait le politicien ultra-conservateur, dont le parti ne compte aucune femme, en charge des questions relatives à l’égalité des femmes et des personnes LGBTQ.
L’article indique que le numéro 2 de Yahadout HaTorah, Moshe Gafni, reprendra son rôle habituel de président de la commission des Finances de la Knesset, que le député Yaakov Asher dirigera la commission de l’Intérieur et de l’Environnement et que le député Yisrael Eichler obtiendra également un rôle qui n’a pas encore été établi.
Le numéro 8 du parti, Yitzhak Pindrus, qui n’est pas actuellement à la Knesset – le parti n’ayant obtenu que sept sièges lors des élections législatives du mois dernier – deviendra un député à la place d’un des ministres du parti, en vertu de la Loi norvégienne, et deviendra président de la commission du Travail, des Affaires sociales et de la Santé.
Les négociations s’étaient enlisées ces derniers jours, suite à des informations selon lesquelles Goldknopf, chef du parti hassidique Agudat Yisrael, avait obtenu une place au sein du cabinet de sécurité, qui est composé de ministres de premier plan et chargé de prendre des décisions sensibles en matière de Défense, dans ce qui aurait été une première pour un politicien de Yahadout HaTorah.
Le parti non hassidique Degel HaTorah, dirigé par Gafni, a déclaré qu’il n’avait pas accepté cette décision, qui aurait mis le parti dans la position d’envoyer potentiellement des gens à la guerre. Depuis des décennies, le parti évite d’occuper des postes ministériels afin de ne pas être responsable des actions entreprises par les dirigeants laïcs d’Israël.
Après que Degel HaTorah a exigé la réouverture complète des discussions sur cette question, Goldknopf a retiré sa demande de poste au sein du cabinet de sécurité lundi.
Selon le journal Makor Rishon, l’accord a été signé à la suite d’une percée mardi dans les négociations internes de Yahadout HaTorah concernant le contrôle d’une commission rabbinique qui gère les téléphones dits « casher » – des téléphones portables dépourvus d’Internet et d’autres fonctionnalités modernes utilisés par de nombreux Israéliens juifs ultra-orthodoxes.
Degel HaTorah aurait demandé la formation d’une seconde commission contrôlée par la faction, en plus de la commission actuelle, contrôlée par Agudat Yisrael, ou bien d’obtenir une influence sur la commission actuelle. Les factions auraient convenu de retarder la résolution de la question jusqu’à après la prestation de serment, et avant que la législation prévue sur la réforme du téléphone portable ne soit soumise aux votes finaux du plénum.
Agudat Yisrael et Degel HaTorah sont unis sous le nom de Yahadout HaTorah depuis 1992, à l’exception d’une période entre 2004 et 2006 où ils se sont séparés en raison d’un désaccord sur la coopération avec la coalition.
Netanyahu et son parti, le Likud, avaient promis de former rapidement un gouvernement de droite stable après que Otzma Yehudit, HaTzionout HaDatit, Noam et ses partenaires ultra-orthodoxes de longue date, le Shas et Yahadout HaTorah, eurent remporté 64 sièges à la Knesset, qui en compte 120 au total, lors des élections législatives de novembre.
Cependant, les pourparlers se sont enlisés des semaines durant, les partis se disputant les rôles ministériels et les objectifs politiques.
Dans le cadre de l’accord de coalition entre le Likud et Yahadout HaTorah, la législation sera avancée pour permettre des événements publics séparés pour les hommes et les femmes, et un panel sera formé pour revoir les conditions d’éligibilité pour l’immigration juive en Israël.
Yahadout HaTorah et d’autres partenaires attendus de la coalition de Netanyahu ont également proposé de relever les critères d’immigration juive en Israël dans le cadre de la Loi du retour. Pierre angulaire de la relation entre Israël et les Juifs de la Diaspora, la Loi du retour établit qu’un Juif, un petit-enfant ou un enfant de Juif, peut prétendre à la citoyenneté israélienne.
Les parties ont également convenu de s’engager à promouvoir la clause dite « dérogatoire » une mesure très controversée sur la réforme judiciaire proposée par le prochain ministre de la Justice, qui devrait être un législateur du Likud.
La droite cherche depuis longtemps à remettre en cause l’équilibre des pouvoirs entre les branches judiciaire et politique, en rendant la première plus subordonnée aux politiciens, notamment en affaiblissant la Cour suprême et en augmentant l’influence des politiciens sur les nominations judiciaires.
Le projet d’accord montre également que Yahadout HaTorah a obtenu la promesse de légiférer sur de nouvelles exemptions militaires pour les études religieuses à plein temps et d’adopter une Loi fondamentale quasi-constitutionnelle sur la valeur des études de la Torah. Yahadout HaTorah a posé ces deux conditions pour soutenir le prochain budget de l’État.