Israël en guerre - Jour 368

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4 points concernant Israël du livre de John Bolton honni par Trump

Dans les 290 pages que compte le livre que Trump a voulu faire interdire, se trouvent quelques anecdotes inédites sur la politique étrangère des Etats-Unis

L’ancien conseiller à la sécurité nationale américain John Bolton, à droite, et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, visitent un ancien avant-poste de l'armée surplombant la vallée du Jourdain entre la ville israélienne de Beit Shean et la ville palestinienne de Jéricho, le 23 juin 2019. (Crédit : AP / Abir Sultan)
L’ancien conseiller à la sécurité nationale américain John Bolton, à droite, et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, visitent un ancien avant-poste de l'armée surplombant la vallée du Jourdain entre la ville israélienne de Beit Shean et la ville palestinienne de Jéricho, le 23 juin 2019. (Crédit : AP / Abir Sultan)

WASHINGTON (JTA) – Recherchez le mot-clé « Israël » dans le récent livre que le président Donald Trump ne veut pas que vous lisiez, et vous trouverez plusieurs anecdotes inédites sur le rôle des Etats-Unis dans de récents développements politiques.

John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale de Trump, a joué un rôle central dans chacun d’entre eux.

La présence de ces récits n’est pas tant une surprise, étant donné que The Room Where It Happened (La pièce où ça s’est passé), publié mardi, forme le mémoire de Bolton sur ses 18 mois au sein de l’administration Trump entre 2018 et 2019.

Prenons, par exemple, cet extrait décrivant les va-et-vient constants de l’administration début 2019 sur l’opportunité de retirer des troupes de Syrie.

« En effet, lors d’une réunion officielle avec la presse qui voyageait avec moi, le dimanche 6 janvier à l’hôtel King David de Jérusalem, j’ai dit : ‘Nous souhaitons que ceux qui ont combattu avec nous en Syrie, dans l’opposition, en particulier les Kurdes, mais tous ceux qui ont combattu avec nous, ne soient pas mis en danger par le retrait de la coalition. C’est un point que le président a très clairement exprimé dans ses conversations avec le président turc Erdogan », écrit Bolton.

Le livre « The Room Where It Happened » de l’ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton, photographié devant la Maison Blanche, à Washington, le jeudi 18 juin 2020. (Crédit : AP / Alex Brandon)

« C’est en fait ce que Trump avait dit, et c’était vrai quand je l’ai dit en Israël. Plus tard dans la journée, heure de Washington, interrogé par un journaliste sur mes remarques alors qu’il montait à bord de Marine One pour Camp David, Trump a déclaré : ‘John Bolton est, en ce moment, là-bas, comme vous le savez. J’ai deux grandes stars. John Bolton fait un excellent travail, et Mike Pompeo fait un excellent travail. »

Ce qu’il faut retenir dans ce cas ? Que Bolton était une star et faisait un excellent travail. Le cadre – Jérusalem, riche de 3 000 ans d’histoire, son hôtel le plus célèbre, ses pièces hantées par des histoires de violence et des percées diplomatiques – n’est en soi pas tant important.

Pourtant, enfouies dans près de 290 pages, se trouvent quelques pépites surprenantes, qui nous en disent un peu plus sur Trump et sur sa politique étrangère que nous ne le savions jusqu’alors. Le monde entier a pu être témoin des efforts infructueux de Trump afin de bloquer la publication du livre, dans lequel Bolton dit que Trump a probablement commis des infractions non seulement en cherchant à obtenir des faveurs de l’Ukraine, mais aussi de la Turquie et de la Chine.

Voici quelques points à retenir présentant un intérêt particulier pour la communauté juive et les mouvements pro-israéliens.

Des groupes pro-israéliens ont fait pression pour que Bolton soit secrétaire d’État

La première option de Bolton pour un poste dans l’administration Trump, pendant la transition et au cours de ses premiers mois, concernait celui de secrétaire d’État. Il n’a pas obtenu le poste. Bolton a remis en question le fait que c’était parce que Trump n’aimait pas sa moustache.

« Pour ce que ça vaut, il m’a dit que ce n’avait jamais été un facteur, notant que son père aussi en avait une », écrit-il, concluant que c’était plutôt car il ne lui avait pas assez léché les bottes. (Le directeur d’Exxon, Rex Tillerson, qui a fini par qualifier Trump de « crétin », avait à la place été nommé au poste.)

