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12e nuit de manifestations en Iran malgré la répression meurtrière

Une ONG fait état de 76 morts ; Faezeh Hachemi, la fille de l'ex-président Akbar Hachemi Rafsandjani a été arrêtée à Téhéran

Une femme brandit une pancarte représentant une photo de Mahsa Amini, 22 ans, une Iranienne décédée alors qu'elle était détenue par les autorités iraniennes, lors d'une manifestation de solidarité dans la ville de Hasakeh, dans le nord-est de la Syrie, le 25 septembre 2022. (Crédit : Delil SOULEIMAN/AFP)
Une femme brandit une pancarte représentant une photo de Mahsa Amini, 22 ans, une Iranienne décédée alors qu'elle était détenue par les autorités iraniennes, lors d'une manifestation de solidarité dans la ville de Hasakeh, dans le nord-est de la Syrie, le 25 septembre 2022. (Crédit : Delil SOULEIMAN/AFP)

Pour la 12e nuit consécutive, les Iraniens sont descendus dans la rue mardi dans plusieurs villes du pays pour protester contre la mort d’une jeune femme arrêtée par la police des mœurs, malgré la répression qui a fait des dizaines de morts.

Malgré les appels internationaux à cesser le recours à la force, le pouvoir est resté ferme face aux protestataires accusés d’être des « émeutiers » qui « portent atteinte à la sécurité et aux biens publics ».

Les protestations ont lieu tous les soirs depuis le 16 septembre, date à laquelle l’Iranienne de 22 ans, Mahsa Amini, est morte à l’hôpital, trois jours après son arrestation à Téhéran pour non respect du code vestimentaire strict pour les femmes en République islamique d’Iran, qui doivent se couvrir les cheveux en public.

Selon des médias d’opposition basés hors d’Iran, les manifestations ont repris mardi soir dans différentes villes. Mais des militants ont affirmé que les perturbations des connexions Internet rendaient de plus en plus difficile la transmission des images.

Dans une vidéo partagée en ligne par la chaîne de télévision Manoto (opposition), une femme est montrée sans foulard sur la tête et agitant les bras en l’air dans le quartier de Narmak à Téhéran.

A Sanandaj, chef-lieu de la province du Kurdistan (nord-ouest), d’où était originaire Mahsa Amini, des femmes sont vues en train d’enlever leur foulard alors qu’un homme brûle une banderole avec une photo du guide suprême Ali Khamenei à Chiraz (sud), selon l’Iran International TV, basée à Londres.

La fille d’un ex-président arrêtée

Selon un dernier bilan donné mardi par l’agence de presse iranienne Fars, « environ 60 personnes ont été tuées » depuis le 16 septembre. La police a fait état de 10 policiers morts mais il n’était pas clair si ceux-ci figuraient parmi les 60 morts.

L’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, a elle fait état lundi d' »au moins 76 morts » dont « six femmes et quatre enfants », affirmant avoir obtenu des « vidéos et des certificats de décès confirmant des tirs à balles réelles sur des manifestants ».

En outre les autorités ont fait état de l’arrestation de plus de 1 200 manifestants depuis le 16 septembre.

Des militants, des avocats et des journalistes ont également été arrêtés, d’après des ONG.

Et mardi, selon l’agence de presse iranienne Tasnim, Faezeh Hachemi, la fille de l’ex-président Akbar Hachemi Rafsandjani, a été arrêtée à Téhéran pour « avoir incité des émeutiers à manifester »; selon les autorités.

Les femmes sont à l’avant-garde des manifestations en Iran. Elles ont été vues sur plusieurs vidéos diffusées par des ONG ou des militants, enlevant leur foulard, montant sur des toits de voitures ou dansant.

D’autres vidéos ont montré ces derniers jours la police anti-émeute frappant des manifestants à coups de matraque et des étudiants déchirant de grandes photos de l’ayatollah Khamenei et de son prédécesseur, l’imam Khomeiny, fondateur de la République islamique.

Et d’après des défenseurs des droits humains, les policiers ont aussi tiré des plombs et à balles réelles sur les protestataires qui ont lancé des pierres, incendié des voitures de police et mis le feu à des bâtiments publics.

Le ministre de la Santé Bahram Einollahi a accusé les manifestants d’avoir détruit 72 ambulances. L’opposition à l’étranger accuse les autorités d’utiliser les ambulances pour transporter les forces de sécurité.

Connexions perturbées

Pour limiter les protestations, les autorités ont bloqué l’accès à Instagram et à WhatsApp en Iran. Les connexions Internet sont elles perturbées.

« Les restrictions à Internet restent en vigueur, mais certaines vidéos sur les manifestations parviennent à sortir », a déclaré le Centre pour les droits humains en Iran, basé à New York.

Les autorités iraniennes ont démenti tout contact physique entre la police des mœurs et la jeune Mahsa Amini après son arrestation à Téhéran, et disent attendre les résultats de l’enquête.

Elles dénoncent des « complots étrangers » derrière le mouvement de contestation, pointant du doigt les Etats-Unis, leur ennemi juré.

Mardi, dans une nouvelle réaction américaine, le secrétaire d’Etat Antony Blinken a dénoncé « le recours à la violence contre les femmes pour avoir exercé ce qui devrait être une liberté fondamentale ».

Mahsa Amini, 22 ans, décédée après avoir été arrêtée par la police des mœurs iranienne. (Crédit : Twitter. Images utilisées conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a quant à lui appelé mercredi l’Iran à exercer « la plus grande retenue ».

« Le secrétaire général appelle les forces de l’ordre à s’abstenir d’user toute force non-nécessaire ou disproportionnée, et exhorte tout le monde à exercer la plus grande retenue pour éviter une escalade », a déclaré dans un communiqué Stéphane Dujarric, porte-parole de M. Guterres.

Il a également exprimé le besoin, selon l’ONU, d’une « enquête rapide, impartiale, et efficace » sur la mort de Mahsa Amini.

En outre, de nouvelles manifestations soutenant les femmes en Iran ont eu lieu dans plusieurs pays, à Chypre, aux Etats-Unis et en Autriche.

Les protestations en Iran sont les plus importantes depuis celles de novembre 2019, provoquées par la hausse des prix de l’essence en Iran, qui avaient été sévèrement réprimées (230 morts selon un bilan officiel, plus de 300 selon Amnesty International).

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