A la découverte du marché mythique de Mahane Yehuda à Jérusalem
La Mecque des fruits et légumes est un peu plus en vérité et le quartier voisin Ohel Moshe regorge de surprises
Chacun marchant le long du célèbre marché de Mahane Yehuda découvrira bientôt la réelle signification du verbe ‘se côtoyer’ (littéralement) avec des personnes de toute origine et nationalité.
Le vendredi en particulier, les deux marchés principalement ouvert et couvert sont incroyablement bondés et animés.
Il est excitant d’entendre les cris incessants des commerçants vendant à la criée leurs produits et l’exposition des fruits et légumes et des épices de couleur sont un régal pour les yeux.
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Difficile d’imaginer que le marché a débuté dans un bazar arabe il y a une centaine d’années.
Lors d’une prochaine visite à Jérusalem que vous soyez touriste ou israélien, faites vous-même l’expérience des sons et des vues exquis sur le marché lui-même.
En vous promenant dans les allées du marché, vous verrez les noms : Shaked, Haruv, Afarsek, Shazif, Egoz, Tut, Tapuah et Agas (amande, caroube, pêche, prune, noix, mûres, pommes et poires) et pendant que vous êtes ici dans la ville sainte, pourquoi ne pas errer dans le quartier voisin de Ohel Moshe, lieu d’une fameuse pièce de théâtre, juste en face de la route ?
Le maître conteur Eliyahu Banai était l’un des premiers commerçants à ouvrir un commerce rue Agas (poire) à Mahane Yehuda.
Et c’est là que son célèbre petit-fils Yossi a grandi dans un minuscule appartement situé au-dessus de l’étal de légumes famillial.
Yossi est mort d’un cancer en 2006 et avait hérité du talent de son grand père. En 1998, il avait reçu le prix Israël pour sa grande contribution au théâtre israélien en tant qu’acteur, dramaturge et chansonnier. Beaucoup de ses performances comiques racontaient son enfance à Mahane Yehuda et dans les quartiers voisins.
Une étoile de David est sculptée sur le linteau de la maison où la famille Banai a vécu et qui regorge des sons et des curiosités du marché dans l’atmosphère des prémices de la Nouvelle Jérusalem.
Signe du temps qui passe : l’ancien étal de légumes est devenu un café organique et à proximité, un ‘médecin d’étrogs’ vend des portions sacrées.
La rue Agas a été rebaptisée rue Eliyahu Banai et se termine dans un large boulevard, merveilleusement rénové par la municipalité de Jérusalem.
La ville a pavé la route de son marché ouvert de granites et a remplacé huit anciens lampadaires par cinquante nouveaux. Elle a également planté de jeunes arbres et a demandé aux commerçants de recouvrir les devantures récemment restaurées par des auvents colorés.
Une large allée descend le long du marché irakien créée en 1935 par Yossi Banai surnommé ‘le petit marché derrière le grand marché’ d’après une de ses chansons. Ici, en plus des étals de nourriture, des dizaines de personnes âgées passent des heures à boire, discuter et jouer aux cartes ou au backgammon.
A n’importe quel moment dans ce marché très atmosphérique, vous pouvez rencontrer des musiciens jouant de leurs instruments, des Ultra Orthodoxes demandant aux passants s’ils ont mis les tefilin ou des gens espérant recevoir une aumône. Nous achetons régulièrement du fromage et des bourekas aux épinards chauds dans le marché en plein air et les apprécions assis à des tables au milieu de ce spectacle.
Les deux marchés ouvert et couvert se trouvent entre la rue Jaffa et la rue Agrippas, deux des principales artères de la ville. Directement en face de la rue Agrippas se trouve le marché d’Ohel Moshé, un des premiers quartiers de la ville.
Pendant ce temps dans la rue…
Fondé en 1883, le quartier a été construit par des juifs religieux séfarades comme réponse directe au quartier voisin ashkénaze de Mazkeret Moshe. Au lieu de parler le yiddish, les habitants du quartier parlent le Ladino, un dialecte espagnol incluant des mots d’hébreu.
On compte trois parties de ce monument inhabituel qui couronnent l’entrée archée d’Ohel Moshé.
