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10 ans après, de l’héroïsme dans les horreurs de la Seconde Guerre du Liban

C’était « l'enfer sur terre ». C’était « bats-toi ou fuis ». Trois soldats qui ont obtenu des éloges pour des actions de sauvetage décrivent leur épreuve du feu dans cette guerre acharnée

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Les soldats évacuent un camarade blessé au cours de la seconde guerre du Liban, le 24 juillet 2006, (Crédit : Haim Azoulay / Flash 90)
Les soldats évacuent un camarade blessé au cours de la seconde guerre du Liban, le 24 juillet 2006, (Crédit : Haim Azoulay / Flash 90)

Au cours de la Seconde Guerre du Liban, en 2006, les Forces de défense israéliennes ont trouvé dans le Hezbollah un ennemi beaucoup plus résistant que ce dont Tsahal avait l’habitude avec les escarmouches contre les terroristes palestiniens armés de fusils et d’explosifs improvisés.

Durant la guerre de 34 jours, 121 soldats israéliens sont tombés sous les missiles anti-chars, les mines, les roquettes et les mitrailleuses du groupe terroriste chiite libanais.

44 civils israéliens ont également été tués pendant ce conflit du fait de la pluie quasi-constante de missiles qui s’est abattue sur les villes du Nord. Au Liban, près de 1 200 personnes sont mortes, bien que le rapport civil-combattant reste très contesté. Israël dit que plus de la moitié – entre 600 et 800 – des personnes tuées étaient des combattants, alors que le Hezbollah affirme que seuls 250 combattants sont morts au cours de la guerre.

Le conflit a commencé le 12 juillet 2006, lorsque deux soldats israéliens – Eldad Regev et Ehud Goldwasser – ont été enlevés par le Hezbollah près de Zar’it, le long de la frontière nord, et clandestinement emmenés vers le Liban.

En réponse à cette attaque à la frontière, qui a fait trois morts en plus des deux enlevés, l’armée israélienne a lancé une tentative de sauvetage qui a échoué. C’est alors devenu une opération limitée, qui par la suite a évolué en ce que l’on appelle désormais la Seconde Guerre du Liban.

Des vétérans du conflit ont décrit l’intensité des combats comme étant presque cinématographique, une version hollywoodienne de la guerre.

Environ 30 000 soldats de Tsahal ont pris part aux combats, et sur ces dizaines de milliers, 145 ont obtenu des médailles d’honneur ou des citations de leurs commandants pour acte de bravoure.

Une décennie après le début de la guerre, le Times of Israel a parlé avec trois de ces anciens combattants – le major Ariel Barbi, le sergent-chef (réserviste) Steven Wailand et le major Dani – de la façon dont ils ont gardé leur sang-froid sous le feu, ont repoussé leurs limites physiques, et de ce que signifie être un authentique héros de guerre.

Sgt. Steven Wailand, à gauche, Maj. Ariel Barbi, au centre, et le Maj. Dani, à droite, ont reçu des citations officielles pour leur service au cours de la seconde guerre du Liban. (Crédit : autorisation)
Sgt. Steven Wailand, à gauche, Maj. Ariel Barbi, au centre, et le Maj. Dani, à droite, ont reçu des citations officielles pour leur service au cours de la seconde guerre du Liban. (Crédit : autorisation)

Le major Ariel Barbi

Aujourd’hui, le major Barbi est commandant adjoint du 202e Bataillon de la Brigade parachutiste, responsable de centaines de soldats. Il vit à Karkour, sur la côte nord d’Israël, avec sa femme et ses deux filles. Mais il y a 10 ans, c’était un sergent qui voulait devenir officier.

Quelques semaines avant la guerre, Barbi a été retiré de son unité régulière afin d’entrer dans un programme préparatoire pour le cours de formation intensif de l’armée aux officiers.

Mais avec le début du conflit, il a été ramené aux parachutistes où il a été opérateur radio pour un commandant de compagnie dans le 101e Bataillon de la brigade.

Peu après son intégration dans le 101e Bataillon, la compagnie de Barbi a été envoyée dans le village d’At-Tiri, dans le sud du Liban, d’où des roquettes étaient tirées sur le sud d’Israël.

