À Eilat, des élus mobilisés contre l’augmentation des importations de pétrole
Le gouvernement a autorisé le mois dernier l'importation d'une plus grande quantité de pétrole dans le port de la ville qui borde la mer Rouge, la menaçant d'une marée noire
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Les membres du groupe parlementaire sur l’environnement de la Knesset ont organisé dimanche une conférence à Eilat, dans le sud d’Israël, pour protester contre la décision prise le mois dernier par le gouvernement d’autoriser l’importation d’une plus grande quantité de pétrole dans le port de la ville qui borde la mer Rouge et dont l’économie dépend de ses récifs coralliens, qui font la réputation de la ville à l’échelle mondiale.
« Que restera-t-il du tourisme à Eilat si les récifs coralliens sont détruits ? », s’est interrogé le maire de la ville, Eli Lankri, pour qui le risque qu’une marée noire se produise n’est plus seulement une hypothèse, mais un risque bien réel qui finira par se matérialiser.
Des députés, des universitaires, des responsables d’autorités locales, des ONG et d’autres encore ont dénoncé ce qui, pour eux, est une décision irresponsable qui menace tous ceux qui vivent à proximité de l’infrastructure terrestre de l’oléoduc de la société d’État Europe Asia Pipeline Company (EAPC).
Meirav Abadi, de l’organisation de défense de l’environnement Adam Teva V’Din, affirme que cette décision ne rapportera à l’EAPC que 23 millions de dollars par an, somme dont la moitié ira dans les caisses de l’État. Elle juge la décision du gouvernement illégale et souligne que le pétrole que l’EAPC veut faire passer par ses oléoducs entre les ports d’Eilat et d’Ashkelon ne servira même pas l’économie israélienne.
La société civile se bat depuis près de cinq ans pour empêcher que davantage de pétrole soit acheminé à Eilat, et lors de la conférence de dimanche soir, à l’Institut interuniversitaire des sciences de la mer, les personnes présentes se sont engagées à poursuivre la bataille.
En 2021, Tamar Zandberg, alors ministre de la Protection de l’environnement, avait limité les importations de pétrole par le CPEA à deux millions de tonnes par an, qualifiant cette mesure de politique de « risque supplémentaire zéro ».
Cela a perturbé un accord de l’EAPC signé en 2020 avec Red-Med, un consortium d’hommes d’affaires israéliens et émiriens. Cet accord prévoyait que le pétrole du Golfe soit acheminé vers le terminal d’Eilat de l’EAPC, puis acheminé par voie terrestre, via les oléoducs de l’EAPC, jusqu’à Ashkelon, sur la Méditerranée. De là, le pétrole aurait été rechargé sur des pétroliers à destination de l’Europe.
Depuis la décision de Zandberg, l’EAPC n’a eu de cesse de tenter de lever ces limitations.
Depuis le début de la guerre contre le Hamas, et avec les attaques incessantes de missiles houthis sur Eilat, le port de l’EAPC dans la ville a à peine fonctionné.