Yossi Cohen : Les frappes sur les sites nucléaires iraniens doivent être envisagées
Pour l'ex-chef du Mossad, un "bon" accord peut encore empêcher Téhéran d'avoir la bombe atomique

L’ancien responsable de l’agence d’espionnage du Mossad a déclaré jeudi que l’option d’une frappe militaire israélienne sur les sites nucléaires de l’Iran devait être sérieusement envisagée, quelques jours avant la reprise des négociations sur l’accord sur le nucléaire signé entre Téhéran et les grandes puissances occidentales.
« Des frappes indépendantes sur les sites nucléaires – si l’Iran devait emprunter cette voie même qui met en péril notre existence – doivent être envisagées, et ce sans ambiguïté », a commenté Yossi Cohen auprès du site Ynet.
« Un bon accord peut empêcher l’Iran d’obtenir une bombe et un mauvais accord, comme celui qui a été signé dans le passé, ne peut pas le faire de manière parfaite », a continué Cohen alors que les négociations dirigées par les Européens pour tenter de conclure un nouvel accord avec la République islamique suite à l’effondrement du précédent, conclu en 2015, doivent reprendre lundi.
« L’essentiel est d’ôter à l’Iran ses capacités parce que nous ne serons pas en mesure de lui ôter ses motivations », a ajouté Cohen.
Le député Ram Ben-Barak, ancien directeur-adjoint de l’agence d’espionnage et actuellement à la tête de la puissante commission des Affaires étrangères et de la Défense, a déclaré vendredi que si les puissances mondiales devaient souscrire à un accord similaire au JCPOA – le nom donné au pacte qui avait été ratifié en 2015 – elles ne pourraient pas empêcher l’Iran d’être au seuil du nucléaire.
« C’est inacceptable pour Israël. Nous mettons en garde les Américains à ce sujet et nous leur disons que nous ne laisserons pas faire cela », a déclaré Ben Barak au micro de la radio militaire.

Ben-Barak, comme Cohen, a dit que des frappes militaires étaient envisagées mais que cette option « ne devra être utilisée que s’il n’y a plus d’autre choix ».
« Je pense que les Européens sont moins efficaces à ce sujet », a-t-il dit.
« Quand on prend part à des négociations sans crainte que la situation ne se détériore, alors on se sent très fort. Il faut établir très clairement aux yeux des Iraniens qui est la vraie puissance », a ajouté Ben-Barak.

L’ancien président américain Donald Trump avait abandonné le JCPOA en 2018, réimposant de dures sanctions à l’Iran qui a violé certains de ses propres engagements pris dans le cadre de l’accord et qui a augmenté de manière significative ses activités d’enrichissement d’uranium, ce qui laisse craindre que la République islamique ne devienne un État au seuil du nucléaire.
Israël avait poussé Trump à se retirer du JCPOA, parvenant notamment à le convaincre grâce à des informations glanées dans de nombreux documents nucléaires que le Mossad, alors placé sous l’autorité de Cohen, avait réussi à dérober à Téhéran, les rapportant au sein de l’État juif au mois d’avril 2018. Les documents montraient qu’avant de signer le pacte, la République islamique avait œuvré à s’armer d’une bombe atomique, et ce malgré ses dénégations. Trump avait quitté le traité un mois plus tard.

Dimanche, le New York Times a fait savoir que les responsables américains avaient averti Israël que les attaques contre le programme nucléaire iranien étaient contre-productives et qu’elles avaient amené Téhéran à reconstruire un système d’enrichissement plus efficace encore qu’auparavant.
Notant qu’il y avait eu quatre explosions dans des structures nucléaires iraniennes – attribuées à l’État juif – au cours des 20 derniers mois, ainsi que le meurtre d’un important scientifique iranien, l’article a indiqué que les responsables américains, s’ils estimaient que de telles initiatives étaient « satisfaisantes au niveau tactique » étaient en fin de compte « contre-productives ».
Au début du mois, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères et négociateur dans les pourparlers sur le nucléaire, Saeed Khatibzadeh, a annoncé que la République islamique continuerait ses activités contrevenant au JCPOA tant qu’il ne serait pas assuré que les États-Unis lèveraient leurs sanctions de manière vérifiable.
La date du 29 novembre a été choisie pour la reprise des négociations, à Vienne, pour ressusciter l’accord après une interruption de cinq mois des pourparlers entraînée par l’élection à Téhéran du président Ebrahim Raissi, qui appartient à la ligne dure du régime.
L’AFP a contribué à cet article.