Ils sont partis dans la nuit, mais en chemin ont rencontré un groupe de combattants ennemis armés. « Nous avons perdu notre infirmier, Philip Mosko, bénie soit sa mémoire, dans un coup direct d’un missile qui a été tiré sur son véhicule blindé de transport de personnel », a déclaré Barbi.

Le sergent Ariel Barbi sous un arbre au cours de la seconde guerre du Liban. (Crédit : autorisation)
Le sergent Ariel Barbi sous un arbre au cours de la seconde guerre du Liban. (Crédit : autorisation)

Le groupe a combattu les combattants du Hezbollah et a atteint At-Tiri à l’aube, se mettant à couvert dans une maison dans le village pendant quelques heures.

De là, un membre de l’unité de Barbi a vu une roquette Katioucha lancée contre Israël dans un champ à découvert, juste à l’extérieur du village. C’était le milieu de la journée, ce qui signifie que l’unité serait clairement visible et exposée si elle cherchait à agir tout de suite, mais les soldats se sont déplacés dans le village vers le site de lancement pour l’attaquer et le détruire à la nuit tombée, a rapporté Barbi.

« Voyager à la lumière du jour au Liban était dangereux, mais il y avait une menace réelle pour l’Etat d’Israël alors vous prenez ce risque », a-t-il expliqué.

« L’avantage le plus clair que j’avais était que je possédais une radio et donc je pouvais être en contact avec le monde extérieur »

Alors que son unité approchait le site de lancement, les soldats se sont retrouvés sous une pluie de tirs de mitrailleuses. Au cours de l’échange, son commandant Arik a été touché à la jambe. Barbi a riposté contre la maison d’où venaient les coups de feu, mais a été séparé du reste de son unité.

« J’ai rampé pour me mettre à couvert et j’y suis resté. L’avantage le plus clair que j’avais, était que je possédais une radio et donc je pouvais être en contact avec le monde extérieur », s’est-il souvenu.

« Je lui ai dit j’allais bien. Je n’allais pas bien, mais je lui ai dit que ça allait. A la fin de la journée, le mot ‘Okay’ est un terme relatif »

Au cours de la fusillade qui a suivi, Barbi a expliqué à son commandant de bataillon ce qui se passait, lui disant qu’il n’avait pas besoin d’être secouru, qu’il allait se sauver lui-même et que le commandant devait mettre tous ses efforts pour faire sortir le reste des soldats de son unité d’une maison où ils s’étaient mis à couvert.

« Je lui ai dit j’allais bien. Je n’allais pas bien, mais je lui ai dit que ça allait. A la fin de la journée, le mot « Okay » est un terme relatif », s’est-il remémoré.

« Je suis resté coincé pendant 20-25 minutes, mais cela m’a paru être une éternité. Le temps ne semblait tout simplement pas passer. Ils me tiraient dessus, me tiraient dessus. Ils me tiraient dessus avec des missiles anti-chars, avec des mitrailleuses », a-t-il rapporté.

En fin de compte, le plan était qu’il coure vers une maison du village, où d’autres membres de l’unité avaient trouvé refuge.

« Mais au moment où j’allais me lever, un missile anti-char m’a été directement tiré dessus, explosant à environ 1 mètre, 1,50 mètre de distance », a déclaré Barbi. « Les gens qui croient en Dieu disent que ce fut un miracle que je ne sois pas touché par des éclats d’obus. Je suis croyant, donc je dis que ce fut un miracle que je ne sois pas touché ».

« Vous acceptez juste que vous allez être touché. Vous espérez que ce sera à la jambe ou quelque chose du genre, pas un endroit vital »

Finalement, le sergent âgé de 20 ans s’est levé et s’est mis à courir vers la maison, choquant les combattants du Hezbollah qui ont redoublé leurs efforts après s’être rendu compte qu’ils n’avaient pas réussi à le tuer.

« Alors que vous courez, vous déplaçant d’un endroit à couvert à un autre, vous acceptez juste que vous allez être touché. Vous espérez que ce sera à la jambe ou quelque chose du genre, pas un endroit vital », a-t-il partagé.

Finalement, il a réussi à rejoindre le reste de son unité indemne. Mais les combats n’étaient pas terminés, il n’y avait pas de « coupé » comme dans les films, note-t-il.

