A quelques minutes de l’échéance, Netanyahu dit qu’il peut former le gouvernement
La procureure générale a averti la semaine dernière que des projets de loi du futur gouvernement menaçaient de faire d'Israël une "démocratie qui en a le nom, mais pas l'essence"
A quelques minutes d’une échéance cruciale, le Premier ministre israélien désigné Benjamin Netanyahu a annoncé tard mercredi soir être en mesure de former le prochain gouvernement avec ses partenaires des partis ultra-orthodoxes et d’extrême droite.
Vainqueur avec ses alliés des élections législatives du 1er novembre, Netanyahu avait jusqu’à 23H59 mercredi pour annoncer au président Isaac Herzog qu’il avait « réussi » à former le prochain gouvernement, succédant ainsi au Premier ministre sortant Yaïr Lapid.
« Je l’ai », a tweeté en hébreu M. Netanyahu quelques minutes avant cette échéance, pour annoncer la formation du prochain gouvernement, reprenant la même formulation que Lapid, lorsqu’il avait formé sa coalition. La présidence israélienne a de son coté confirmé à l’AFP que Netanyahu avait « appelé » M. Herzog « pour l’informer » de cette nouvelle dans les délais.
« Cher Président, grâce à l’énorme soutien public que nous avons reçu lors des dernières élections, je vous informe que j’ai pu former un gouvernement qui agira dans l’intérêt de tous les citoyens d’Israël », a ajouté M. Netanyahu dans un communiqué.
עלה בידי.
— Benjamin Netanyahu – בנימין נתניהו (@netanyahu) December 21, 2022
Dans la foulée des élections et en vertu des règles israéliennes, Netanyahu avait jusqu’au 11 décembre pour annoncer son gouvernement, mais il avait demandé une prolongation de 14 jours, le maximum prévu par la loi.
Or le président Herzog ne lui avait octroyé que dix jours supplémentaires et la presse israélienne s’attendait à une annonce en journée et ce, même si la composition précise du prochain gouvernement n’était pas encore totalement ficelée.
Les partenaires sont toutefois connus, dans ce qui devrait être, selon les analystes, le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël : les deux partis ultra orthodoxes Shas et Yahadout HaTorah ainsi que les trois formations d’extrême droite HaTsionout HaDatit de Bezalel Smotrich, Otzma Yehudit d’Itamar Ben Gvir et Noam d’Avi Maoz.
Au cours des dernières semaines, le parti de Netanyahu, le Likud, a signé des ententes avec les partis d’extrême droite prévoyant une répartition de certains postes comme celui de ministre de la Sécurité nationale à Itamar Ben Gvir, la responsabilité des implantations en Cisjordanie à Bezalel Smotrich, ou un portefeuille à Aryeh Dery, leader de Shas.
Cependant, les députés israéliens doivent encore voter en seconde et troisième lectures des projets de loi pour permettre à Dery d’occuper un poste de ministre après avoir été reconnu coupable de fraude fiscale et à Ben Gvir d’étendre ses futurs pouvoirs de ministre sur la police israélienne.
Etat de droit
La procureure générale d’Israël, Gali Baharav-Miara, a averti la semaine dernière que des projets de loi du futur gouvernement menaçaient de faire d’Israël une « démocratie qui en a le nom, mais pas l’essence ».
« La politisation des forces de l’ordre portera un coup sérieux aux principes les plus fondamentaux de l’Etat de droit, c’est-à-dire l’égalité, l’absence d’arbitraire et l’impartialité », a-t-elle ajouté, précisant que « le blitz législatif » actuel pourrait mener à des changements « profonds » et nécessitait « plus de discussions ».
Détennant le record de longévité à la tête du pays (1996 à 1999 et de 2009 à 2021) et donc habitué à former des coalitions, Benjamin Netanyahu doit aussi distribuer les portefeuilles ministériels au sein de sa propre formation, qui est visiblement mécontente des larges concessions faites à leurs associés-rivaux.
Avant l’investiture du prochain gouvernement, annoncée le « plus tôt possible » par M. Netanyahu, soit la semaine prochaine ou début janvier selon les analystes, le Premier ministre désigné et ses alliés pourraient tenter de faire adopter ces projets de loi par la Knesset, le Parlement.
Netanyahu en outre annoncer la distribution des postes de ministres au sein de son propre camp ce qui n’est pas une mince affaire car « il y a plus de demandes de députés du Likoud pour des portefeuilles importants que de postes disponibles à la suite des accords avec les autres partenaires de la coalition », notait mercredi le quotidien de centre-droit Maariv.