Israël en guerre - Jour 528

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À l’AIEA, le conflit Israël-Hamas plane sur le dossier nucléaire iranien

Au conseil de l'Agence de l'énergie atomique, Washington et l'Europe ont condamné le manque de coopération de Téhéran tout en s'abstenant de soumettre une résolution critique

Rafael Grossi (au centre), directeur-général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ouvrant la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA, au siège de l'agence, à Vienne, en Autriche, le 22 novembre 2023. (Crédit : Joe Klamar/AFP)
Rafael Grossi (au centre), directeur-général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ouvrant la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA, au siège de l'agence, à Vienne, en Autriche, le 22 novembre 2023. (Crédit : Joe Klamar/AFP)

Exclusion d’inspecteurs de l’AIEA, caméras de surveillance toujours débranchées et bientôt de quoi fabriquer trois bombes : l’escalade nucléaire iranienne suscite de fortes inquiétudes, mais les puissances occidentales rechignent à agir par peur d’envenimer les tensions au Proche-Orient.

« Le tableau est sombre mais le fait est qu’en ce moment, personne n’a envie de provoquer une réaction de l’Iran dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien », résume un diplomate de haut rang.

Au Conseil des gouverneurs de l’Agence de l’énergie atomique (AIEA), réuni cette semaine au siège viennois, les États-Unis et les pays européens du groupe E3 (France, Allemagne et Royaume-Uni) ont condamné le manque de coopération de Téhéran, tout en s’abstenant de soumettre une résolution critique.

Pourtant « des limites sans précédent ont été franchies », selon les propos de l’ambassadrice américaine Laura Holgate.

Paris s’est aussi dit « particulièrement préoccupé par l’escalade nucléaire absolument injustifiée et injustifiable », par la voix de la porte-parole du Quai d’Orsay Anne-Claire Legendre.

L’accord international de 2015 encadrant les activités atomiques de Téhéran en échange d’une levée des sanctions internationales a de fait volé en éclats, à la suite du retrait de Washington en 2018 décidé par le président américain de l’époque, Donald Trump. Son successeur Joe Biden a tenté de le ranimer via des discussions menées à Vienne mais elles sont au point mort depuis l’été 2022.

Un Iranien lisant un exemplaire du quotidien « Omid Javan » portant une photo du président américain de l’époque Donald Trump avec un titre qui se lit en persan, « Trump fou et JCPOA logique (Joint Comprehensive Plan of Action) », devant un kiosque dans la capitale Téhéran, le 14 octobre 2017. (Crédit : STR/AFP Photo/Dossier)

Sur le terrain, le constat de l’instance onusienne est sans appel. L’Iran dispose désormais de 128,3 kg d’uranium enrichi à 60 %, selon le dernier rapport, soit plus de trois fois la matière en théorie nécessaire pour fabriquer une bombe atomique, à un niveau de 90 %.

« C’est un volume conséquent, surtout si vous n’en avez aucune utilité », observe une source diplomatique, alors que l’Iran dément vouloir se doter de l’arme nucléaire.

La République islamique traîne par ailleurs des pieds pour réinstaller l’équipement de surveillance déconnecté l’an dernier. Et surtout, elle a récemment retiré l’accréditation d’un groupe d’inspecteurs à l’expertise précieuse.

Ils sont huit Français et Allemands à être affectés par cette décision, d’après le haut diplomate. Un neuvième, de nationalité russe, avait été banni plus tôt dans l’année pour avoir décelé une modification technique au niveau des cascades de centrifugeuses qui avait provoqué un pic d’enrichissement à 84 %, un record.

Ces mesures ont porté « un coup dur » à notre travail, a encore déploré mercredi le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, qui multiplie depuis des mois les efforts infructueux.

Le drapeau de l’Iran flottant devant le siège de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), à Vienne, le 24 mai 2021. (Crédit : AP Photo/Florian Schroetter, Dossier)

« Eviter un embrasement »

« Il faut être deux pour danser le tango », regrette-t-il en privé, raconte un des diplomates.

D’autant que face à « l’apathie » des puissances occidentales, l’Iran « se sent enhardi ». Il bénéficie en outre de la « protection » de Moscou sur fond d’approfondissement des relations militaires entre les deux pays depuis l’invasion russe de l’Ukraine.

« La réticence du Conseil des gouverneurs de l’AIEA est compréhensible. C’est un cas où la géopolitique l’emporte sur les questions de non-prolifération », commente pour l’AFP Kelsey Davenport, experte de l’Arms Control Association.

La communauté internationale redoute une extension du conflit à la frontière entre Israël et le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens, voire au-delà dans la région. Avec à la manœuvre des milices pro-Iran, ennemi numéro un d’Israël et soutien clé du groupe terroriste palestinien du Hamas.

« Vu qu’on ne sait pas quel degré d’interconnexion Téhéran entretient avec ces groupes », les dirigeants occidentaux sont soucieux de « prendre le plus de précautions possibles », souligne Héloïse Fayet, chercheuse au Centre des études de sécurité de l’Institut français des relations internationales (Ifri).

Sur cette photo prise le 20 août 2010, un agent de sécurité iranien passe devant une porte de la centrale nucléaire de Bushehr, alors que le bâtiment du réacteur est visible en arrière-plan, juste à l’extérieur de la ville de Bushehr, à 1 245 kilomètres au sud de la capitale Téhéran, en Iran. (Crédit : AP Photo/Vahid Salemi, File)

Si la diplomatie française assure gérer « les crises de manière séparée », elle souligne aussi la nécessité de « traiter les activités déstabilisatrices de l’Iran dans la région ». « Nous travaillons en ce sens pour éviter un embrasement régional », insiste la porte-parole du Quai d’Orsay Anne-Claire Legendre.

Pour Mme Davenport cependant, l’inaction observée à Vienne avant même le conflit actuel – la dernière résolution remonte à novembre 2022 – « envoie un mauvais message à Téhéran et à tous ceux qui aspirent à l’arme nucléaire ».

« Devant la montée des tensions régionales et un Iran au seuil de la bombe », « les États-Unis ou Israël risquent de mal jauger les intentions nucléaires de Téhéran », dit-elle, appelant l’administration Biden à tout faire pour sortir de l’impasse.

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