Yesh Atid : « Impossible de changer de valeurs juste pour revenir au pouvoir »
Le parti centriste déplore le changement d'idéologie du Likud ; HaMahane HaMamlahti n'a recommandé personne pour le poste de Premier ministre
Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.
Le parti centriste Yesh Atid a recommandé mercredi auprès du président israélien son leader Yair Lapid, Premier ministre sortant, comme personnalité la plus apte à former un nouveau gouvernement – une recommandation symbolique après l’échec de son bloc à réunir le nombre de sièges nécessaires pour obtenir la majorité au cours du scrutin de la semaine dernière.
Avoda est la seule autre faction qui devrait, elle aussi, recommander Lapid auprès d’Isaac Herzog, qui a entamé mercredi des consultations avec les différents partis élus pour savoir quelle était la personnalité qui est la plus en mesure, selon eux, de rassembler une nouvelle coalition au pouvoir.
Yesh Atid a réaffirmé son intention de prendre la tête de l’opposition après son court passage à la direction de la coalition. Le parti s’en est pris au Likud en mettant en cause « son idéologie flexible ».
« Il est impossible de changer de valeurs juste pour revenir au pouvoir », a déploré Karine Elharrar, ministre de l’Énergie, à Herzog.
Le parti de Benjamin Netanyahu a en effet été vivement critiqué par le centre-gauche pour avoir conclu une alliance avec des formations d’extrême-droite dans le cadre de ce dernier scrutin.
« Nous devons être une alternative, nous devons conserver nos valeurs démocratiques et libérales, » a insisté le représentant de la faction, le député Boaz Toporovsky.
De son côté, Herzog a demandé au parti HaMahane HaMamlahti pourquoi il ne souhaitait pas rejoindre la coalition naissante, formée de partis de droite, d’extrême-droite et religieux, afin d’y jouer un rôle de modérateur.
HaMahane HaMamlahti, une formation de centre-droit, s’était refusée à recommander quiconque pour rassembler une coalition.
« Les citoyens, dans l’heure qui a précédé, m’ont écrit et ils m’ont demandé pourquoi HaMahane HaMamlahti n’allait pas intégrer le gouvernement », a expliqué Herzog, notant que si un tel cas de figure devait se présenter, « le gouvernement serait plus large, plus stable, et il apaiserait les craintes en n’allant pas jusqu’aux extrêmes qui sont redoutés par les citoyens ».
Le député de la faction Eitan Ginzburg a expliqué qu’en plus du manque de confiance placée dans le leader du Likud, Benjamin Netanyahu – le parti a été échaudé par l’échec d’un gouvernement d’unité qui avait été formé entre Gantz et Netanyahu – la formation ne pensait pas « avoir suffisamment d’influence pour peser sur les politiques que le futur gouvernement va vouloir faire avancer ».
Ginzburg est gay et un certain nombre de députés de l’alliance d’extrême-droite HaTzionout HaDatit – notamment son leader – se sont exprimés en défaveur des droits LGBT, demandant l’interdiction de la marche des fiertés et faisant part de leur désir de réhabiliter les soi-disantes « thérapies de conversion », aujourd’hui interdites.
Les chefs de file de la formation d’extrême droite HaTzionout HaDatit, susceptibles d’accéder à des postes de ministres, font eux ouvertement part de leur aversion pour les membres de cette communauté et menacent même déjà de prendre des mesures contre elle.
A LIRE : La percée de partis homophobes inquiète la communauté LGBTQ du pays