Le conseiller américain à la sécurité nationale, John Bolton, lors d’une conférence de presse à Jérusalem, le 22 août 2018. (Crédit : AFP / Pool / Abir Sultan)

Bolton a exprimé sa gratitude aux organisations qui ont plaidé en son nom.

« Je suis tout à fait reconnaissant pour le soutien considérable que j’ai reçu parmi les Américains pro-israéliens (juifs et évangéliques), les partisans du Deuxième amendement, les Cubano-Américains, les Américains vénézuéliens, les Taiwanais-Américains et les conservateurs en général », a-t-il écrit. « Beaucoup de gens ont appelé Trump et ses conseillers en ma faveur, dans le cadre du vénérable processus de lobbying pour la transition. »

Bolton n’a pas nommé explicitement les groupes ou les individus qui l’ont soutenu, mais Sheldon Adelson, magnat des casinos qui compte parmi les plus généreux donateurs pro-israéliens, l’aurait recommandé pour le poste de conseiller à la sécurité nationale. Bolton entretient des relations étroites avec un éventail de groupes pro-israéliens centristes et de droite depuis le début des années 1990, lorsqu’il a aidé à renverser la fameuse résolution des Nations unies considérant le sionisme comme une idéologie raciste.

Benjamin Netanyahu et Jared Kushner ne sont pas meilleurs amis

Le récit établi concernant le Premier ministre israélien et le gendre de Trump est qu’ils sont pratiquement de la même famille : Kushner aurait joyeusement pris le lit du sous-sol de chez lui quand il était adolescent afin que Netanyahu puisse loger dans sa chambre lors d’une visite aux États-Unis.

Avec l’administration Trump en place, Kushner et Netanyahu auraient davantage établi une relation d’anciens amis prudents, selon Bolton. En mai 2017, un an avant de rejoindre l’administration, Bolton a rencontré Netanyahu en Israël. Netanyahu n’aurait pas été enthousiaste à l’idée que Trump ait nommé Kushner comme homme de paix au Moyen-Orient.

Le conseiller principal et gendre du président américain Donald Trump, Jared Kushner, à droite, rencontre le Premier ministre Benjamin Netanyahu au Cabinet du Premier ministre à Jérusalem, le 22 juin 2018. (Crédit : Matty Stern / Ambassade des États-Unis à Jérusalem / Flash90)

« La menace de l’Iran était la pièce maîtresse de notre attention, comme cela aurait dû l’être pour tout Premier ministre israélien, mais il a également fait part de ses doutes au sujet de la nomination de Kushner, que la famille Netanyahu connaissait depuis de nombreuses années », écrit Bolton. « Il était assez diplomate pour ne pas s’opposer publiquement à l’idée, mais comme une grande partie du monde, il s’est demandé pourquoi Kushner pensait qu’il réussirait là où [Henry] Kissinger avait échoué. »

Selon Bolton, Kushner n’aurait pas été ravi du lobbying direct de Netanyahu auprès de son beau-père. Le livre décrit comment Bolton s’est empressé d’empêcher une réunion en août 2019 en Suisse entre Trump et Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères, et inclut les efforts de Netanyahu. (La réunion n’a finalement jamais eu lieu.)

Bolton avance que, pendant qu’il cherchait à convaincre Trump de ne pas participer à la réunion avec Zarif, Netanyahu a également souhaité s’entretenir avec le président. Le conseiller à la sécurité nationale s’est alors rendu à l’hôtel de Trump pour parler au président et a vu Kushner.

« Kushner était au téléphone avec David Friedman, ambassadeur américain en Israël, et il disait à Friedman qu’il n’allait pas transmettre l’appel de Netanyahu. (Maintenant, nous savions qui bloquait tous ces appels à Trump !) Quand il a raccroché, Kushner a expliqué qu’il avait fait bloquer cela et un autre effort antérieur de Netanyahu, parce qu’il ne pensait pas qu’il était approprié qu’un leader étranger parle à Trump au sujet des gens avec lesquels il devrait s’entretenir », dit le livre.

