Abbas à Sullivan : Israël doit transférer les fonds fiscaux de l’AP
Le chef de l’AP a affirmé que "la bande de Gaza fait partie intégrante de l'État palestinien" et que les recettes fiscales "iront à nos compatriotes de la bande de Gaza"
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, a affirmé vendredi au conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, en visite à Ramallah, que « la bande de Gaza fait partie intégrante de l’État palestinien », rejetant ce qu’il considère comme des efforts israéliens visant à isoler le territoire de la Cisjordanie, a indiqué son bureau.
Cette position est soutenue par l’administration Biden, qui souhaite que l’AP reprenne le contrôle de la bande de Gaza afin de la réunir avec la Cisjordanie sous une seule entité politique, dans le but, espèrent les États-Unis, d’ouvrir la voie à une solution à deux États.
Avant d’envisager une solution plus globale, Israël a préféré se concentrer sur l’élimination de la menace provenant de la bande de Gaza ; le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est prononcé contre le retour de l’AP à Gaza et la création d’un État palestinien.
Lors de leur rencontre à Ramallah, Abbas a également évoqué avec Sullivan la nécessité pour Israël de débloquer les recettes fiscales qui reviennent à Ramallah, selon son bureau.
Le mois dernier, le cabinet israélien a voté le gel du transfert d’environ 275 millions de dollars de fonds fiscaux collectés par Jérusalem au nom de l’AP. Cette somme correspond à ce que l’AP alloue aux services et aux salaires dans la bande de Gaza, de laquelle le cabinet cherche à se déconnecter à la suite de l’attaque du 7 octobre. Elle représente également environ 30 % du revenu mensuel total dû à Ramallah.
En signe de protestation contre la décision d’Israël, l’AP a annoncé qu’elle n’accepterait aucune des recettes fiscales, défiant ainsi Jérusalem de la laisser s’effondrer, au risque pour Israël de se retrouver responsable de la fourniture de services à quelque trois millions de Palestiniens en Cisjordanie.
Abbas a indiqué à Sullivan que les recettes fiscales « iront à nos compatriotes de la bande de Gaza. C’est une priorité et ils ne seront pas abandonnés », indiquait le communiqué de son bureau.
Les États-Unis ont tenté de convaincre Israël de revenir sur sa décision, en soulignant les efforts déployés par les forces de sécurité de l’AP dans le maintien de la stabilité en Cisjordanie depuis le 7 octobre et en avertissant que toute mesure visant à provoquer l’effondrement de l’AP risquerait d’ouvrir un second front en Cisjordanie. Jusqu’à présent, Netanyahu n’a montré aucun signe de changement sur la question, s’inclinant devant ses partenaires de la coalition d’extrême droite qui plaident depuis longtemps en faveur de la dissolution de l’AP.
Le reste du communiqué de l’AP contient des points déjà soulevés concernant la nécessite d’un cessez-le-feu immédiat à Gaza, la nécessité de réouvrir tous les points de passage vers Gaza pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire aux civils, « l’agression » israélienne contre les Palestiniens en Cisjordanie, le « mauvais traitement » des prisonniers palestiniens, la condamnation du déplacement des Palestiniens à Gaza et la mise en garde contre « l’annexion silencieuse » et le déplacement qui ont lieu en Cisjordanie.
« L’administration américaine doit faire preuve de fermeté pour empêcher de telles politiques qui violent le droit international », a affirmé Abbas à Sullivan, selon le compte-rendu de la réunion.
Abbas a également évoqué le souhait de l’AP d’obtenir le statut de membre à part entière de l’ONU, d’organiser une conférence de paix internationale et de parvenir à une solution à deux États avec Israël.
À l’heure de parution de cet article, la Maison Blanche n’avait pas encore publié de communiqué.