140 élus US : L’accord avec l’Iran doit aborder « l’ensemble des menaces »
Une lettre adressée à Blinken indique que tout accord doit aussi inclure les programmes de missiles balistiques de Téhéran ainsi que le financement du terrorisme
Cent quarante membres du Congrès américain, comprenant 70 démocrates et 70 républicains, ont envoyé mardi une lettre au secrétaire d’État américain Antony Blinken, l’exhortant à veiller à ce que n’importe quel accord nucléaire que l’administration Biden conclurait avec l’Iran « réponde à l’ensemble des menaces que l’Iran fait peser sur la région. »
Selon une déclaration du groupe de lobby pro-israélien AIPAC, cette lettre souligne le « comportement dangereux » de l’Iran et demande que tout accord « aborde trois principes fondamentaux à savoir : leur programme nucléaire, leur programme de missiles balistiques et le financement du terrorisme ».
« En tant que démocrates et républicains de tous les horizons politiques, nous sommes unis pour empêcher que l’Iran se dote de l’arme nucléaire, et demandons à ce que l’on prenne en compte le large éventail des comportements illicites iraniens ».
La lettre a été initiée conjointement par le représentant démocrate du Maryland Anthony Brown et le représentant de Floride républicain Michael Waltz.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Jarad Zarif, a répondu à la lettre, en affirmant que le plan d’action global conjoint était déjà « complet ».
« Le plan global JCPOA EST a été conclu par E3 + 3 (y compris les États-Unis) et l’Iran. Le ‘C’ signifie Complet », a tweeté Zarif. « Il n’a été mis en œuvre que par l’Iran. Aussi, les États-Unis et l’E3 devraient plutôt respecter leurs engagements qu’ils n’ont jamais tenus. »
Le président américain Joe Biden a en effet exprimé le souhait de revenir à l’accord nucléaire de 2015 si l’Iran respectait les limites de l’accord concernant son programme nucléaire.
De plus, les tensions restent toujours vives puisque les milices en Irak – probablement soutenues par l’Iran – continuent de cibler les intérêts américains.
La semaine dernière, une attaque à la roquette a touché une base aérienne dans l’ouest de l’Irak où se trouvent les troupes américaines et de la coalition. Un entrepreneur américain est décédé après le tir d’au moins 10 roquettes lancées sur la base.
Le mois dernier, dans le sillage des présidents américains depuis Ronald Reagan qui ont ordonné des bombardements dans des pays du Moyen-Orient, Biden a lancé une frappe aérienne au-dessus de la frontière syrienne en représailles.
Les frappes aériennes américaines, qui ont tué un membre de la milice alignée sur l’Iran, ont attisé les craintes d’un autre cycle – rendu pour rendu – comme cela s’est produit il y a plus d’un an. Une frappe de drones américains a tué en janvier 2020 le général iranien Qassem Soleimani à Bagdad et a déclenché le renforcement des effectifs de troupes dans la région durant plusieurs mois.
Depuis plusieurs mois, l’Iran a intensifié ses violations du pacte nucléaire en enrichissant l’uranium à un niveau juste en dessous des qualités militaires requises et en limitant les inspections internationales de ses sites nucléaires.
Les Etats-Unis n’entendent pas « se précipiter » dans des négociations avec l’Iran afin de boucler à tout prix un accord sur le dossier nucléaire avant les élections iraniennes de juin, a déclaré l’émissaire américain Rob Malley dans un court entretien publié mercredi par le site d’informations Axios.
« Nous n’entendons pas caler le rythme de nos discussions sur les élections iraniennes. Le rythme dépendra de ce que nous pouvons obtenir tout en défendant les intérêts de la sécurité nationale américaine », a affirmé l’envoyé spécial dans ses premières déclarations publiques depuis sa nomination par le président Joe Biden, fin janvier.
« Autrement dit, nous n’allons pas nous précipiter, ni ralentir les choses en raison des élections iraniennes », a-t-il ajouté.
« Nous pensons que des pourparlers directs sont plus efficaces et permettent d’éviter les malentendus, mais pour nous, la substance est plus importante que le format », a dit Rob Malley à Axios, laissant entendre en creux que des discussions indirectes, peut-être par l’intermédiaire des Européens, pourraient finalement permettre d’amorcer les négociations.
En 2018, l’ancien président américain Donald Trump s’était retiré de l’accord et avait réimposé des sanctions contre l’Iran.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a déclaré lundi à ses États membres que l’Iran avait commencé à enrichir de l’uranium avec une troisième cascade de centralisation de centrifugeuses IR-2m dans sa centrale souterraine de Natanz, en violation de l’accord nucléaire de 2015.
« Le 7 mars 2021, l’Agence a conclu que : l’Iran avait commencé à introduire de l’UF6 naturel dans la troisième cascade de 174 centrifugeuses IR-2m », a déclaré l’agence de presse Reuters citant l’observateur atomique de l’ONU dans un nouveau rapport.
L’UF6 est l’hexafluorure d’uranium, un composé qui peut être introduit dans des centrifugeuses pour produire du combustible nucléaire.
Selon Reuters, le rapport de l’AIEA indique que « la quatrième cascade de 174 centrifugeuses IR-2m a été installée, mais n’a pas encore été alimentée en UF6 naturel. L’installation d’une cinquième cascade de centrifugeuses IR-2m serait en cours tandis que l’installation d’une sixième cascade de centrifugeuses IR-2m n’a pas encore commencé ».
Depuis que les États-Unis ont abandonné l’accord, l’Iran a transgressé les limites prévues par l’accord de son stock d’uranium et a commencé à enrichir l’uranium à 20%, ce qui demeure encore loin du niveau opérationnel militaire.
En échange de la levée des sanctions économiques, l’accord stipulait que l’Iran devait limiter son programme et ne pas faire tourner des centrifugeuses nouvelle génération.
Le mois dernier, le Parlement iranien à majorité composé de conservateurs a appelé le gouvernement à limiter certaines inspections de l’AIEA. Rafael Grossi qui dirige l’agence a alors conclu un accord technique temporaire avec Téhéran.
Si l’Iran a confirmé qu’elle continuerait d’autoriser l’accès des inspecteurs de l’ONU à ses sites nucléaires, elle interdirait en revanche durant une période de trois mois les inspections d’autres sites non nucléaires.
Selon un rapport, les inspecteurs de l’AIEA auraient découvert l’été dernier des particules d’uranium sur deux sites nucléaires iraniens dont l’Iran a voulu bloquer l’accès.
Les autorités iraniennes ont empêché les inspecteurs d’atteindre les sites pendant sept mois avant l’inspection, et les responsables iraniens n’ont pas réussi à expliquer la présence d’uranium, a rapporté Reuters, citant des diplomates connaissant bien le travail de l’agence des Nations unies.