Son unité a combattu à At Tiri pendant près de six heures d’affilée, du début de l’après-midi au coucher du soleil. « Il est important pour moi de dire qu’il n’y a pas eu de contact avec des terroristes qui ne se soit fini par une balle que nous avons tirée », s’est-il exclamé.

Barbi a continué à se battre durant le reste de la guerre, et quand ce fut fini, il est reparti vers le programme préparatoire et ensuite le cours de formation pour devenir officier.

En tant qu’officier, il a ensuite servi en tant que commandant d’un peloton, puis d’une compagnie dans le 101e Bataillon, combattant dans l’opération Plomb durci en
2008-2009 et l’opération Bordure protectrice en 2014 dans la bande de Gaza.

Mais cet échange de tirs dans la Seconde Guerre du Liban a testé son courage et lui a montré qu’il était un vrai guerrier, affirme Barbi.

« C’est une question de volonté de vivre. C’est ‘bats-toi ou fuis’ », dit-il. « Tant que vous n’avez pas vécu cela, vous ne pouvez pas savoir comment vous allez réagir ».

Après la guerre, Barbi a reçu une citation du commandant de la 98e Division des parachutistes pour avoir gardé « la tête froide et son professionnalisme » alors qu’on lui tirait dessus et pour avoir « fait les bons choix et avoir demandé d’être évacué en
dernier ».

Le-Lt. Ariel Barbi reçoit une mention élogieuse de la part de l'ancien chef d'état-major de Tsahal Benny Gantz en 2012. (Crédit : Unité de la FID porte-parole)
Le-Lt. Ariel Barbi reçoit une mention élogieuse de la part de l’ancien chef d’état-major de Tsahal Benny Gantz en 2012. (Crédit : Unité de la FID porte-parole)

Le sergent-chef (réserviste) Steven Wailand

Le sergent-chef Steven Wailand né Friedland est venu au monde à Houston, au Texas, mais à l’âge de dix ans, lui et sa famille ont déménagé à Jérusalem.

Après le lycée, il a rejoint l’armée et est entré dans un cours de formation paramédicale de 13 mois.

En 2006, il était responsable de la formation médicale de la 401e brigade blindée, mais vers le milieu de la guerre, son expertise comme ambulancier était nécessaire pour la compagnie de reconnaissance de la brigade.

Il a été associé au le sergent Itay Steinberger, qui était à la fois son « intermédiaire » avec l’unité et responsable de sa protection, a rapporté Wailand.

Au début, la compagnie de reconnaissance a effectué quelques missions courtes, entrant au Liban pour « 24 à 48 heures » avant de revenir, mais environ deux semaines avant la fin de la guerre, l’unité a été appelée pour mener à bien « la grande mission » – l’opération Changement de Direction 11, l’offensive finale désastreuse de l’armée israélienne pendant la guerre.

Sgt. Steven Wainland, à gauche, pose avec un ami après la seconde guerre du Liban. (Crédit : autorisation)
Sgt. Steven Wainland, à gauche, pose avec un ami après la seconde guerre du Liban. (Crédit : autorisation)

Alors qu’ils entraient au Liban, la gravité de la situation – couplée à la déshydratation – a frappé Wailand.

« Après environ sept kilomètres, j’ai vomi. Mon commandant est venu me voir et m’a dit, ‘OK, lorsque nous arriverons au point de rendez-vous, nous pourrons vous remplacer », a dit Wailand.

« En fait, on n’est jamais arrivé au point de rendez-vous. »

Mais Wailand s’est repris et son unité s’est approchée de la vallée de Saluki, où elle devait retrouver une colonne de 24 chars de la 401e Brigade. Avant d’arriver, cependant, Wailand a été informé qu’un groupe de soldats avait été pris en embuscade et avait besoin de son aide.

« Nous avons mis en place une zone pour soigner les blessés. Il y avait un gosse » – le sergent-major Aharon Yehezkel – « qui était mort à l’arrivée et n’avait pas eu de chance, mais tous les autres, nous avons été en mesure de les charger dans les hélicos et de les faire sortir du Liban », a déclaré Wailand.

