À Tel Aviv, Blinken se dit déterminé à obtenir un accord du Hamas « maintenant »
Blinken s'est félicité de l'ouverture d'une voie terrestre "directe" entre la Jordanie et Gaza via le point de passage d'Erez, ouvert par Israël sous la pression des États-Unis
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a dit mercredi à Tel Aviv être déterminé à obtenir dès « maintenant » un accord de trêve entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas associée à une libération d’otages, au septième mois de guerre dans la bande de Gaza.
Alors que le Hamas n’a pas encore donné sa réponse à une proposition prévoyant un arrêt des hostilités pendant 40 jours, Blinken devrait aussi tenter de presser le Premier ministre Benjamin Netanyahu de renoncer à une incursion terrestre annoncée dans Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
D’après un responsable israélien, Israël attendra jusqu’à « mercredi soir » une réponse du groupe terroriste palestinien avant de décider s’il enverra ou non une délégation au Caire en vue d’un possible accord. Après une réunion lundi au Caire avec les médiateurs égyptien et qatari, une délégation du Hamas a regagné Doha et devrait donner sa réponse « aussi vite que possible », selon une source proche du groupe terroriste palestinien.
« Même en ces temps difficiles, nous sommes déterminés à obtenir un cessez-le-feu ramenant les otages chez eux et de l’obtenir maintenant. Et la seule raison pour laquelle cela ne se ferait pas, c’est le Hamas », a dit Blinken, lors d’une rencontre à Tel Aviv avec le président Isaac Herzog.
La dernière proposition, qui prévoit un échange d’otages retenus à Gaza contre des prisonniers palestiniens, fait suite à des mois de blocage dans les négociations indirectes.
Fin novembre, une trêve d’une semaine a permis la libération de 105 otages, dont 80 Israéliens et binationaux échangés contre 240 prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël.
« Hors de question »
Blinken, qui à l’instar de son homologue britannique David Cameron a qualifié la nouvelle proposition comme étant « extraordinairement généreuse de la part d’Israël », avait pressé mardi le Hamas de l’accepter « sans plus tarder ».
Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne (UE), réclame en premier lieu un cessez-le-feu « permanent » avant tout accord, ce qu’Israël refuse.
Et Netanyahu a répété mardi qu’il était déterminé à mener une incursion terrestre à Rafah, ville considérée comme le dernier bastion du Hamas et où s’entassent environ 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité déplacés par la guerre.
« L’idée d’arrêter la guerre avant d’avoir atteint tous nos objectifs est hors de question. Nous allons entrer dans Rafah et y éliminer les bataillons du Hamas, avec ou sans accord [de trêve] afin d’obtenir une victoire totale », a-t-il dit.
Netanyahu doit s’entretenir à 10H45 locales (07H45 GMT) à Jérusalem avec Blinken, dont le pays est hostile à une opération terrestre à Rafah en raison des craintes pour la population civile.
Le chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, qui a plaidé pour un cessez-le-feu lors de sa rencontre mardi avec Netanyahu, est lui attendu mercredi au Caire, selon les autorités égyptiennes.
« La vérité est qu’une opération terrestre à Rafah serait tout simplement une tragédie sans nom. Aucun plan humanitaire ne peut contrer cela », a mis en garde mardi le chef des Affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths.
La guerre a éclaté lorsque des terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tuant près de 1 200 personnes, principalement des civils, tout en prenant 253 otages de tous âges, en commettant de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
129 otages enlevés par le Hamas lors de l’assaut sauvage du 7 octobre sont encore à Gaza, dont 34 seraient morts selon les autorités israéliennes après que 105 civils ont été libérés des geôles du Hamas lors d’une trêve d’une semaine fin novembre, et que cinq otages ont été libérées avant cela.
Israël a répondu à cette attaque, la plus meurtrière de l’histoire du pays et la pire menée contre des Juifs depuis la Shoah par une opération aérienne suivie d’une incursion terrestre dans la bande de Gaza visant à anéantir le Hamas, à mettre fin à son règne de seize ans à Gaza et à libérer tous les otages.
Plus de 34 500 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza. Tsahal dit avoir éliminé 13 000 terroristes palestiniens dans la bande de Gaza, en plus d’un millier de terroristes qui ont pris d’assaut Israël le 7 octobre.
263 soldats israéliens ont été tués dans la bande de Gaza depuis le 27 octobre, début de l’incursion terrestre lancée en représailles à l’attaque barbare du Hamas menée le 7 octobre.
« Beaucoup reste à faire »
Depuis le 9 octobre, la guerre a provoqué un « enfer humanitaire » dans l’enclave, selon le chef de l’ONU Antonio Guterres.
Les familles déplacées à Rafah se trouvent menacées, sans eau courante, par la propagation des maladies et la famine.
Les États-Unis font pression sur Israël pour qu’Israël facilite l’entrée de l’aide par la route et ont commencé à construire un port flottant face au littoral de Gaza, destiné à accueillir des cargaisons arrivées par bateau depuis Chypre. La structure sera prête jeudi, selon Chypre.
Blinken s’est félicité de l’ouverture mardi d’une voie terrestre « directe » entre la Jordanie et Gaza via le point de passage d’Erez, ouvert par Israël sous la pression des États-Unis.
« Il s’agit d’un progrès réel et important, mais il reste encore beaucoup à faire », a dit Blinken qui, avant Israël, s’est rendu en Jordanie et en Arabie saoudite dans le cadre de sa septième mission au Moyen-Orient depuis le début de la guerre.