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A Jérusalem, les enfants font un crochet au racisme

Le football peut rassembler les Arabes et les Juifs au lieu de les diviser, estiment les initiateurs d’un projet de coexistence

Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes

Les enfants arabes et juifs vivent de Jérusalem joue au football ensemble grâce au projet l'équipe des Egaux  le 19 mars 2015 (Crédit photo: Autorisation de Yossi Zamir)
Les enfants arabes et juifs vivent de Jérusalem joue au football ensemble grâce au projet l'équipe des Egaux le 19 mars 2015 (Crédit photo: Autorisation de Yossi Zamir)

On ne pourrait pas distinguer les enfants qui courent sur le terrain de football de Hapoel Katamon dans le sud de Jérusalem s’ils ne portaient pas des T-shirts bleus et blancs distinguant les Juifs des Arabes.

Deux académies de football – un du quartier arabe de Beit Safafa et l’autre du quartier juif de Katamon – collaborent depuis le mois dernier pour créer l’équipe d’Egaux, une équipe conjointe réunissant les amateurs de football allant au-delà du clivage national.

Comprenant près d’une centaine d’enfants âgés de 9 à 12 ans, la nouvelle équipe est soutenue par le New Israel Fund (NIF) grâce à son programme « Kicking Out Racism and Violence » [Un Crochet au racisme et à la violence].

Selon un communiqué de presse publié par le NIF, l’objectif de cette initiative est de « présenter les enfants juifs de Jérusalem Ouest aux enfants arabes de Jérusalem Est afin de lutter contre la division et l’hostilité entre eux et promouvoir une vie commune dans la ville ».

Que ce soit en hébreu ou en arabe, quasiment tous déclarent qu’ils soutiennent le club de football espagnol le FC Barcelone et idolâtrent son attaquant argentin Lionel Messi.

Les enfants jouant dans l'équipe des Egaux s'entrainant au football à Jérusalem le 19 mars 2015 (Crédit : Autorisation de Yossi Zamir)
Les enfants jouant dans l’équipe des Egaux s’entrainant au football à Jérusalem le 19 mars 2015 (Crédit : Autorisation de Yossi Zamir)

« J’assiste à des matchs de football d’Hapoel Katamon depuis que j’ai trois mois », explique un élève de troisième année d’une école primaire, Omri Tal-Gershkowitz, ajoutant qu’il aimait le bruit et l’excitation du jeu. « J’espère que plus d’enfants s’inscriront afin que nous puissions intégrer l’équipe des Juifs et des Arabes ».

Ahmad Moussa Subhi, un élève de sixième de Beit Safafa, a expliqué qu’il avait rejoint l’équipe pour se faire de nouveaux amis. Il a souligné que la langue n’était pas un problème pour communiquer avec ses coéquipiers juifs, car il a appris un peu l’hébreu en regardant les matchs de football et les films israéliens à la télévision.

« J’aime courir et l’esprit sportif », a-t-il précisé.

Ahmad Moussa Subhi de Beit Safafa  le 19 mars 2015 (Crédit : Elhanan Miller / Times of Israël)
Ahmad Moussa Subhi de Beit Safafa le 19 mars 2015 (Crédit : Elhanan Miller / Times of Israël)

Former une équipe binationale est loin d’être simple dans la capitale d’Israël. Beitar Jérusalem, la plus grande équipe de la ville, est tristement célèbre pour les chants anti-arabes de ses fans.

L’Association israélienne de football a puni l’équipe en lui imposant une amende de 40 000 shekels en février après que les fans ont crié des insultes racistes et craché en direction de l’attaquant de l’équipe d’Hapoel Ironi Kiryat Shemona, Ahmad Abed, lors d’un match à domicile au stade Teddy.

Mais Hapoel Katamon, un club appartenant à ses fans fondé en 2007, est censé symboliser quelque chose de complètement différent, a déclaré Shai Aharon, l’ancien attaquant vedette de l’équipe, qui a pris sa retraite en 2014 pour devenir le manager du club.

« Dès le premier jour Hapoel Katamon symbolisait l’antiracisme et l’anti-violence », soutien Aharon au Times of Israel. « Tous nos programmes sont basés sur le respect mutuel des valeurs et de la communauté ; ces choses sont plus importantes pour nous que les succès sur le terrain ».

L’équipe des Egaux est le bébé d’Aharon, né à la suite d’un incendie criminel d’une école bilingue à Jérusalem en novembre dernier.

« L’attaque a exacerbé le sentiment que quelque chose devait être fait, une sorte d’expérience corrective », a expliqué Aharon. Pour lui, rien n’est plus naturel que de convaincre les enfants de Katamon de jouer avec « les enfants en face de la rue ».

Le manager d'Hapoel Katamon, Shai Aharon, le 19 mars 2015 (Crédit : Elhanan Miller / Times of Israël)
Le manager d’Hapoel Katamon, Shai Aharon, le 19 mars 2015 (Crédit : Elhanan Miller / Times of Israël)

« Tout le monde vous dira que la violence dans le sport est laid et mauvais ; la question est ce qui peut être fait pour résoudre le problème. L’astuce consiste à faire partie de la solution », a-t-il expliqué.

« Tout ce que nous voulons faire, sur notre territoire, est de rendre le football comme tout autre type d’activité de loisirs, comme le cinéma ou le théâtre, une activité où vous pouvez emmener votre femme et vos enfants, quelque chose d’agréable ».

Itzik Shanan, le directeur des communications du New Israel Fund (NIF), a déclaré que son organisation s’emploie à lutter contre le racisme dans le football depuis plus d’une décennie, à la fois en surveillant les matchs et en écrivant des rapports sur les incidents racistes, et en initiant des activités éducatives telles que Kicking Racism and Violence. Le partenariat entre le NIF et Hapoel Katamon dure depuis plus de trois ans, souligne-t-il, et a été stimulé par la position du club sur les valeurs concernant l’égalité et le partenariat.

« Cette vision est émouvante non seulement pour quelqu’un qui travaille sur ces questions au NFI, mais aussi en tant qu’habitant de Jérusalem, qui vit ici et veut que ses enfants restent ici », a déclaré Shannan au Times of Israel en regardant les enfants s’entraîner à faire des passes. « Observez le niveau de coopération, de compréhension et d’équité qui se passe ici ».

Le directeur des communications du NIF Itzik Shanan le 19 mars 2015 (Crédit : Elhanan Miller / Times of Israël)
Le directeur des communications du NIF Itzik Shanan le 19 mars 2015 (Crédit : Elhanan Miller / Times of Israël)

Les enfants de cet âge sont moins imprégnés des préjugés raciaux et politiques que les adultes ont, ce qui leur permet un véritable esprit d’équipe de s’épanouir, a-t-il ajouté. « Ils sont à un moment très authentique et innocent [de leur vie]. Je crois que cela ajoute beaucoup au potentiel de cette collaboration », a-t-il analysé.

Pour Salman Ammar, le directeur de l’académie de football de Beit Safafa et un ancien joueur de l’équipe de Hapoel de Jérusalem, explique que se joindre à l’initiative était vraiment une décision naturelle. Il avait joué dans une équipe à majorité juive tout au long de sa carrière et envoie maintenant ses enfants dans l’école bilingue à Jérusalem.

« Il n’existe rien qui rassemble les gens comme le sport ou la compétition », a-t-il expliqué. « L’idée est que les enfants arabes et enfants juifs apprennent à se connaître les uns les autres et se rendent compte qu’ils peuvent vivre ensemble. C’est aussi simple que cela », conclut-il.

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