200 000 participants à la Gay pride de Tel Aviv
La sécurité a été renforcée autour d'un député Likud ouvertement gay qui a défilé après avoir reçu des menaces ; tout le centre-ville et la promenade de bord de mer avaient été fermés à la circulation
Sous des arches de ballons et des drapeaux aux couleurs de l’arc en ciel, plus de 200 000 personnes se sont pressées vendredi dans les rues de Tel Aviv pour la Gay Pride annuelle.
Des centaines de policiers et de volontaires ont été mobilisés pour aider à sécuriser la marche. Le stationnement avait été interdit le long du parcours du défilé, et le trafic a été redirigé.
La sécurité de la Knesset a également renforcé la protection autour du député Likud Amir Ohana, membre ouvertement gay du parlement d’Israël, après qu’il a reçu des menaces.
Des sources proches de Ohana ont blâmé la communauté des lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et queer (LGBTQ), disant à la radio de l’armée qu’il était regrettable qu’une communauté ouverte et tolérante réserve un tel accueil au « seul député gay de la coalition simplement parce qu’il est de droite ».
La ministre de la Culture et des Sports, Miri Regev, également du Likud, a dit aux participants qu’elle « aimait » la communauté gay et était heureuse de voir tant de participants à l’événement. Elle a ajouté que le gouvernement « doit faire plus pour vous parce que vous le méritez comme tout le monde ».
« Chacun devrait pouvoir vivre comme il le souhaite », a déclaré Miriam Yitzhaki, une octogénaire de Tel Aviv qui regardait, assise, la parade colorée descendant la rue Bograshov, qui incluait un homme vêtu uniquement d’un speedo tournant au dessus d’une boîte électrique.
« Quand ça a commencé c’était quelque chose uniquement pour les gays, mais maintenant vous pouvez voir tant d’organisations, notamment politiques telles que le Meretz et la Paix Maintenant, c’est agréable de voir les gens s’impliquer ».
Zahava Gal-on, la présidente du parti Meretz a appelé le gouvernement à faire davantage pour la communauté LGBTQ, critiquant Netanyahu pour sa politique de « pinkwashing » d’Israël.
« Le gouvernement doit fournir à la communauté gay ce qu’elle mérite – l’égalité des droits par la loi, le financement et la reconnaissance », a déclaré Gal-on.
La police avait émis mercredi des ordonnances d’interdiction afin de maintenir un groupe d’extrémistes de droite loin de l’événement, mais des juges ont rejeté l’initiative, en disant qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves à l’appui.
L’année dernière, au cours de la Gay pride de Jérusalem un extrémiste juif ultra-orthodoxe, Yishai Schlissel, avait poignardé plusieurs participants, tuant Shira Banki, 16 ans, et en blessant plusieurs autres.
Plus de 180 000 personnes, dont 30 000 touristes, étaient attendus à l’événement annuel, selon le ministère des Affaires étrangères, un nombre dépassé par les estimations de midi. Selon Ynet , on compte parmi les participants des réservistes masculins et féminins du corps d’artillerie de l’armée israélienne, défilant pour soutenir des collègues de la communauté LGBT du bataillon.
Depuis sa première édition en 1998, la Gay Pride de Tel-Aviv est devenue un rendez-vous important de la scène homosexuelle et lesbienne mondiale.
Le thème du défilé de cette année est « Les femmes pour un changement ». L’an dernier, le thème avait mis à l’honneur les personnes transgenres.
« C’est vraiment bien qu’ils aient décidé de le faire autour des femmes, parce que parfois les événements de la communauté gay sont vraiment dominés par les hommes », a déclaré Miriam, une avocate londonienne de 25 ans qui était venue avec un groupe de cinq amis spécialement pour les événements de la semaine.
« Venir ici est la chose la plus réjouissante du monde, et le fait de voir cela au Moyen-Orient est vraiment cool », a-t-elle déclaré. C’était la première fois que le groupe venait en Israël pour la semaine de la Gay pride.
Lien Ben Haim, 18 ans, est venue avec un groupe d’amis d’un lycée de Bat Yam. « Mes amis sont homosexuels, donc nous nous sommes dit : ‘Pourquoi pas?’ Nous sommes là pour les soutenir », a-t-elle expliqué.
Aux sons assourdissants de la ligne d’Europop et « Ya Habibi Tel Aviv », les manifestants ont dansé dans les rues alors que des riverains jetaient des seaux d’eau depuis leurs balcons. La marche a commencé au parc Gan Meir et s’est terminée par une fête au parc Charles Clore dans le sud de Tel-Aviv, après avoir descendu la Tayelet avec des dizaines de chars sponsorisés.
Un certain nombre d’organisations de la communauté LGBTQ ont rejoint la marche, dont Hoshen, qui fait intervenir des adultes LGBT dans des écoles secondaires israéliennes pour parler de leurs vies. D’autres organisations du défilé comprenaient des équipes sportives gaies, Beit Meir, le centre communautaire gay de Tel-Aviv, et les partis politiques Meretz, le parti travailliste et le Likud.
Rotem Nimkovsky, 40 ans, participe au défilé en tant que membre du groupe gay du Likud depuis sa création en 2011. « Quand je suis allé à des congrès du parti et suis sorti du placard en disant que j’étais gay, on m’a envoyé tout de suite au Meretz », se souvient Nimkovsky. « J’ai répondu : Non, je ne me reconnais pas dans le Meretz. Toute ma vie, j’ai été de droite ».
« Il n’y a pas de lien entre les opinions politiques et l’orientation sexuelle », a poursuivi Nimkovsky. « Nous sommes partout, et quelque soit votre opinion politique, les droits des LGBT sont pour tout le monde ».
Israël est considéré comme un pays pionnier pour la promotion et le respect des droits des homosexuels, notamment en matière d’adoption par des couples de même sexe ou de prévention des discriminations. Le gouvernement lui-même met en avant cet esprit d’ouverture.
Luke Tress a contribué à cet article.