À Aurillac, une double cérémonie pour les Justes parmi les Nations
La ville a mis à l'honneur des habitants reconnus « Justes parmi les nations » et l'histoire d'un ancien « interné politique »
Une double cérémonie a eu lieu au Square des Justes dans la ville d’Aurillac, dimanche 21 juillet 2024, a rapporté le journal local ActuCantal. En présence du préfet du Cantal, elle commémorait à la fois la Journée nationale à la mémoire des crimes racistes et antisémites et d’hommage aux Justes de France, et la rafle du Vél d’Hiv, elle aussi commise avec la complicité de la police française.
Une attention particulière a été donnée à l’histoire du docteur Abram Kuczynski, arrivé à Mandailles-Saint-Julien en 1943, et caché par Éliane Bonal, 102 ans, reconnue Juste parmi les nations par Yad Vashem il y a tout juste deux ans.
Le Dr. Kuczynski est arrivé à Strasbourg en 1931 pour poursuivre des études de médecine, inaccessibles à l’époque aux Juifs de Pologne, son pays d’origine. Il fuit l’Alsace au début de l’occupation allemande, mais les nouvelles lois anti-juives de la France vichyste le contraignent à abandonner ses fonctions. Dénoncé en 1942, il est arrêté mais parvient à s’échapper à plusieurs reprises avant de trouver refuge à Mandailles.
Lors de la cérémonie, sa fille Sylvie Kuczynski a tenu à saluer l’attitude des habitants vis-à-vis de son père : « Qu’ils soient de simples cultivateurs, ouvriers, commerçants, instituteurs ou bien des élus, ils ont été exemplaires. »
Le docteur a d’ailleurs pu continuer à exercer sa médecine clandestinement dans des villages reculés où il était le seul médecin à pouvoir accéder.
Au total, ce sont sept Justes qui ont aidé à cacher le Dr. Kuczynski.
La cérémonie a également permis de mettre à l’honneur un autre témoignage, celui de Maurice Schiff, raflé le 16 juillet 1942, direction le Vel d’Hiv. Interné ensuite pendant neuf mois en France, il est finalement extrait par un couple de Français juifs originaires d’Algérie.
Présent aux commémorations, Maurice Schiff conserve de nombreuses séquelles physiques et psychologiques de cette période de sa vie, qui lui a valu de recevoir la carte « d’interné politique ». Une reconnaissance tardive, qu’il doit en partie au travail de documentation de Serge Klarsfeld.