5 ans après, dans quel état se trouve la communauté juive de Toulouse ?
Entre alyah et confiance dans les pouvoirs publics, le quotidien régional La Provence s'est penché sur le moral de certains Juifs de la ville rose
« Quel est l’état d’esprit de la communauté juive ? se demandait La Provence à la veille des commémorations du 19 mars, 5 ans après les attentats perpétrés par Mohammed Merah. Difficile de se faire une idée claire ».
Pour Maurice, un juif toulousain interrogé par La Provence, les attentats de l’Hyper Casher et de Charlie Hebdo auront permis de démonter « que tous les Français étaient désormais la cible des terroristes et plus seulement les juifs. Ça a été comme un réveil pour tous les Français qui ont enfin pris conscience du danger. »
Ainsi, la série d’attentats parisiens de 2015 aura paradoxalement sorti les Juifs de l’isolement dans lequel beaucoup se sentaient confinés.
« Après toutes ces années où nous avons dénoncé sans être entendus l’antisémitisme et le climat pourri dans les quartiers, on s’est enfin sentis plus pris en compte, plus protégés, » affirme Jean-Jacques Zenou, directeur de radio JM.
« Valls, Cazeneuve et Hollande ont réglé cette crise de manière exceptionnelle. Aujourd’hui, les juifs ne partent pas plus en Israël que les autres Français aux États-Unis, au Canada ou à Londres. »
Salomé, mère de famille, a demandé à son fils de ne plus sortir avec la kippa et « envisage de partir en Israël » même si elle craint d’imposer le service militaire à ses enfants.
La crainte ressentie par les citoyens juifs français pourrait se traduire par le choix du vote FN aux prochaines élections présidentielles.
Les attentats ont cependant accéléré les départs vers Israël affirme au Figaro Marc Fridman, vice-président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Midi-Pyrénées. « Toulouse a été la ville française la plus touchée par les départs, (environ 300 familles auraient émigré), il reste entre 12 000 et 15 000 Juifs» dans la Ville rose.
Le rythme de ces départs s’est accéléré depuis les attentats de 2012, dont le souvenir des victimes était hier commémoré à Toulouse. En présence du ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux, une grande cérémonie a été organisée à l’école juive Ozar Hatorah, rebaptisée Ohr Torah.
« Comme vous, la République n’oublie pas. Elle se souvient de ses enfants emportés dans la nuit du terrorisme à Toulouse et Montauban », a affirmé Bruno Le Roux.
« Jamais, jamais il n’y aura de refuge sur le sol national pour les terroristes qui s’en prennent à nos enfants, à nos proches, à nos amis, à nos policiers et à nos soldats. Jusqu’au dernier, nous les traquerons. Jusqu’au dernier, nous les jugerons », a insisté le nouveau ministre de l’Intérieur, assurant que les auteurs d’actes antisémites et racistes seront « inlassablement » traduits en justice.