10 jours avant la visite de Netanyahu, rare rencontre entre présidents azerbaïdjanais et iranien
L'Iran, qui compte une importante communauté azérie, entretient de son côté des relations compliquées avec Bakou depuis plusieurs années

Les présidents azerbaïdjanais, Ilham Aliev, et iranien, Massoud Pezeshkian, se sont entretenus lundi à Bakou, dans le cadre d’une rare visite après des années de tensions entre leurs deux pays.
Cette rencontre intervient deux jours après une forte explosion dans le port iranien de Shahid Rajaï, qui a fait au moins 46 morts.
Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev s’était dit « profondément attristé » dans un communiqué dimanche, à la veille de son entretien avec M. Pezeshkian.
Elle survient également en pleines discussions entre Washington et Téhéran sur le programme nucléaire iranien, sous la médiation d’Oman.
« Les deux pays peuvent régler tous les problèmes conjointement, via des négociations (…) et renforcer les relations avec un respect mutuel pour l’intégrité territoriale l’un de l’autre », a déclaré le président iranien lors d’une conférence de presse commune.
« L’Iran va faire des efforts pour garantir que ses relations avec l’Azerbaïdjan soient stratégiques dans tous les domaines », a-t-il ajouté, en appelant à ce que Bakou et Téhéran ne laissent pas d’autres pays les « monter l’un contre l’autre ».
Pour sa part, le président azerbaïdjanais a estimé que la visite de M. Pezeshkian « reflète le haut niveau des relations entre les deux pays ».
« Nos peuples ont vécu pendant des décennies dans une ambiance d’amitié et de fraternité. Aujourd’hui, nos relations inter-étatiques se développent sur cette base solide », a souligné M. Aliev.
L’Azerbaïdjan, une ancienne république soviétique du Caucase située au nord-ouest de l’Iran, est un proche allié de la Turquie, dont l’influence y est importante sur le plan culturel et linguistique.
L’Iran, qui compte une importante communauté azérie, entretient de son côté des relations compliquées avec Bakou depuis plusieurs années.
Début 2023, elles s’étaient rapidement détériorées lorsqu’un homme armé avait fait irruption dans l’ambassade d’Azerbaïdjan à Téhéran. Un diplomate avait été tué et deux gardes blessés, ce qui avait déclenché une querelle diplomatique entre les deux pays.
En représailles, Bakou avait déclaré personæ non gratae en avril 2023 quatre employés de l’ambassade d’Iran en Azerbaïdjan. Un mois plus tard, l’Iran avait expulsé quatre diplomates azerbaïdjanais.
L’Azerbaïdjan entretient par ailleurs des liens étroits avec Israël, ennemi du pouvoir iranien et important fournisseur d’armes de Bakou. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, est attendu à Bakou le 8 mai prochain.
L’Iran redoute qu’Israël n’utilise le territoire azerbaïdjanais pour lancer une attaque.
Autre point de discorde : le projet de couloir de transport de Zanguezour, qui longerait la frontière iranienne.
L’Azerbaïdjan cherche à établir une continuité territoriale jusqu’à son enclave de Nakhitchevan plus à l’ouest, coincée entre l’Arménie, l’Iran et la Turquie, mais Téhéran s’oppose à toute modification des frontières qui remettrait en jeu son accès à l’Arménie voisine et à l’Europe.
En décembre dernier, l’Iran et l’Azerbaïdjan avaient organisé des manœuvres navales communes en mer Caspienne, signe d’un réchauffement de leurs relations bilatérales.