2 autres Juifs démocrates américains se joignent aux appels au cessez-le-feu à Gaza
Jamie Raskin et Sarah Jacobs se joignent à des membres du parti dont les positions ont changé suite à des protestations venant notamment de groupes juifs anti-Israël
WASHINGTON, JTA – Le nombre de Démocrates juifs appelant à un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas s’élève désormais à trois, avec les représentants Jamie Raskin du Maryland et Sara Jacobs de Californie qui ont rejoint Becca Balint du Vermont.
Ces appels signalent un changement croissant dans la manière dont les Juifs démocrates abordent la guerre alors qu’elle entre dans sa sixième semaine, que la crise humanitaire dans la bande de Gaza s’intensifie et que le nombre de morts palestiniens s’alourdit. D’autres Juifs démocrates, dont le représentant Jon Ossoff de Géorgie et le sénateur Bernie Sanders du Vermont, ont intensifié leurs critiques à l’égard d’Israël ces derniers jours, tout en se gardant bien d’appeler à un cessez-le-feu.
Pas plus tard que le 22 octobre, les 24 Juifs démocrates de la Chambre des représentants des États-Unis ont signé une déclaration de soutien à l’appui inconditionnel du président Joe Biden à Israël dans la guerre lancée contre le Hamas le 7 octobre. Raskin était l’un des trois Juifs démocrates à être à l’origine de cette déclaration.
Biden s’oppose fermement à un cessez-le-feu, qui laisserait le Hamas au pouvoir à Gaza, et a réitéré sa position dans une tribune publiée samedi dans le Washington Post.
« Tant que le Hamas s’accrochera à son idéologie de destruction, un cessez-le-feu ne sera pas la paix », a écrit Biden. « Pour les membres du Hamas, chaque cessez-le-feu est un temps qu’ils exploitent pour reconstituer leur stock de roquettes, repositionner leurs combattants et recommencer à tuer en attaquant à nouveau des innocents. Une issue qui laisserait le Hamas contrôler la bande de Gaza perpétuerait une fois de plus sa haine et priverait les civils palestiniens de la possibilité de construire quelque chose de meilleur pour eux-mêmes. »
Le changement de position des législateurs juifs fait suite à un vaste plaidoyer des détracteurs d’Israël, dont des centaines de membres du personnel de l’administration Biden et des groupes juifs anti-Israël qui ont organisé des manifestations très médiatisées dans les bureaux des législateurs et au siège du Parti démocrate, entre autres sites.
Alors que ces groupes appellent à un cessez-le-feu immédiat, la plupart des législateurs juifs ont jusqu’à présent défini les conditions qu’ils souhaiteraient voir figurer dans une cessation des hostilités.
Dans sa déclaration, Raskin a demandé que « le leadership stratégique, diplomatique et politique américain fasse pression pour un changement décisif dans la dynamique implacable et dangereuse de la guerre et de la violence ».
Il a appelé à « une pause humanitaire bilatérale ou un cessez-le-feu mutuellement accepté afin de permettre un ‘afflux humanitaire mondial’ d’aide aux centaines de milliers de civils innocents déplacés et souffrants dans toute la bande de Gaza ».
Raskin a exposé un certain nombre d’éléments qu’il souhaitait, notamment la libération des quelque 240 otages que le Hamas a enlevés le 7 octobre, le retrait du groupe terroriste de la gouvernance de la bande de Gaza et la poursuite des responsables du Hamas qui ont organisé le massacre de masse. Dans sa déclaration de jeudi, Balint a également demandé le retrait du groupe terroriste palestinien.
Jacobs n’a pas lancé un tel appel dans sa déclaration de samedi, bien qu’elle ait déclaré que l’attaque du 7 octobre était « épouvantable, horrible et inexcusable » et qu’Israël avait « le droit de réagir pour protéger ses citoyens et de demander des comptes au Hamas ».
Elle s’est dite préoccupée par le fait qu’après avoir averti les civils de Gaza de se déplacer vers le sud de la bande alors qu’Israël attaquait les infrastructures du Hamas dans le nord, provoquant une migration massive vers le sud, Tsahal semblait maintenant prêt à poursuivre le groupe terroriste dans le sud.
