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A 10 jours de sa tenue, la présidentielle en Libye de plus en plus compromise

L'absence d'une liste officielle de candidats et des désaccords persistants entre camps rivaux font peser de sérieux doutes sur la tenue du scrutin à la date prévue

Drapeau libyen. (Domaine public)
Drapeau libyen. (Domaine public)

La Libye est censée élire son président dans dix jours mais l’absence d’une liste officielle de candidats et des désaccords persistants entre camps rivaux font peser de sérieux doutes sur sa tenue à la date prévue.

Le scrutin présidentiel annoncé pour le 24 décembre, premier du genre dans l’Histoire du pays nord-africain et où près de 2,5 millions d’électeurs sont appelés à voter, est présenté comme l’aboutissement d’un processus parrainé par l’ONU pour sortir la Libye du chaos ayant suivi la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

Mais à dix jours de l’échéance, la campagne électorale n’a pas encore commencé et la publication de la liste définitive des candidats a été reportée sine die, rendant très improbable sa tenue dans les délais, bien que le gouvernement libyen se soit déclaré dimanche « prêt » pour l’organiser.

Cela fait des semaines que le scénario d’un report se dessine, les ingrédients susceptibles de transformer l’échéance historique en fiasco se multipliant : une loi électorale contestée, un calendrier modifié pour repousser les législatives et des figures controversées se déclarant candidats.

Dans ce contexte, « les élections pourraient faire plus de mal que de bien en raison des profondes lignes de fracture sociétales et politiques », observe Jamal Benomar, ancien sous-secrétaire général de l’ONU et président du Centre international pour les initiatives de dialogue.

Mouammar Kadhafi, l’ancien dictateur libyen, au 12e sommet de l’Union africaine, en février 2009. (Crédit : U.S. Navy photo by Mass Communication Specialist 2nd Class Jesse B. Awalt/Domaine public/WikiCommons)

« Trop divisés »

Que le scrutin soit reporté ou pas, les conditions pour des « élections libres et équitables ne sont pas réunies, les Libyens étant trop divisés pour accepter ou s’entendre sur les résultats », selon M. Benomar.

Surmontant les années de guerre entre pouvoirs rivaux de l’Ouest et l’Est, un gouvernement intérimaire a pourtant été installé en mars pour mener à bien la transition jusqu’aux élections.

Des questions de fond sont cependant restées en suspens.

« Des institutions fragmentées, l’absence d’Etat et de forces de sécurité et armées unifiées ou légitimes sont autant d’éléments qui conduisent à l’instabilité, et ces questions fondamentales sont sans réponse depuis 2012 », décortique M. Benomar.

Amanda Kadlec, ancienne membre du groupe d’experts de l’ONU sur la Libye, abonde : « le seuil minimum d’infrastructures et les exigences de sécurité pour une élection libre et équitable ne sont pas réunis à ce stade ».

Si une myriade de milices reste déployée dans l’ouest du pays, l’Est est toujours contrôlé par Khalifa Haftar, lui-même candidat.

Le commandant de la milice libyenne, le général Khalifa Haftar, rencontre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, à Moscou, en Russie, le 14 août 2017. (AP Photo/Ivan Sekretarev, File)

En Tripolitaine (ouest), ce maréchal suscite une profonde animosité depuis qu’il a tenté en vain de conquérir militairement la capitale Tripoli en 2019-2020.

Et il n’est pas le seul candidat clivant parmi la centaine en lice : Seif al-Islam Kadhafi, fils de l’ex-dictateur tué pendant la révolte populaire de 2011, figure parmi les candidats les plus en vue, de même qu’Abdelhamid Dbeibah, Premier ministre intérimaire, qui s’était pourtant engagé à ne pas concourir.

« Aveuglement »

Pour Anas el-Gomati, directeur du Sadeq Institute, « des élections dans ces conditions juridiques et politiques déstabiliseraient certainement la Libye ».

« Une victoire électorale de Seif ou de Haftar entraînerait une guerre (provoquée) par ceux qui se sont opposés à Kadhafi en 2011 ou à l’assaut de Haftar sur Tripoli en 2019. La candidature de Dbeibah est également contestée, il s’est engagé à ne pas se présenter, et ses opposants contesteraient sa victoire », résume-t-il.

Et pour ajouter à la confusion, l’émissaire de l’ONU pour la Libye Jan Kubis a jeté l’éponge un mois avant la présidentielle.

Si aucune raison n’a été avancée, le nœud du problème serait des « divergences de fond sur les élections » avec le chef de l’ONU Antonio Guterres, a révélé à l’AFP un diplomate à New York. M. Kubis était favorable à la tenue de l’élection le 24 décembre alors que M. Guterres était plus dubitatif, selon lui.

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, suite à des discussions à Moscou, en Russie, le 12 mai 2021. (Crédit : Maxim Shemetov, Pool via AP)

Dans sa quête d’élections coûte que coûte, M. Kubis avait reconnu une loi électorale controversée, taillée sur mesure pour le maréchal Haftar, promulguée sans vote par le Parlement dirigé par son allié Aguila Saleh.

En dépit de tous les signaux d’alerte, la communauté internationale veut la tenue des élections à la date prévue, « faisant avancer aveuglement ce processus électoral sans prendre en compte les risques », pointe Peter Millett, ex-ambassadeur britannique en Libye.

Si un report semble presque inéluctable, trois grandes questions se posent selon lui: « pour combien de temps, qui gouvernera par intérim et à quoi aura servi cette période ».

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