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A la Coupe du monde, les Iraniennes protestent contre leur interdiction de stade

"L'Iran ne veut pas voir de femmes heureuses dans le stade", a indiqué l'une des manifestantes. "On s'inquiète de ce qu'on pourrait vouloir d'autre après"

Les Iraniens regardent le match de Coupe du monde entre le Maroc et l'Iran au cinéma Azadi de Téhéran, le 15 juin 2018 (Crédit : AFP Photo/Atta Kenare)
Les Iraniens regardent le match de Coupe du monde entre le Maroc et l'Iran au cinéma Azadi de Téhéran, le 15 juin 2018 (Crédit : AFP Photo/Atta Kenare)

Alors que tous les regards des passionnés de football, dans le monde entier, sont tournés vers la Coupe du monde, les Iraniennes ont brandi des posters durant le match d’ouverture de leur pays qui s’est disputé vendredi en Russie pour protester contre l’interdiction faite aux femmes d’assister aux rencontres.

Les femmes, au sein de la république islamique, n’ont plus le droit d’assister aux matchs de football et autres événements sportifs depuis la révolution islamique de 1979, les responsables disant qu’elles doivent être protégées des « atmosphères vulgaires ».

Au cours du match de vendredi – remporté par l’Iran 1 à 0 contre le Maroc – un certain nombre de femmes ont brandi des bannières à l’intérieur du stade de St. Petersbourg réclamant une fin de cette interdiction.

« Pour la toute première fois dans l’histoire du tournoi, les supportrices de football ont organisé des manifestations à l’intérieur d’un stade », a noté le Washington Post, « levant des pancartes dénonçant cette interdiction durant le match de vendredi entre l’Iran et le Maroc, dans la capitale culturelle de la Russie ».

« L’Iran ne veut pas voir de femmes heureuses dans le stade », s’est exclamée Sara, qui n’a pas donné son nom de famille au Washington Post par peur d’être arrêtée à son retour dans la république islamique.

« On s’inquiète de ce qu’on pourrait vouloir d’autre après », a-t-elle ajouté.

Sara, qui appartient à une organisation iranienne oeuvrant à faire annuler cette interdiction, a caché son visage pendant la manifestation, portant un hijab pour ne pas être identifiable.

Elle a expliqué que « c’était étonnant de voir combien de personnes ont réagi de manière positive et ont pris des photos » de la pancarte.

Maryam, qui portait des lunettes de soleil et une visière tout en brandissant une bannière de protestation au cours du match de vendredi, a expliqué que l’interdiction iranienne avait empiré avec l’abandon de la même règle pour les femmes en Arabie saoudite, l’adversaire régional de l’Iran.

« C’est humiliant pour nous », a-t-elle confié au Post.

Elle a également critiqué la FIFA pour son inaction. « La FIFA ne devrait pas prendre partie mais, apparemment, elle le fait », a-t-elle constaté.

En plus de l’interdiction faite aux femmes de se rendre aux matchs de football en Iran, les autorités iraniennes ont annoncé vendredi que les projections des rencontres en plein air dans les parcs ainsi que dans le plus grand stade de Téhéran avaient été interdites, sans plus d’explications.

De nombreux Iraniens s’étaient réjouis de pouvoir regarder la rencontre au stade Azadi (« liberté ») parce que cela aurait été la première fois qu’hommes et femmes auraient pu assister à un événement sportif ensemble, là-bas, depuis la révolution islamique.

A la place, sans bars et avec des signaux mitigés envoyés par la police sur l’éventuelle projection des matchs dans les cafés, un grand nombre des supporters de football ont préféré se tourner vers les cinémas.

Les Iraniens regardent le match de Coupe du monde entre le Maroc et l’Iran au cinéma Azadi de Téhéran, le 15 juin 2018 (Crédit : AFP Photo/Atta Kenare)

Les fans se sont pressés dans les escaliers d’un multiplexe du centre de Téhéran en amont de la rencontre dans le centre de Téhéran, chantant des slogans et assourdissant les passants par le bruit des vuvuzela.

Il y avait une répartition égale et notable dans l’assistance entre hommes et femmes. Le football est particulièrement populaire parmi les Iraniennes en partie parce qu’elles sont interdites de stade – ce qui donne au sport un parfum d’illicite.

« On avait espéré aller au stade mais on est très contents de venir ici, avec ma famille. Je ne suis pas très optimiste [sur notre victoire] mais je suis heureuse d’être en Coupe du Monde – c’est suffisant », a commenté Rahelleh, âgée de 32 ans, avec sa petite fille dans les bras et le chapeau iranien sur la tête.

Mais elle aura eu tort.

C’est un but marqué contre son camp par le Marocain Aziz Bouhaddouz, à la 94ème minute, qui a donné à l’Iran sa première victoire en Coupe du monde en 20 ans.

Et en quelques minutes, les habitants de Téhéran ont envahi les rues comme s’ils avaient remporté le tournoi entier.

La circulation sur la principale artère reliant le nord et le sud dans la municipalité, la rue Vali Asr, a été bloquée, des centaines de voitures actionnant leurs klaxons et des fans criant et ouvrant les fenêtres en agitant le drapeau iranien, dans un état de jubilation extrême.

« C’est formidable »

« Il n’y a eu pas tant de choses à célébrer récemment alors c’est formidable », s’est exclamé Amin 30 ans, en observant cette foule inattendue de centaines de personnes dansant et poussant des cris de joie au milieu de la rue.

A minuit, la musique et les feux d’artifice pouvaient encore être entendus dans toute la ville et les hurlements ne montraient encore aucun signe d’affaiblissement.

La police a paru contente de laisser le brouhaha continuer malgré le fait que de telles démonstrations publiques de joie – en particulier mixtes – sont d’habitude interdites au sein de la république islamique.

La victoire a été d’autant plus douce que le parcours des joueurs a été difficile, le coach portugais Carlos Quieroz déplorant des ressources limitées et la médiocrité des structures accueillant l’équipe.

Les joueurs ont également été les dernières victimes des sanctions américaines, Nike refusant de fournir à la formation des chaussures en affirmant qu’une telle démarche contreviendrait à l’embargo commercial américain sur l’Iran.

Ce qui a rapidement donné lieu à un meme populaire sur les réseaux sociaux après la victoire, avec le logo Nike et un slogan remanié qui disait « We just did it. Sans vous ».

L’équipe va affronter un défi de taille pour faire perdurer la jubilation de vendredi alors qu’elle va rencontrer deux des meilleures équipes d’Espagne et du Portugal.

Mais les Iraniens se délectent toujours dans leur statut d’outsider.

Dans un portrait réalisé pour le magazine GQ, cette semaine, Quieroz a dit : « L’Iran adore le football et les gens savent que nous avons des problèmes et ils regardent dorénavant l’Iran différemment et avec plus de respect parce qu’ils connaissent les défis que nous devons relever ».

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