3 arrestations après des tirs de fusées éclairantes au domicile de Netanyahu, à Césarée
Des personnalités de l'opposition ont dénoncé l'incident tandis que le ministre de la Justice a affirmé qu'il s'agissait d'une tentative de "coup d'État violent", appelant à relancer le plan de refonte radicale du système judiciaire
Trois personnes ont été arrêtées dimanche en tout début de matinée après le tir de deux fusées éclairantes en direction de la résidence privée du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Césarée, a fait savoir la police israélienne qui a ajouté qu’elles ont atterri dans la cour.
Aucun dégât n’a été signalé dans le cadre de l’incident. Un communiqué commun qui a été émis par les services de sécurité a souligné que Netanyahu et sa famille n’étaient pas chez eux à ce moment-là.
L’unité en charge des crimes majeurs au sein de la police israélienne, Lahav 433, et le Shin Bet ont ouvert une enquête sur cet incident qui, selon eux, « marque une escalade dangereuse ».
L’incident a entraîné des condamnations dans l’ensemble du spectre politique.
Le leader de l’opposition Yair Lapid et le président du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, ont tous les deux diffusé des communiqués condamnant l’incident et ils ont appelé les forces de l’ordre à « traduire les coupables en justice ».
Le chef d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a dénoncé une escalade « des tentatives qui visent à porter atteinte aux institutions démocratiques de l’État d’Israël ».
תיעוד: פצצות התאורה בחצר בית רה"מ בקיסריה | צפו
אורלי אלקלעי pic.twitter.com/pFdIQyHQNY— כאן חדשות (@kann_news) November 16, 2024
« Le Shin Bet et la police israélienne doivent être pleinement soutenus dans leur enquête et les personnes impliquées doivent être présentées devant les juges », a ajouté Liberman.
Le président Isaac Herzog s’est également laissé aller à une condamnation ferme, déclarant qu’il s’était entretenu avec le chef du Shin Bet, Ronen Bar, et qu’il avait insisté sur « la nécessité urgente d’enquêter et de s’attaquer aux auteurs de cet incident dans les meilleurs délais ».
Selon Herzog, Bar l’a informé que l’incident était considéré comme une
« escalade dangereuse » et qu’il était traité avec le plus grand sérieux.
Bar qui s’est exprimé de son côté, disant que les fusées éclairantes tirées en direction de la résidence privée du Premier ministre constituaient un « incident très grave, qui est loin d’être un outil légitime de protestation ».
« Le Shin Bet est tenu par la loi de protéger les symboles du gouvernement de l’État d’Israël », a-t-il rappelé lors d’une réunion.
« Nous n’accepterons pas d’activités violentes contre les symboles du gouvernement. Chaque cas sera traité avec le plus grand sérieux », a-t-il déclaré.
« Il ne faut pas laisser l’incendie s’intensifier. Je mets à nouveau en garde contre une augmentation de la violence dans la sphère publique », a noté Herzog.
Le ministre de la Justice, Yariv Levin, a, de son côté, déclaré que l’incident était le dernier « maillon d’une chaîne d’actions violentes et anarchiques, dont le but est de provoquer l’assassinat du Premier ministre et le renversement du gouvernement élu par le biais d’un coup d’État violent ».
Levin, principal artisan du plan de refonte radicale qui viendrait bouleverser le système de la justice en Israël – ce plan est pour le moment mis en suspens – a déploré « l’application sélective de la loi par les autorités chargées de l’application du droit ». Le ministre de la Justice a affirmé qu’il avait lancé la charge pour « changer fondamentalement les choses » – y compris concernant la composition de la Haute-Cour de justice.
« Le moment est venu pour tous les membres de la coalition, pour toutes les factions et pour tous les membres de la Knesset, de faire part d’une seule voix de leur soutien sans équivoque aux mesures que j’ai prises et qui ont été gelées, et d’apporter leur soutien à toutes les autres mesures nécessaire pour changer la situation », a continué Levin.
