6 % des Français ont de la sympathie pour le Hamas – étude
La Fondation pour l'innovation politique a publié sa Radiographie de l'antisémitisme en France, dans laquelle on découvre notamment que 6 % des moins de 35 ans pensent que la Shoah est une invention
![Dominique Reynié, politologue et directeur général de la Fondation pour l'innovation politique, invité de LCI le 5 octobre 2024. (Capture d'écran Youtube / LCI / utilisée conformément à l'article 27a de la loi sur le droit d'auteur) Dominique Reynié, politologue et directeur général de la Fondation pour l'innovation politique, invité de LCI le 5 octobre 2024. (Capture d'écran Youtube / LCI / utilisée conformément à l'article 27a de la loi sur le droit d'auteur)](https://static-cdn.toi-media.com/fr/uploads/2024/10/Screenshot-2024-10-07-11.30.49-640x400.png)
La Fondapol a publié un rapport sur l’état de l’antisémitisme en France à quelques jours du premier anniversaire du pogrom du 7 octobre 2023 perpétré par les terroristes du Hamas dans le sud d’Israël, qui a été le point de départ d’une explosion des actes antisémites en France.
Le directeur général du think-tank, Dominique Reynié, était l’invité de LCI le 5 octobre dernier, pour parler des résultats de l’étude, corroborant les chiffres du ministère de l’Intérieur qui estime que le nombre d’actes antisémites en France a triplé en un an.
L’étude montre notamment que le Hamas suscite la sympathie de 6 % des Français interrogés, dont 14 % ont moins de 35 ans. Chez cette même tranche d’âge, 6 % des individus considèrent que la Shoah est une invention.
« Il y a une poussée de l’antisémitisme dans les jeunes générations qui est spectaculaire », estime Dominique Reynié. « Si nous ne faisons pas ce qu’il faut, la société française sera envahie par l’antisémitisme ».
« Nous allons vers une France antisémite. La proportion des jeunes de moins de 35 ans qui s’adonne aux préjugés antisémites, qui admet qu’on puisse s’en prendre physiquement à un Français juif parce qu’on critique la politique de l’État d’Israël et que lui [la personne juive] éventuellement la soutient, ce mélange des genres est typiquement la haine du Juif. On ne fera jamais cela pour aucune autre nationalité ».
Il ajoute que cette augmentation de l’antisémitisme s’explique aussi en raison du « développement, par la démographie, génération après génération, de la culture et de la religion musulmane », expliquant que « c’est un problème qu’il faut traiter ensemble ».
L’étude, qui a également sondé des Français juifs, montre que 25 % d’entre eux rapportent avoir été victime d’un acte antisémite et que 86 % d’entre eux ont peur de l’être.
« Ce qui est le plus marquant c’est que c’est le début, le 7 octobre 2023 d’une vague de réaffirmation de l’antisémitisme en France », indique Dominique Reynié. « Il y a à l’école 3 à 4 fois plus de cas d’agressions d’enfants, de moqueries, de bousculades d’enfants parce que juifs ».
Il distingue deux types d’expression de l’antisémitisme avec d’une part « un antisémitisme de préjugés, qui est ancien, constant, plus ou moins répandu, plus ou moins contenu », et d’autre part « un antisémitisme d’agression, un antisémitisme qui peut même être meurtrier ». Deux antisémitismes qui, depuis le 7 octobre, « sont en expansion et pas du tout en recul ».
En revanche, « la société française a clairement conscience de la gravité du problème, et demande d’ailleurs davantage de sanctions […] contre les auteurs d’actes antisémites ou de propos antisémites ».
« On sait que quand on commence à s’en prendre à quelqu’un parce qu’il est Juif, c’est le signe d’un déploiement de la haine qui bientôt frappera tout le monde. »@DominiqueReynie dans le Temps de l'Info de @Acarrouer sur @LCI pic.twitter.com/ShQuMwQTrF
— Fondation pour l’innovation politique (@Fondapol) October 6, 2024
C’est ce que nous dit le chiffre de 76 % des Français qui estiment que l’antisémitisme est « répandu en France ». Un chiffre en nette progression par rapport à l’année précédente.
Le politologue estime, par ailleurs, que l’antisémitisme est « une espèce d’avant-poste » qui « nous signale quelque chose qui arrive » car la « haine est illimitée », en rappelant la phrase de l’écrivain Frantz Fanon : « Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous ». Il rappelle que le problème de l’antisémitisme n’est pas un problème juif, mais un défi que l’ensemble de la société a à relever.