1er conseil des ministres pour Lapid, engagé à gouverner sans visées électorales
Le Premier ministre de transition vise avant tout la stabilité et s’en est pris au Hezbollah, après l’interception de trois drones libanais destinés au champ gazier de Karish
Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.
Yair Lapid, qui présidait son tout premier conseil des ministres en tant que Premier ministre dimanche, a invité ses ministres à faire fi de l’effervescence déjà perceptible de la campagne et privilégier la stabilité dans les mois à venir, alors que le pays s’achemine vers son cinquième scrutin en moins de quatre ans.
« Notre objectif – à tous, autour de cette table [du conseil] – dans les mois à venir sera de gouverner comme s’il n’y avait pas d’élections. Les citoyens d’Israël doivent pouvoir compter sur un gouvernement qui assume ses fonctions, quelles que soient les circonstances. C’est ce que j’attends de mes collègues ministres », a-t-il déclaré.
Lapid a tenu ces propos trois jours seulement après le début de son mandat de Premier ministre, après un échange de fonctions avec le Premier ministre par alternance Naftali Bennet, à la faveur d’un accord de partage du pouvoir dont les dispositions se sont activées suite à la dissolution de la 24e Knesset d’Israël, jeudi matin, ouvrant le champ à de nouvelles élections.
Le Premier ministre, à la tête d’un gouvernement intérimaire jusqu’à ce qu’un gouvernement issu du scrutin du 1er novembre prête serment, a énuméré les questions prioritaires qui seront au cœur de son mandat : problèmes budgétaires au sein des hôpitaux, conflit social avec les personnels du ministère de l’éducation et questions sécuritaires.
« La crise de l’éducation ne peut pas attendre. Le financement des hôpitaux ne peut être reporté. Les Iraniens, le Hamas et le Hezbollah n’attendront pas. Ils doivent nous trouver face à eux, sans relâche, dans toutes leurs entreprises et c’est exactement ce que nous allons continuer à faire », a assuré Lapid.
Le groupe terroriste du Hezbollah, au Liban, semble constituer la menace la plus immédiate, puisqu’Israël a abattu samedi trois drones libanais qui survolaient sa zone économique exclusive, en mer, à destination du gisement gazier de Karish. Le Liban conteste la délimitation de sa frontière maritime avec Israël, et des négociations sous médiation américaine sont en cours pour résoudre le problème.
« Le Hezbollah ne dévie pas de sa trajectoire terroriste, ce qui nuit à la capacité du Liban à conclure un accord sur une frontière maritime », a expliqué Lapid, ajoutant qu’« Israël continuera à se défendre, à défendre ses citoyens et ses intérêts ».
Ex-présentateur de télévision, Lapid était particulièrement inexpérimenté sur les questions de défense lorsqu’il est entré en politique il y a une dizaine d’années. Le dernier Premier ministre en date à avoir eu une carrière militaire limitée, Ehud Olmert, du parti Kadima, avait été testé de la même manière par le Hezbollah peu de temps après son entrée en fonction, en 2006. Une série d’enlèvements transfrontaliers menés par le groupe terroriste, le 12 juillet, avait précipité la deuxième guerre du Liban.
Bien que Bennett ait officiellement quitté ses fonctions de Premier ministre, il garde la main sur la politique iranienne, mais sa position au sein du gouvernement n’est pas encore claire. Aucun remaniement ministériel n’a été annoncé, mais il n’est pas impossible qu’il ait lieu.
Lapid doit tenir une série de réunions en tête-à-tête avec certains de ses ministres, à commencer par le ministre de la Défense Benny Gantz et le ministre de la Santé Nitzan Horowitz, dimanche.
Dès les premiers signes annonciateurs de la chute de la coalition, à la mi-juin, Gantz a fait en sorte de hâter le processus de nomination du nouveau chef d’état-major de l’armée israélienne. Le mandat de quatre ans de l’actuel titulaire, le lieutenant-général Aviv Kohavi, s’achèvera en janvier 2023.
Rien n’indique encore clairement si Gantz est légalement habilité à procéder à cette nomination ou s’il doit inviter Kohavi à proroger son mandat, maintenant que la Knesset est dissoute et que le pays est dirigé par un gouvernement intérimaire.