Son équipe a terminé de soigner les blessés juste avant l’aube, et Wailand s’est appuyé contre son sac de ravitaillement de 30 kg pour quelques heures de sommeil.

« A 08h30, mon partenaire Itay a commencé à me secouer. Il a dit : « On a été blessés. On a été blessés. On a besoin de toi », s’est souvenu Wailand.

Avec un sac lourd sur son dos et face à une pente raide, Wailand s’est lancé dans l’ascension d’une montagne avec l’aide de Steinberger, jusqu’à l’endroit où un groupe de soldats avait été touché par un missile.

Alors qu’il était penché sur son sac, récupérant ce dont il avait besoin pour soigner les soldats blessés, il a entendu un officier crier, « A terre ! A terre ! »

Wailand s’est laissé tomber sur un genou, pendant que son partenaire Steinberger, photographe en herbe et poète, se couchait sur lui.

« Dans la foulée, j’ai entendu un coup de sifflet, et j’ai vu Itay se faire toucher par quelque chose – le missile – et tomber. J’ai commencé à vérifier Itay et j’ai vu qu’il avait un pouls très, très faible et avait perdu beaucoup de sang », a déclaré Wailand.

« Mon commandant a dit que si nous ne partions pas immédiatement, nous allions tous mourir. Je leur ai dit de le mettre sur la civière, mais le temps que nous le fassions, il était déjà mort », a-t-il dit.

« Itay m’a simplement sauvé la vie. »

Cette perte personnelle n’était que le prélude à « l’enfer sur terre », a déclaré Wailand. « Ce fut l’un des pires jours de ma vie ».

La colonne de chars que l’unité de Wailand était censée rencontrer a dû se frayer un chemin à travers la vallée de Saluki, où c’était une proie facile pour les missiles anti-chars Kornet du Hezbollah.

Commençant à 02 heures du matin le 12 août 2006, Wailand a travaillé avec deux médecins et une petite équipe de médecins près de 24 heures d’affilée – « sans manger, sans boire, sans dormir » – pour soigner les 60 soldats blessés, effectuant cinq interventions chirurgicales sur le terrain.

« Mon ami était mort dans mes bras, et je devais continuer à soigner (les blessés) », a-t-il dit.

Une fois qu’il a eu trouvé son rythme, il a été en mesure de fonctionner en « pilote automatique », a-t-il rapporté, ne s’autorisant pas à penser trop à la situation autour de lui.

Dans leur centre de traitement improvisé, cinq personnes, y compris Itay, ont été déclarées mortes à l’arrivée, mais le reste des blessés a été sauvé, se souvient-il. Au total, 12 personnes sont mortes dans le combat de Wadi Saluki, du nom de la bataille.

« J’ai passé la frontière et je suis sorti de là, aussi rapidement que possible »

Peu après cette bataille, Israël et le Hezbollah ont déclaré un cessez-le-feu. L’unité de Wailand est restée au Liban pendant deux jours après la mise en place de l’armistice avant rentrer en Israël.

« Il y avait environ 14 kilomètres de marche jusqu’à la frontière. Nous y sommes arrivés au matin, et j’ai dit Shehechiyanu »- une prière juive de remerciement – « alors que je passais la frontière, et je suis sorti de là, aussi rapidement que possible », a déclaré Wailand.

Après la guerre, il a obtenu son diplôme en médecine d’urgence, mais il a choisi de quitter le domaine médical pour l’industrie de la haute technologie, où il travaille aujourd’hui.

Sgt. Itay Steinberger, mort au combat dans une attaque de missiles du Hezbollah le 12 août 2006. (Crédit : autorisation)
Sgt. Itay Steinberger, mort au combat dans une attaque de missiles du Hezbollah le 12 août 2006. (Crédit : autorisation)

Wailand, désormais âgé de 31 ans, vit à Zichron Yaakov avec sa femme et sa fille de trois mois. « La vie est assez bonne », dit-il.

Mais la transition après la guerre n’a pas été facile pour Wailand, qui a été diagnostiqué avec un syndrome de stress post-traumatique.

« Je suis heureux de dire que je suis traité. Je parle beaucoup de mon histoire, et ce n’est pas quelque chose que j’essaie de cacher. Aujourd’hui encore, je poursuis toujours une thérapie, et ça m’est très utile », a-t-il dit.