« Il est temps d’instaurer un cessez-le-feu bilatéral, de libérer les otages immédiatement, d’établir un accès humanitaire et d’autoriser l’entrée de carburant, de nourriture, d’eau et de soins médicaux à Gaza, et de mettre fin au bombardement de millions de civils palestiniens », a-t-elle déclaré.
D’autres Juifs démocrates se sont également exprimés ouvertement. Vendredi, le député Dean Phillips du Minnesota a déclaré qu’il devrait y avoir un cessez-le-feu des « opérations militaires de grande envergure », mais seulement après la libération des otages, et Ossoff a déclaré que la conduite d’Israël était un « échec moral ».
Les terroristes du Hamas ont tué plus de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, le 7 octobre et ont enlevé au moins 240 personnes. L’incursion aérienne et terrestre menée ensuite par Israël contre les infrastructures du Hamas aurait fait plus de 12 000 morts, selon les autorités sanitaires de Gaza, anciennement dirigées par le Hamas. Ces chiffres publiés par le groupe terroriste ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Tenant compte de l’aggravation de la situation, le gouvernement israélien a autorisé samedi la livraison de carburant, nécessaire selon lui pour éviter la propagation des maladies.
Le nombre de Démocrates à la Chambre des représentants appelant à un cessez-le-feu a doublé ces derniers jours, passant de 18 à 37, selon un décompte de The Intercept, un magazine favorable à un cessez-le-feu.
Par ailleurs, le sénateur Bernie Sanders, Juif du Vermont leader officieux des progressistes au Congrès, a appelé samedi à conditionner l’aide à Israël à des règles strictes sur la conduite de la guerre.
Sanders a résisté à l’appel de ses collègues progressistes en faveur d’un cessez-le-feu, mais il a déclaré qu’il souhaitait une « pause significative » dans les combats.
Parmi ses conditions figurent « la fin des bombardements aveugles qui ont coûté la vie à des milliers de civils et une pause significative dans les opérations militaires afin qu’une aide humanitaire massive puisse être acheminée dans la région ; le droit des personnes déplacées à Gaza de rentrer chez elles ».
Outre les 3,8 milliards de dollars qu’Israël reçoit chaque année des États-Unis, Biden a demandé au Congrès d’autoriser une aide d’urgence de 14 milliards de dollars.
Dans sa lettre d’opinion, Biden a souligné l’aide humanitaire que son gouvernement avait facilitée dans le cadre des négociations avec Israël et l’Égypte, mais il a laissé entendre qu’il souhaitait obtenir davantage de la part d’Israël, notamment suite à une augmentation de la violence des résidents d’implantations contre les Palestiniens de Cisjordanie depuis le début de la guerre. Pour la première fois, il a déclaré que son administration pourrait envisager d’interdir aux extrémistes israéliens d’entrer aux États-Unis.
« Les États-Unis sont prêts à prendre leurs propres mesures, notamment à interdire l’octroi de visas aux extrémistes qui attaquent des civils en Cisjordanie », a-t-il déclaré.
Biden a également déclaré qu’une fois le Hamas évincé, il envisageait que Gaza soit gouvernée par l’Autorité palestinienne (AP) basée en Cisjordanie, une option que le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est refusé à approuver.
Un certain nombre de Juifs démocrates de la Chambre des représentants ont immédiatement rejeté l’appel de Sanders à conditionner l’aide, parmi lesquels les représentants Josh Gottheimer (New Jersey), Debbie Wasserman Schultz (Floride) et Brad Schneider (Illinois).
Schneider a associé la proposition de Sanders à un projet de loi que le nouveau président de la Chambre des représentants des États-Unis, le Républicain Mike Johnson de Louisiane, a récemment présenté en conditionnant la demande de 14 milliards de dollars de Biden à des réductions de l’impôt sur le revenu (Internal Revenue Service), entre autres.
« Conditionner l’aide à Israël est une erreur et un danger », a déclaré Schneider dans un communiqué envoyé par courriel.
« Des plans tels que ceux proposés par le président Johnson et le sénateur Sanders ne servent que les intérêts de ceux qui s’opposent à Israël et à la paix. »