Un cercle autour porte le nom du quartier et sa date de création. Ci-dessous,le nom de ‘Moise Montefiore’ est gravé dans deux plaques carrées en anglais et en arabe. La plaque centrale est un grand témoignage à Montefiore dont l’argent a servi au financement du quartier.
Les habitants font pousser des légumes dans les jardins de Ohel Moshé, un quartier particulièrement charmant en raison d’une clause dans le contrat entre les futurs habitants et le Fonds Montéfiore ; afin de récolter de l’argent, les habitants avaient promis de planter des arbres et des jardins.
L’ancien président et dramaturge Yitzhak Navon, récemment décédé, est né à Ohel Moshé et a écrit avec nostalgie sur les lieux de prédilection de son enfance.
En effet, parmi les premières lignes de la célèbre pièce ‘Bustan Sephardi’ que l’on peut traduire par les vergers séfarades est écrit : « Chaque fois que je suis ici à Jérusalem, mes jambes me conduisent ici dans ce quartier. »
Ohel Moshé vante la belle maison de Beit Abraham et de Ohel Sarah, maison fondée à l’origine en 1925 par des immigrants juifs de la ville grecque de Yanina et plus tard transformée en synagogue. Yanina a logé la plus grande communauté juive de Grèce remontant à l’époque d’Alexandre le Grand.
Leur langue unique, une association de grec et d’hébreu, le Romaniote laisse sous entendre une longue histoire dans cette terre ancienne (opposée aux Juifs séfarades qui s’y sont seulement rendus à partir de la Grèce en 1492). La majorité des juifs de Yanina a été assassinée par les nazis.
Une arche très inhabituelle a été trouvée dans une autre synagogue appelée Ohel Moshé, recouverte de bois et peinte en turquoise et jaune avec des poteaux sculptés de bois.
Au sommet de l’arche, la couronne orange est bien éclairée. Parce que la synagogue détient de nombreux rouleaux de la Torah (16), il y a divers arches supplémentaires de chaque côté de l’arche principal. Un parchemin datant de 1841 et écrit en Iran était un cadeau de Moshe Montéfiore et est recouvert de tant d’argent qu’il peut à peine être soulevé.
Finie en 1887, la synagogue de Ohel Moshé a été de nombreuses années considérée comme le seul lieu de culte séfarade dans ce quartier et était au centre de la vie du voisinage. Au rez-de-chaussée, se trouve une citerne et la maison qui servait au concierge de la synagogue, il y avait un four communal rempli de plats du Shabbat dont l’odeur rendait fous les fidèles pendant les offices.
Une synagogue ayant la taille d’une pièce le long d’une minuscule allée a été construite en 1890 par Yom Tov Taranto, sans enfant. Il espérait que sa contribution se solderait par la naissance d’un fils. Elle est si petite que les fidèles la prennent le long de l’allée, la couvrant et ajoutant des bancs pour les femmes que l’on entraperçoit le long des fenêtres.
Les anciens racontent que le soir des sages de renom étudiaient ensemble avec des gens simples.
Depuis la synagogue est ouverte 24 heures sur 24, pour quiconque ayant des problèmes ou ayant une requête spécifique qui pourrait venir et lire des Psaumes quand il le souhaite.
Ohel Moshé est rempli de pancartes (en anglais) racontant l’histoire du quartier et offrent de fascinants aperçus de son bienfaiteur.
La plupart de ces écriteaux sont accompagnés de photos des habitants d’Ohel Moshé du 19e siècle.
Des pionniers séfarades comme les Cohen, le crémier qui a quitté la sécurité des murs de la Vieille Ville pour faire partie de la Nouvelle Jérusalem.
Notre pancarte préférée est située dans le square Isaac Levy. C’est cette photo étrange d’un mariage et à côté un texte où Rivka, la mariée et David le mari se regardent.
Aviva Bar Am est l’auteur de sept guides en langue anglaise sur Israël. Ce texte est l’adaptation de chapitres de ce livre.
Shmuel Bar Am est un guide habilité à faire des visites privées, individuelles personnalisées, aux familles et à des petits groupes.
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