« Une chanson à la radio, un avion de chasse, cela déclenchera quelque chose, ou si quelqu’un dit quelque chose qu’Itay aurait pu dire », admet-il. « C’est une cicatrice émotionnelle, à l’intérieur. Si vous passez votre doigt sur une cicatrice, vous pensez à comment vous l’avez obtenue. Voilà ce que ces déclencheurs sont pour moi ».

Après la guerre, Wailand a reçu une citation du chef du commandement central de l’armée israélienne pour « détermination, professionnalisme et sauvetage de nombreux soldats en mettant en danger sa propre vie ».

Les soldats israéliens couvrent leurs oreilles alors qu'ils tirent des obus d'artillerie dans le sud du Liban depuis l'extérieur de Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël au cours de la seconde guerre du Liban, le 22 juillet, 2006. (Crédit : Pierre Terdjman / Flash90)
Les soldats israéliens couvrent leurs oreilles alors qu’ils tirent des obus d’artillerie dans le sud du Liban depuis l’extérieur de Kiryat Shmona, dans le nord d’Israël au cours de la seconde guerre du Liban, le 22 juillet, 2006. (Crédit : Pierre Terdjman / Flash90)

Le major Dani

Dans la Seconde Guerre du Liban, le major Dani, 42 ans, a servi en tant que mécanicien à bord d’un hélicoptère Blackhawk des Forces aériennes israéliennes, dans l’unité d’élite 669 de recherche et de sauvetage. (Pour des raisons de sécurité, Dani ne peut être appelé par son prénom).

Son unité a opéré pendant toute la guerre, mais pas toujours au Liban.

Dans la matinée, Dani et une équipe d’ambulanciers, les pilotes et les combattants, pouvaient s’occuper d’un terrible accident de voiture en Cisjordanie, et le soir voler au Liban pour évacuer les soldats blessés.

Le 26 juillet 2006, Dani et son équipe étaient d’astreinte. Trois jours plus tôt, l’armée avait lancé la bataille de Bint Jbeil, une attaque à grande échelle sur une ville libanaise qui était devenue un bastion du Hezbollah.

Des milliers de soldats de Tsahal ont pris part aux combats, mais ils ont été accueillis par une forte résistance des terroristes du Hezbollah armés de missiles anti-chars, de mitrailleuses et de grenades. La première tentative d’Israël de conquérir la ville en juillet et la mission qui s’en est suivi pour la reprendre en août ont toutes deux échoué. Le Hezbollah a conservé le contrôle de la forteresse pendant toute la guerre.

Des troupes terrestres israéliennes qui marchent lors de la seconde guerre du Liban, le 2 août 2006. (Crédit : Pierre Terdjman / Flash90)
Des troupes terrestres israéliennes qui marchent lors de la seconde guerre du Liban, le 2 août 2006. (Crédit : Pierre Terdjman / Flash90)

Dans le courant de l’opération de juillet, plusieurs soldats de la Brigade Golani ont été blessés et ont eu besoin d’aide pour se rendre à l’hôpital. Donc, à environ 04 heures du matin, l’équipe de Dani a reçu un appel.

Son équipage et une autre équipe ont décollé de la base aérienne de Nof Tel, près de Rehovot, en hélicoptères Blackhawk. Ils ont ensuite été rejoints par deux autres hélicoptères quand ils ont atteint le nord d’Israël, a rapporté Dani.

Pendant plus de six heures, les équipes ont attendu à la frontière que les forces terrestres les laissent entrer au Liban pour secourir les soldats blessés. Les hélicoptères faisaient des allers-retours autour de la zone, restant en l’air aussi longtemps que possible pour atteindre plus rapidement les blessés, s’est souvenu Dani.

« Ils nous ont dit qu’il y avait une chance importante pour que nous soyons abattus », a-t-il dit.

Après un certain nombre de faux départs, à 11h30, l’équipe de Dani a reçu le feu vert du contrôle au sol des forces aériennes pour traverser la frontière et secourir les troupes blessées.

Au total, plus de 20 soldats devaient être sortis de Bint Jbeil, mais les combats constants ont empêché les quatre hélicoptères de les atteindre.

