À Londres, une exposition célèbre le rôle historique des immigrés
"L'immigration fait partie de l'ADN de ce pays", rappelle Aditi Anand, commissaire de l'exposition, qui souhaite montrer une autre image de l'immigration après les récentes émeutes
Quelques semaines après les émeutes anti-immigration au Royaume-Uni, une exposition londonienne continue de célébrer l’importance historique des immigrés, à travers photos, témoignages et contributions d’artistes.
Au total, le musée de l’Immigration présente 7 000 témoignages, 200 photographies, avec la participation d’une cinquantaine d’artistes.
« La migration, bien qu’elle soit perçue comme un facteur de division sur les médias sociaux et parfois dans les débats publics, fait partie de notre vie quotidienne. Nous voulons montrer cette longue histoire et le fait que les gens sont toujours venus », explique à l’AFP Aditi Anand, l’une des commissaires de « Toutes nos histoires », qui s’est ouverte jeudi.
« La nourriture que nous mangeons, les vêtements que nous portons, nos rues, donnent le sentiment que nous, en tant que pays, ne serions pas ce que nous sommes sans la migration. C’est ce que nous voulons montrer. Et aussi des histoires humaines, la vie de ces personnes. C’est quelque chose qui dure depuis des siècles », poursuit-elle.
A LIRE : À Londres, les parcours d’entrepreneurs immigrés qui ont façonné le Royaume-Uni
Dans l’une des salles de l’exposition, une vidéo de dix minutes du réalisateur Osbert Parker rappelle qu’entre 4 000 et 800 avant l’ère commune, « des communautés de la Méditerranée et de l’Europe continentale sont arrivées en Grande-Bretagne. Y compris des tribus celtiques, aujourd’hui connues sous le nom d’Anciens Britanniques ».
« Pas un phénomène moderne »
La vidéo rappelle que les Romains ont été suivis au 5e siècle par les Angles, les Saxons et les Jutes d’Europe du Nord, qui ont apporté avec eux les langues et la culture germaniques.
« L’idée est de montrer que l’immigration n’est pas un phénomène moderne. Elle existe depuis des générations. Dans ce pays, nous devrions en reconnaître l’importance », dit le réalisateur.
Selon le recensement de 2022, 17% de la population britannique est née en dehors du pays, soit environ 10 millions de personnes, d’après le musée.
« L’immigration fait partie de l’ADN de ce pays. Dans l’exposition, nous avons un petit distributeur automatique de produits qui ressemblent à des marques typiquement britanniques, mais qui ont été fondées par des immigrés », ajoute la commissaire.
Parmi elles, Marks & Spencer, cofondé par Michael Marks, né dans une famille juive polonaise arrivé à Leeds en 1882, ou encore la première chaîne de cafés du pays, Costa Coffee, créée par les deux frères Sergio et Bruno, arrivés d’Italie dans les années 1950.
L’exposition « Toutes nos histoires » comprend également la reconstitution d’un magasin de plats à emporter chinois et la cuisine d’un restaurant espagnol d’Oxford tenu par une famille galicienne.
Elle revient également sur la crise migratoire de 2015 avec une plongée dans la « jungle de Calais », l’immense camp de migrants où patientaient des milliers de personnes en vue de passer en Angleterre.
À côté d’une tente reconstituée pour l’occasion, une série de photos permettent de mettre des visages et des récits sur cette crise migratoire.
L’exposition rappelle aussi qu’il y a trois siècles, les protestants français, les huguenots, ont traversé la Manche alors qu’ils étaient persécutés : ils ont été les premiers à être considérés comme des réfugiés.