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15 ans pour ça ? Déception et indifférence au Liban après le verdict Hariri

Les Libanais ont réservé un accueil mitigé au verdict du procès sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri

Des secouristes et des soldats autour d'un cratère massif entraîné par une attaque à la bombe qui a pris pour cible l'escorte de l'ancien Premier ministre Rafik Hariri à Beyrouth, au Liban, le 14 février 2005. (Crédit : AP Photo)
Des secouristes et des soldats autour d'un cratère massif entraîné par une attaque à la bombe qui a pris pour cible l'escorte de l'ancien Premier ministre Rafik Hariri à Beyrouth, au Liban, le 14 février 2005. (Crédit : AP Photo)

Epuisés par des mois de crise économique et toujours sous le choc après l’explosion meurtrière au port de Beyrouth, les Libanais ont réservé un accueil mitigé au verdict tant attendu du procès sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri.

Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), établi il y a treize ans aux Pays-Bas pour enquêter et juger les auteurs de l’assassinat en 2005 de Rafic Hariri, a rendu mardi un jugement qui a déçu de nombreux Libanais.

Avec quatre suspects jugés par contumace, tous membres présumés du mouvement terroriste chiite Hezbollah, allié de la Syrie, les craintes de possibles violences dans les bastions du Hezbollah et les quartiers pro-Hariri étaient vives.

Mais l’épilogue de ce long processus tortueux et coûteux a viré au pétard mouillé. Au bout de six ans de procès, seul le principal suspect a été reconnu coupable par le TSL, qui a acquitté les trois autres.

Le tribunal a en outre écarté tout lien direct entre l’attentat et les dirigeants du Hezbollah ou le régime syrien, contre lequel Rafic Hariri s’était retourné juste avant son assassinat, en rejoignant l’opposition à la tutelle syrienne sur le pays.

Le Premier ministre de l’époque, Rafik Hariri, quitte le parlement à Beyrouth, au Liban, le 17 avril 2003 (Crédit :AP Photo)

« Tout cela était inutile (…) Pendant 15 ans, ils ont pris de l’argent pour rien », a déploré Saad al-Ferikh, un jeune habitant de Tariq al-Jdidé, principal bastion pro-Hariri à Beyrouth, après la diffusion en direct du jugement à la télévision.

Alors que le Liban s’enfonce de plus en plus dans la crise économique et la pauvreté et que l’Etat est officiellement en faillite depuis mars, beaucoup déplorent le budget faramineux alloué au financement du TSL, estimé à entre 600 millions et un milliard de dollars.

« Une blague »

À Tariq al-Jdidé, les habitants attendaient davantage d’un tribunal international, affirme Rayan, d’autant que les appels se multiplient depuis le 4 août en faveur d’une enquête internationale sur l’explosion meurtrière au port de Beyrouth.

« Après 15 ans, ils ont choisi une personne qu’ils veulent nous faire croire responsable de tout ce problème. C’est une blague », a déploré la jeune femme, entourée de portraits de Rafic Hariri.

« On a le sentiment que la montagne a accouché d’une souris », a renchéri Karim Emile Bitar, professeur de sciences politiques.

De plus en plus désabusés, les Libanais ont accueilli ce jugement avec tiédeur, voire indifférence.

Dans la presse locale, les unes et commentaires divergent en fonction de leur proximité ou hostilité au Hezbollah, mais la plupart conviennent que l’aventure longue et onéreuse de la justice internationale n’a pas été concluante.

Le président du tribunal, David Re, lors d’une session du tribunal spécial du Liban soutenu par l’ONU à Leidschendam, aux Pays-Bas, le 18 août 2020 (Crédit : Piroschka Van De Wouw/Pool via AP)

« Périmé », titre mercredi le quotidien pro-Hezbollah Al-Akhbar sur fond d’une photo de la salle d’audience du TSL barrée d’un tampon rouge.

« Les différents partis au Liban interprètent la décision du TSL à leur guise », affirme Nadim Houry, directeur de l’Initiative arabe de réforme, un centre de recherches.

Certains se sentent vengés par l’incrimination d’un suspect du Hezbollah, Salim Ayyach, d’autres déplorent l’acquittement des trois autres suspects, ajoute-t-il.

« C’est un résultat profondément insatisfaisant car les questions fondamentales restent sans réponse et continueront de diviser les Libanais », poursuit M. Houry.

Une photo montre la destruction du port de Beyrouth, le 10 août 2020, suite à une énorme explosion chimique qui a dévasté une grande partie de la capitale libanaise. (JOSEPH EID / AFP)

Mais de nouvelles tensions politiques ou dérapages sécuritaires ont été évités, estime M. Bitar. « C’est un jugement pour le moins paradoxal (…) mais qui est peut-être une bonne nouvelle pour la paix sociale au Liban », dit-il.

Le Liban continue de panser ses blessures après l’explosion du 4 août, sa pire tragédie en temps de paix, survenue alors que la descente aux enfers était déjà accélérée par une crise politique, économique et sociale inédite, amplifiée par l’épidémie de coronavirus.

« Tant de catastrophes se sont produites depuis » l’assassinat de Rafic Hariri, déplore M. Bitar: « Je ne dirais pas que c’est un non-événement, mais ce verdict n’a pas eu l’impact qu’il aurait pu avoir ».

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