300 économistes exhortent le gouvernement à réaffecter les dépenses non essentielles
Dans une lettre adressée à Netanyahu et à Smotrich, des économistes appellent à modifier les priorités budgétaires au plus vite afin de faire face à une crise économique imminente
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Un groupe d’environ 300 économistes a appelé lundi dans une lettre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre des Finances Bezalel Smotrich à arrêter immédiatement tous les postes de dépenses non essentiels dans le budget de l’État, et à reconsidérer les priorités de dépenses afin de faire face à une crise économique imminente pendant la guerre en cours avec le groupe terroriste palestinien du Hamas.
« Vous ne mesurez pas l’ampleur de la crise économique à laquelle l’économie israélienne est confrontée « , ont-ils averti dans la lettre. « La poursuite de la conduite actuelle nuit à l’économie israélienne, sape la confiance des citoyens dans le système public et compromet la capacité de l’État d’Israël à se remettre de la situation dans laquelle il se trouve. »
Parmi les signataires de la lettre figurent le professeur Jacob Frenkel, ancien gouverneur de la Banque centrale d’Israël, Rony Hezkiyahu, ancien superviseur des banques et comptable général de la Banque d’Israël, Yaïr Avidan, ancien superviseur des banques, Haïm Shani, ancien directeur-général du ministère des Finances, le professeur Eugene Kandel, ancien président du Conseil économique national, l’ancien gouverneur adjoint de la Banque d’Israël, le professeur Eitan Sheshinski, et le professeur Leo Leiderman de l’Université de Tel Aviv, et le prix Nobel d’économie 2021 Joshua Angrist de l’Institut de technologie du Massachusetts.
Alors que la guerre entre Israël et le Hamas en est à sa quatrième semaine, environ 70 % des sociétés du secteur de la high-tech et des start-ups israéliennes sont confrontées à des perturbations dans leurs activités, une grande partie de leurs employés ayant rejoint le service de réserve, selon une enquête de l’Autorité israélienne de l’innovation et du Start-Up Nation Policy Institute (SNPI). De nombreuses entreprises, des constructeurs aux restaurateurs, ont fermé leurs portes et d’autres entreprises de vente au détail ont mis leurs employés au chômage technique.
L’assaut sanglant du groupe soutenu par l’Iran le 7 octobre a dévasté les communautés du sud. Environ 2 500 terroristes ont franchi la frontière israélienne depuis la bande de Gaza par voie terrestre, aérienne et maritime, assassinant plus de 1 400 personnes et enlevant au moins 239 otages de tous âges sous le couvert d’un déluge de milliers de roquettes tirées sur les villes israéliennes.
Dans cette lettre, les économistes appellent Netanyahu et Smotrich à reconsidérer les priorités nationales et à une réorientation massive des fonds vers la réparation des dommages causés par la guerre, l’aide aux victimes et la restauration de l’économie – des coûts estimés à des dizaines de milliards de shekels.
« Le coup dur infligé à Israël nécessite un changement fondamental dans l’ordre des priorités nationales et une réorientation massive des budgets afin de faire face aux dommages causés par la guerre, d’aider les victimes et de réhabiliter l’économie », écrivent-ils dans la lettre. « Des changements superficiels dans le cadre du budget existant ne permettent pas d’atteindre l’ampleur des dépenses requises. »
Ils ont demandé au gouvernement de mettre immédiatement fin aux dépenses budgétaires qui ne sont pas essentielles à l’effort de guerre et à la réhabilitation économique, y compris le transfert des fonds de la coalition estimés à 9 milliards de shekels.
Le budget de l’État 2023-2024, adopté en mai, comprend plus de 13 milliards de shekels de dépenses discrétionnaires de la coalition, dont une grande partie est allouée à des programmes éducatifs pour la communauté ultra-orthodoxe.
« Dans le même temps, le budget pour l’année 2024 doit être ouvert et mis à jour selon un ordre de priorités qui reflète les besoins de l’ensemble de l’économie à la lumière de la guerre », ont-ils insisté dans la lettre.
La semaine dernière, la Banque centrale d’Israël a réduit ses prévisions de croissance pour 2023 et l’année prochaine, tout en mettant en garde contre les répercussions négatives de la guerre sur l’économie locale et les marchés financiers. Le département de recherche de la banque centrale s’attend à ce que l’économie croisse de 2,3 % en 2023 et de 2,8 % en 2024, en raison de la baisse de la consommation privée et de la limitation de la capacité à travailler, alors qu’il prévoyait auparavant une croissance de 3 % pour cette année et l’année prochaine.