« Le moment est venu d’apporter un soutien total au redressement du système judiciaire et des agences chargées de faire appliquer la loi ; le moment est venu de mettre fin à l’anarchie, aux saccages, aux refus et aux tentatives de porter atteinte au Premier ministre ».
Un appel qui a été critiqué avec force par Gantz qui a rappelé que la dernière fois que le plan avait été avancé, « il a entraîné un désastre pour l’État d’Israël ».
« Le coup d’État mené par Yariv Levin a entraîné un désastre pour l’État d’Israël ; il nous a déchirés de l’intérieur et il a largement contribué à ce que nous connaissions le 7 octobre », a écrit Gantz sur X.
« Le fait de seulement évoquer l’idée de relancer ce plan alors même que l’ensemble de la société israélienne est mobilisée dans une guerre difficile prouve que non seulement il n’a pas tiré les leçons de ce qui est arrivé, mais qu’il est aussi quelqu’un d’irresponsable », a-t-il ajouté.
Lapid a exprimé la même indignation, demandant au ministre de la Justice de démissionner. Il a averti que le plan de refonte radicale du système judiciaire détruirait la démocratie israélienne.
Levin « devrait rentrer chez lui à cause du rôle considérable qu’il a joué dans l’échec catastrophique du 7 octobre et il ne devrait pas parler de ‘réforme’ de la justice israélienne », a-t-il dit.
« Il doit rentrer chez lui – comme c’est le cas également de ce gouvernement irresponsable qui a provoqué le plus grand désastre de toute l’Histoire de l’État d’Israël. Nous ne lui permettrons pas de transformer l’État d’Israël en un État non démocratique », a ajouté le chef de l’opposition.
De son côté, le ministre de la Sécurité nationale d’extrême-droite, Itamar Ben Gvir, a estimé que « les incitations lancées à l’encontre du Premier ministre Benjamin Netanyahu ont franchi toutes les limites » et que l’incident « marque le franchissement d’une nouvelle ligne rouge ».
« Aujourd’hui, c’est une fusée et demain, ce seront des tirs nourris », s’est-il insurgé, appelant à ce que cessent « les incitations à la haine à l’encontre de Netanyahu et de sa famille ».
Faisant écho à Ben Gvir, le ministre du Logement Yitzchak Goldknopf a indiqué que l’incident « est le résultat direct des incitations sauvages qui ont pris pour cible le gouvernement israélien et son leader, des incitations qui ont balayé le pays au cours des derniers mois ».
Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a insisté sur le fait que « la violence affaiblit les fondements de la démocratie israélienne », ajoutant que « les autorités chargées de l’application de la loi et les services de sécurité doivent revenir à la raison et agir avant qu’il ne soit trop tard ».
Le président de la Knesset, Amir Ohana, a également mis en cause les incitations présentes dans le discours national, les accusant d’avoir alimenté l’attaque lancée contre l’habitation du Premier ministre : « C’était écrit – c’était écrit sur sur les murs, sur les routes, dans les messages incendiaires et dans les manifestations ».
« L’incident qui est survenu ce soir au domicile du Premier ministre est le résultat direct d’une politique qui, ces dernières années, a ignoré l’escalade décelable dans les mots et dans les actes », a expliqué Ohana, qui a accusé la procureure-générale et le système judiciaire de « nous avoir habitués au fait qu’il y a ceux pour qui les choses sont permises et ceux pour qui elles sont interdites ».
Lors d’une réunion du cabinet, au mois de septembre, les ministres du gouvernement avaient reproché au bureau de la procureure-générale de ne pas agir suffisamment pour réprimer les incitations lancées à l’encontre du Premier ministre, rappelant qu’un éminent critique du gouvernement avait comparé ce dernier à Hitler et que des manifestants avaient traité Netanyahu de « traître », « Satan » et « d’ennemi du peuple ».
L’habitation privée des Netanyahu à Césarée avait été légèrement endommagée par une attaque au drone du Hezbollah le mois dernier. À la suite de cette frappe, le gouvernement aurait exigé un renforcement de la sécurité autour de la propriété pour un montant de deux millions de shekels.