À Columbia, 3 administrateurs révoqués après des SMS antisémites
Le doyen Josef Sorett a a été maintenu dans ses fonctions mais a dénoncé le procédé consistant à photographier les écrans des téléphones portables pour épingler des messages sortis selon lui de leur contexte
L’université Columbia, épicentre au printemps de manifestations anti-Israël et des polémiques sur la montée de sentiments anti-juifs sur les campus, a annoncé lundi la révocation de trois administrateurs pointés du doigt pour des SMS révélant de « vieux préjugés antisémites », selon la présidence.
Cette annonce ajoute aux tensions qui secouent depuis des mois la prestigieuse université new-yorkaise. Celle-ci est accusée d’un côté de ne pas avoir lutté assez fermement contre l’antisémitisme, et de l’autre, d’avoir eu la main trop lourde contre les groupes d’étudiants pro-palestiniens en faisant appel à la police pour intervenir.
Cette fois, l’université sanctionne trois administrateurs épinglés par un site conservateur, « The Washington Free Beacon », pour des échanges de SMS jugés problématiques pendant un forum fin mai consacré à la communauté juive sur le campus. Le site avait publié des photos des écrans de leur téléphone portable en pleine réunion.
L’une des administratrices utilisait un émoji de personne qui vomit pour se moquer d’un article d’un rabbin du campus tirant la sonnette d’alarme après les réactions de groupes d’étudiants pro-palestiniens aux attaques du Hamas du 7 octobre. Un autre administrateur accusait aussi l’un des participants au forum de « profiter du moment ». « Énorme potentiel de collecte de fonds », ajoutait-il.
La publication des messages avait provoqué une nouvelle polémique, dont des élus républicains au Congrès s’étaient saisis. Une pétition avait réclamé la révocation des quatre responsables impliqués dans les échanges, dont le doyen de l’Université, Josef Sorett, une doyenne à la vie étudiante et un doyen associé pour le soutien aux étudiants et aux familles.
« Cet incident a révélé un comportement et des sentiments qui non seulement n’étaient pas professionnels, mais de manière troublante, ont trait à de vieux préjugés antisémites », écrit lundi la présidente de l’Université, Minouche Shafik, sur le site internet de Columbia.
« Qu’ils soient intentionnels ou non, ces sentiments sont inacceptables et profondément choquants, car ils traduisent un manque de sérieux à l’égard des préoccupations et des expériences des membres de notre communauté juive ».
Trois des quatre responsables sont d’ores et déjà « démis de leurs fonctions » et « placés en congé », tandis que le doyen Josef Sorett, qui apparaît moins impliqué dans les échanges, a été maintenu dans ses fonctions. Il s’était excusé pour l’incident après avoir dénoncé le procédé consistant à photographier les écrans des téléphones portables pour épingler des messages sortis selon lui de leur contexte.