À Strasbourg, « vigilance » autour des écoles et lieux de culte juifs
Parmi les consignes : ne pas s'attarder. "Ils ne doivent pas rester devant l'école et donner leurs recettes de tarte à la pomme", a plaisanté le chef de l'école Aquiba
Devant l’école Aquiba, à Strasbourg, les parents récupèrent leurs enfants et se dispersent rapidement sous le regard des forces de l’ordre, « vigilants » mais « confiants » quant à la sécurité, qui a été accrue aux abords des synagogues et écoles confessionnelles. « On ne doit pas traîner. »
Quelques minutes avant la pause déjeuner, un fourgon de police se gare près d’Aquiba, où étudient quelque 700 élèves de la maternelle à la Terminale.
La présence des forces de l’ordre s’ajoute au service de sécurité de l’école et aux « parents protecteurs ».
C’est un dispositif « efficace » qui a été « renforcé depuis les attentats de Paris et qui est revu à chaque fois qu’il y a eu une tension », explique David Uzan, le chef d’établissement – comme ce matin, après l’attaque sans précédent menée par l’Iran contre Israël dans la nuit de samedi à dimanche, une attaque menée par Téhéran contre le territoire israélien en riposte à une frappe meurtrière sur une annexe du consulat iranien à Damas, imputée à Israël.
Compte-tenu de ce contexte, et en prévision des fêtes de Pessah, qui débutent le 22 avril, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a demandé dimanche aux préfets de renforcer la sécurisation des lieux de culte et établissements scolaires juifs. Il a en particulier souhaité que soient mises en place, devant les écoles confessionnelles, « des gardes statiques systématiques aux heures d’entrée et sortie des élèves ».
Devant Aquiba, « l’ambiance est très calme, très sereine, les parents jouent le jeu », décrit le chef d’établissement.
Parmi les consignes : ne pas s’attarder. « Ils doivent prendre leurs mômes et partir très vite, ils ne doivent pas rester devant l’école et donner leurs recettes de tarte à la pomme […] », plaisante Uzan.
« En sécurité », mais « vigilants »
« On nous demande de ne pas traîner », confirme Ora Bouaniche, mère de famille âgée de 26 ans. « C’est assez bien respecté. »
Après l’assaut barbare du groupe terroriste palestinien du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre, elle s’est inquiétée de possibles répercussions en France. « Au début, quand c’est arrivé on était très stressés, on se demandait : ‘est-ce qu’on envoie les enfants à l’école, qu’est-ce qu’on fait ?’ Et puis la vie a repris son cours », confie-t-elle.
« Les policiers sont toujours là, il y a aussi des gens qui surveillent quotidiennement l’école, des parents volontaires et, franchement, moi quand je dépose mes enfants je me sens en sécurité totale », témoigne Laura, 30 ans, mère de deux enfants en CE1 et grande section de maternelle.
Mais « c’est sûr qu’on est beaucoup plus vigilants qu’avant », reconnaît-elle.
À quelques centaines de mètres, devant la grande synagogue de la paix, où flottent les drapeaux français et israélien, des policiers surveillent les alentours.
« On vit dans un pays qui tient à protéger tous ses citoyens et c’est sa grandeur mais c’est aussi un signe des maux dont souffre notre société », relève Maurice Dahan, président du Consistoire Israélite du Bas-Rhin. « Si du fait de notre appartenance à une religion, à une couleur, à un groupement quelconque, on doit être protégé, le mal dans la société est profond […] »
Parents formés
Tout en se félicitant de la « réactivité » des services de l’État, Dahan explique que la communauté juive a depuis longtemps « sensibilisé les gens, même les enfants des écoles, à des confinements, à des évacuations » et « on a formé des parents à la vigilance ».
Ces derniers « sont là à l’entrée, à la sortie de l’école, ils feront le tour de l’environnement qu’ils connaissent mieux que personne et pourront avertir les services de police », si besoin.
Pour Pierre Haas, délégué régional du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) « la coordination se passe bien entre la communauté et les forces de l’ordre » et « c’est très rassurant, en réponse à cette angoisse qu’a la majorité de la communauté face aux événements qui se passent en Israël, qu’ici, en France, la sécurité soit renforcée ».
« Il y a une certaine inquiétude évidemment », témoigne David, 36 ans, en récupérant son petit garçon de 3 ans à l’école Aquiba. « Mais notre protection, elle vient d’ailleurs, elle vient de Dieu, donc on est confiants ! »