71 rappeurs israéliens collaborent sur un album qui célèbre ce genre musical
« Mitz LaMax » contient 16 morceaux originaux qui rassemblent différentes générations d'artistes de la scène rap et hip-hop
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Alors même que la période actuelle, marquée par la guerre, paraît peu propice à la production d’un album de rap sur lequel des dizaines d’artistes israéliens de premier plan pourraient collaborer, le producteur Tomer Gershenman a relevé le défi et travaille depuis plus de deux ans sur « Mitz LaMax », un album sur lequel figurent 71 artistes.
« Mitz LaMax », que l’on peut traduire par « Du jus à volonté », est une compilation de 16 nouvelles chansons originales enregistrées par des rappeurs israéliens, dont Tuna, Ravid Plotnik, Eden Derso, Jimbo J, Peled, Sima Noon, ainsi que Kobi Oz, Shaanan Streett, Nunu et d’autres.
Mais ce n’est pas tout. Il s’agit d’un projet passionné de Gershenman et de son partenaire musical et ami, Matan Sharon, qui ont le hip-hop et le rap dans le sang, avec l’aide du producteur Roy Doron, le partenaire créatif du rappeur Jimbo J.
L’idée de Gershenman et Sharon était de réunir des dizaines de rappeurs de tous âges dans un seul album, pour célébrer le genre et sa place dans la musique israélienne.
Les deux n’avaient jamais produit d’album auparavant, mais l’album est finalement sorti en décembre après deux ans et demi de travail.
C’est un album qui sera probablement aimé par tous ceux qui connaissent déjà le genre en Israël, mais qui résonne aussi pour ceux qui le connaissent moins.
On y retrouve des voix familières, comme celles de Kobi Oz et Shaanan Streett, Ravid Plotnik, Peled, Jimbo J et Tomer Yosef. Au total, « Mitz LaMax » comprend 71 interprètes et 19 producteurs musicaux. Il est disponible sur toutes les plateformes musicales.
C’est un album qui reflète largement la scène rap et hip-hop israélienne, a déclaré Gershenman.
La majeure partie de l’album a été enregistrée avant le 7 octobre, date à laquelle les terroristes du Hamas ont attaqué le sud d’Israël, tuant plus de 1 200 personnes et emmenant 251 otages à Gaza.
« Il y avait encore beaucoup de travail à faire après le 7 octobre et, pendant un certain temps, j’ai eu l’impression qu’il n’était pas approprié de contacter les gens et de parler d’avancer », a déclaré Gershenman, qui a choisi de faire une pause avant de reprendre le projet.
Une fois qu’il s’est remis à travailler sur l’album, le processus lui a permis de mettre ses émotions entre parenthèse et de réagir aux traumatismes de la guerre.
« L’album rassemble tous les vétérans, mais aussi beaucoup de membres de la jeune génération », explique-t-il.
Certaines des 16 chansons, interprétées par plusieurs rappeurs, comportent des tournures de phrases et des paroles qui font référence à la guerre en cours et aux prises d’otages, ou simplement à l’incertitude générale de la vie en Israël.
La bande de rappeurs déjà bien installés, dont Kobi Oz et Shaanan Streett, interprète, avec plusieurs autres, « Le Parlement rythmique du peuple », rappant « qu’il reste des ténèbres à dissiper », un terme familier tiré d’une chanson bien connue de Hanoukka.
Les paroles de J. Lamotta dans « 24 heures sur 24 » font référence à la recherche d’un abri dans des pièces sécurisées, avec le vers suivant : « Même si les sirènes sont dehors, je suis là, j’ai couru jusqu’au studio et j’ai créé un espace protégé pour moi ».
Les rappeurs du groupe Shazamat font également partie de la compilation et avaient enregistré leur partie de l’album bien avant de servir en réserve pendant plusieurs mois.
Gershenman a déclaré que lui et ses partenaires savaient que leur public apprécierait cette compilation.
« Le rap est de retour dans le courant dominant, et c’est une scène saine, avec différents types de hip-hop — la même forme d’art, mais présentée de différentes manières », a déclaré Gershenman.
Gershenman, aujourd’hui âgé de 38 ans, a commencé à écouter du rap et du hip-hop lorsqu’il était jeune adolescent, en entendant pour la première fois les chansons préférées de sa sœur aînée lors de vacances en famille. À l’époque, ils écoutaient du rap américain — Eminem, Dr. Dre et Snoop Dogg — mais ont fini par découvrir la scène israélienne.
« C’était vraiment un moment extraordinaire pour écouter la musique et apprendre à connaître les personnes impliquées », a déclaré Gershenman, qui a grandi à Tel Aviv et se souvient d’avoir assisté à des concerts en clubs qui étaient ouverts aux jeunes adolescents pendant les vacances et les congés d’été.
Il a lancé sa propre émission de radio Jigga Juice il y a 15 ans, alors qu’il étudiait la communication au Reichman College d’Herzliya et qu’il effectuait un stage à la station de radio.
Il est finalement devenu éditeur de musique à la station, où il travaille toujours, et anime Jigga Juice une fois par semaine, aux côtés de rappeurs et d’autres invités musicaux.
Chacun des artistes participants était heureux de contribuer à « Mitz LaMax », a déclaré Gershenman, qui se réjouit du caractère artisanal du projet et de l’écho qu’il a rencontré auprès du public, avec plus d’un demi-million d’écoutes sur Spotify à ce jour.