Le gouvernement israélien déteste vraiment la politique syrienne de Trump

Trump a décidé à deux reprises de retirer des troupes de Syrie. La première fois, fin 2018-début 2019, Bolton et d’autres ont finalement fait reculer Trump, bien que la menace présidentielle ait convaincu le secrétaire à la Défense James Mattis de démissionner. En octobre 2019, un mois après la démission de Bolton suite à des différends, Trump a de nouveau décidé de se retirer de Syrie, laissant les alliés kurdes dans le nord du pays vulnérables aux prédations de leurs ennemis, les Turcs.

Un convoi militaire américain s’arrête près de la ville de Tel Tamr, dans le nord de la Syrie, le dimanche 20 octobre 2019. (Crédit : AP / Baderkhan Ahmad)

Netanyahu a insisté lors de briefings avec des journalistes qu’il était d’accord avec la politique syrienne de Trump, parce que Trump a clairement indiqué à Israël que le pays était libre de faire ce qu’il devait faire afin d’endiguer l’emprise de l’Iran sur la Syrie.

Netanyahu était-il sincère, ou a-t-il pris soin de ne pas contrarier Trump, un ami qui a fait plus que n’importe quel autre président afin de répondre aux demandes du Likud de Netanyahu, notamment en déplaçant l’ambassade des États-Unis à Jérusalem et en se retirant de l’accord avec l’Iran ?

Un éventail de personnalités israéliennes qui n’appartiennent pas au gouvernement, parmi lesquelles des anciens généraux et des chefs de l’opposition, ont décrié le retrait de Syrie en raison des messages que cela envoyait – que les États-Unis pouvaient couper de façon si cavalière ses relations avec ses alliés, et que le pays était prêt à laisser la Syrie, au nord d’Israël, à la Russie, l’Iran, le Hezbollah et au régime d’Assad.

Bolton avance dans le livre que, en off, c’était également le point de vue du gouvernement Netanyahu. Il décrit les événements qui ont mené Trump à sa première tentative de retrait, puis à sa mise en place. Alors qu’il semblait que le retrait allait en effet se produire, Bolton, Pompeo et Mattis ont appelé les alliés des Américains pour les en informer. La France et Israël auraient été particulièrement consternés.

« L’ambassadeur d’Israël, Ron Dermer, m’a dit que c’était le pire jour qu’il avait connu jusqu’à présent avec l’administration Trump », écrit Bolton.

Nikki Haley n’est pas prête pour sa grande heure

Haley, première ambassadrice de Trump à l’ONU, est particulièrement aimé du centre pro-israélien et de la droite. Elle a joué un rôle déterminant aux Nations unies afin d’isoler la délégation palestinienne et l’empêcher d’obtenir le statut d’État dans un certain nombre d’organismes, et elle a souvent obtenu d’importantes ovations lors des conférences annuelles de l’AIPAC, le Comité américain d’affaires publiques sur Israël.

Nikki Haley, ambassadrice américaine à l’ONU, observe le sud du Liban depuis le kibboutz de Misgav Am à la frontière israélo-libanaise, le 8 juin 2017. (Crédit : Matty Stern / Ambassade des États-Unis / Flash90)

Bolton la décrit comme une néophyte maladroite et inefficace. L’ancienne gouverneure de Caroline du Sud « n’avait aucune qualification pour ce poste, mais il était idéal pour une personne ayant des ambitions présidentielles de cocher la case ‘politique étrangère’ sur son CV », estime Bolton.

Il décrit une réunion du Bureau ovale qui a abouti à la décision de quitter le Conseil des droits de l’homme des Nations unies (en grande partie en raison de son parti pris anti-israélien). Une fois cette conversation derrière eux, Trump demande à Haley comment ça se passait de façon générale. Haley a commencé à évoquer la politique commerciale de la Chine, « qui ne faisait pas partie de ses responsabilités », écrit Bolton. Puis elle émet une demande : elle veut aller en Inde pour rencontrer le Dalaï-Lama.

« Le but de ce voyage n’était pas clair, outre le projet de prendre une photo avec le Dalaï-Lama, toujours bien pour un aspirant politique », écrit Bolton. « Mais le champ de mines dans lequel elle s’est égarée en soulevant la question du commerce avec la Chine a montré une défaillance politique : une fois que Trump s’est demandé comment la Chine percevrait la visite d’Haley au Dalaï-Lama, le voyage est tombé à l’eau. »

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