A Ryad, Fabius va s’efforcer de rassurer sur le nucléaire iranien
Le chef de la diplomatie française évoquera le Yémen, le processus de paix israélo-palestinien, et les échanges bilatéraux
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius sera ce week-end en Arabie saoudite, où il devrait s’employer à rassurer les dirigeants du royaume qui s’inquiètent de l’accord-cadre passé sur le nucléaire iranien par six grandes puissances, dont la France.
« On va leur expliquer qu’on est extrêmement vigilant », a indiqué à l’AFP une source diplomatique qui a requis l’anonymat concernant cet accord conclu le 2 avril et les négociations qui restent à venir sur ce sujet.
Fabius est attendu samedi soir à Ryad, où il rencontrera le roi Salmane et les principaux dirigeants du royaume, pour évoquer de nombreux sujets, selon le ministère français des Affaires étrangères : outre le nucléaire iranien figurent à l’agenda l’intervention militaire de la coalition arabo-sunnite menée par Ryad contre les rebelles chiites du Yémen, le processus de paix israélo-palestinien, et les échanges bilatéraux.
L’Arabie saoudite et les autres monarchies du Golfe sont des partenaires choyés par la France, particulièrement depuis l’arrivée au pouvoir du président socialiste François Hollande en 2012.
Ryad est très méfiant à l’égard de l’Iran, son grand rival régional, et redoute que ce pays se dote in fine de l’arme nucléaire, en dépit des négociations en cours.
Les Saoudiens accusent en outre Téhéran de soutenir les rebelles chiites Houthis qu’ils combattent au Yémen, redoutant un foyer de déstabilisation à leur frontière sud.
Fabius va « réitérer la vigilance française sur un certain nombre de questions » concernant l’accord nucléaire, a-t-on précisé de source diplomatique.
Fermeté de Paris
Il s’agit en particulier du calendrier d’une levée des sanctions onusiennes qui frappent l’Iran, et qui ne seront pas levées tant que Téhéran n’aura pas donné toutes les garanties qu’il ne cherche pas à se doter de la bombe atomique. Il sera aussi question de la « réversibilité » de ces sanctions, principe selon lequel ces dernières seraient réimposées à l’Iran s’il viole ses engagements, a-t-on précisé de même source.
Les négociations entre les grandes puissances (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Chine, France et Allemagne) et l’Iran sur ce dossier doivent se poursuivre, avec l’objectif de parvenir à un accord final d’ici au 30 juin.
Durant ces négociations, Paris a montré à plusieurs reprises une fermeté particulière, selon les observateurs, défendant la nécessité de parvenir à un accord « robuste », et reprochant implicitement aux Etats-Unis, principal négociateur, de faire preuve de trop d’empressement pour conclure un compromis avec Téhéran.
Concernant le Yémen, M. Fabius devrait réaffirmer que la France « se tient aux côtés de ses partenaires de la région pour restaurer la stabilité et l’unité du Yémen », et répéter sa solidarité au « président légitime » Abd Rabbo Mansour Hadi, qui a été contraint de quitter le pays en mars sous la pression des rebelles chiites.
La coalition militaire arabe engagée au Yémen est aidée par les Etats-Unis, notamment pour le renseignement et le ravitaillement des avions, mais la France n’a pas annoncé jusqu’à présent qu’elle emboitait le pas aux Américains.
Sur le plan économique, Fabius s’efforcera avec ses hôtes d’aller de l’avant concernant les engagements pris lors de la visite à Ryad du président François Hollande, en 2013.
Il s’agit d’accroître considérablement les investissements de part et d’autre, notamment par le jeu de crédits export ou d’investissements privés.
La France poursuit une coopération étroite dans le domaine du nucléaire civil avec l’Arabie saoudite, géant pétrolier qui veut diversifier ses capacités énergétiques. Et plusieurs accords, notamment concernant la recherche, devraient être signés.
Fabius rencontrera aussi le prince héritier d’Abou Dhabi, le cheikh Mohammed ben Zayed ben Sultan, de passage à Ryad, avant son départ dimanche soir.
Des discussions au long cours se poursuivent avec les Emirats arabes unis, pour une éventuelle vente d’avions de combat Rafale, qui prendraient notamment la relève des 60 Mirage 2000-9 que possède ce pays.