« En fin de compte, ils nous ont dit que soit on y allait tout seul pour sauver cinq hommes qui s’y trouvaient ou alors nous attendions encore pendant que les choses chauffaient et retardions le sauvetage. Nous avons décidé qu’un hélicoptère irait – le nôtre – et récupérerait les blessés qui étaient disponibles », a-t-il dit.

« À ce moment-là, nous étions en contact avec les forces sur le terrain pour nous diriger. Nous avons traversé la frontière, volant très bas avec notre fenêtre ouverte et une mitrailleuse prête », a déclaré Dani.

Au-dessus des combats, a-t-il dit, l’équipage de l’hélicoptère pouvait voir « des tanks qui n’avaient plus leur tourelle, le genre de choses que vous voyez normalement seulement à la télévision ou dans les films ».

La zone était couverte de fumée, ce qui rendait difficile pour l’équipage de trouver le site d’atterrissage. En l’air et en plein jour, l’hélicoptère était exposé à la menace très réelle d’une frappe du Hezbollah. Plus tard au cours de la guerre, un hélicoptère de transport serait abattu au cours d’une attaque similaire.

Ils ont débarqué sur le site et ont commencé à charger les cinq soldats blessés dans l’hélicoptère.

Un hélicoptère Sikorsky Blackhawk atterrit dans le désert de Judée, (Crédit : Kobi Gideon / Flash90)
Un hélicoptère Sikorsky Blackhawk atterrit dans le désert de Judée, (Crédit : Kobi Gideon / Flash90)

« Nous tiraient-ils dessus ? Ne nous tiraient-ils pas dessus ? La seule manière que j’avais de savoir s’ils nous tiraient dessus était si j’étais touché. Vous êtes trop plein d’adrénaline, trop occupé à vous soucier de l’état des soldats et distrait par le bruit de l’hélicoptère pour savoir s’ils tirent », a-t-il dit.

Le Hezbollah a, en effet, tiré sur l’hélicoptère de Dani au cours de l’opération de sauvetage, a-t-il appris plus tard.

Sans savoir qu’il se faisait tirer dessus, l’hélicoptère a décollé du champ à l’extérieur de Bint Jbeil, en direction du Centre médical Rambam de Haïfa, où une équipe de médecins les attendait. Plusieurs hélicoptères ont suivi l’exemple de Dani, récupérant les soldats restants de Bint Jbeil et les amenant aux hôpitaux israéliens pour qu’ils y soient soignés.

Deux ou trois heures plus tard, Dani et son équipage ont été appelés sur un autre incident, puis un autre et un autre.

Dans un premier temps, a-t-il rapporté, la mission de sauvetage à Bint Jbeil ne lui semblait pas particulièrement digne d’être mentionnée. Mais un ou deux jours après l’opération, après des débriefings et avoir entendu des reportages sur les combats, il est apparu à Dani qu’il avait fait quelque chose de spécial.

« Vous commencez à réaliser la taille de l’événement. Au début, je ne pensais pas que je faisais quelque chose qui me vaudrait une citation », s’est-il exclamé.

Il a passé la frontière vers le Liban quatre fois de plus avant la fin de la guerre.

Dani sert encore comme technicien dans l’armée de l’air israélienne. Au cours de la décennie qui s’est écoulée depuis la fin du conflit, il a été promu du grade de capitaine à son poste actuel de major. Il vit avec sa femme et ses trois enfants dans le Krayot, un groupe de villes à l’extérieur de Haïfa dans le nord d’Israël.

Après la guerre, Dani a reçu une citation du commandant de la Force aérienne israélienne pour « s’être tenu à sa mission, en donnant l’exemple et en faisant preuve de responsabilité et de professionnalisme ».

Maj. Dani reçoit une citation pour son service pendant la seconde guerre du Liban des mains du commandant de l'Armée de l'Air israélienne Maj. Gen. Elyezer Shkedy en 2007. (Crédit : autorisation)
Maj. Dani reçoit une citation pour son service pendant la seconde guerre du Liban des mains du commandant de l’Armée de l’Air israélienne Maj. Gen. Elyezer Shkedy en 2007. (Crédit : autorisation)

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