43 ans après, le témoignage du majordome de Hitler traduit en français
Le majordome, bien que SS, assure que lui-même, comme tout le personnel du Führer, ne savait rien de l'extermination des Juifs d'Europe entreprise par l'Allemagne nazie
Le témoignage du majordome d’Adolf Hitler, une source importante sur le quotidien du Führer pendant la Seconde Guerre mondiale, paraît jeudi en français pour la première fois, 43 ans après la version allemande.
Jusqu’à la chute: mémoires du majordome d’Hitler, de Heinz Linge, est publié par les éditions Perrin, traduit par Denis-Armand Canal, avec une brève présentation de l’historien Thierry Lentz.
Ce dernier avait traduit les deux premiers tomes du journal d’un autre nazi, le ministre de la Propagande Joseph Goebbels.
Les mémoires de Heinz Linge sont parus en Allemagne en juin 1980, quelques mois après la mort de leur auteur à l’âge de 66 ans.
À l’époque, le livre attire les critiques à cause de digressions inutiles, mais surtout de l’aveuglement du majordome. Celui-ci, bien que SS, assure que lui-même, comme tout le personnel du Führer, ne savait rien de l’extermination des Juifs d’Europe entreprise par l’Allemagne nazie.
Ce témoignage est l’une des principales sources du film « La Chute », sorti en 2004, qui montre un Hitler à la santé physique et mentale de plus en plus dégradée dans son bunker en avril 1945.
Certains historiens estiment que ce témoignage de première main donne une image saisissante de l’isolement croissant du dictateur. D’autres le trouvent plus anecdotique, avec peu de renseignements inédits par rapport à ce qu’avaient rapporté avant Linge d’autres proches de Hitler.
Le seul éditeur étranger intéressé dans les années 1980 est néerlandais. La traduction en anglais attendra 2009.
Heinz Linge avait rédigé ce livre dans les dernières années de sa vie, à un moment où il disait ne plus avoir « à craindre d’être à nouveau jeté en prison et condamné aux travaux forcés pour avoir servi pendant dix ans dans l’entourage immédiat du Führer ».
Il mettait là en ordre des souvenirs sur lesquels il avait été longuement interrogé par les Soviétiques, qui l’avaient capturé à Berlin le 2 mai 1945, deux jours après le suicide de Hitler, et condamné pour crimes de guerre.
Il avait été libéré et expulsé vers l’Allemagne de l’Ouest en 1955, date à laquelle il avait livré son témoignage à une multitude de médias occidentaux, avant de tomber dans l’oubli.