Abbas voit le chef du renseignement égyptien sur la réconciliation avec le Hamas
Le Caire ferait pression sur l'Autorité palestinienne pour qu'elle n'impose pas de nouvelles sanctions à Gaza après l'attentat à la bombe contre le convoi de Rami Hamdallah
Khaled Abu Toameh est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël

Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a rencontré mardi à Ramallah, dans son bureau, le chef des services de renseignements égyptiens, Abbas Mustafa, qui lui a remis une lettre « importante » de la part du président Abdel Fattah al-Sissi.
Cette visite est perçue par les Palestiniens dans le contexte des efforts continus de l’Égypte pour mettre fin à la lutte de pouvoir entre le groupe terroriste du Hamas qui dirige la bande de Gaza et la faction au pouvoir d’Abbas, le Fatah.
Au cours de la réunion, les deux parties ont discuté des derniers développements dans les territoires palestiniens et des efforts égyptiens pour parvenir à la réconciliation palestinienne, a rapporté l’agence de presse de l’AP Wafa.
L’agence n’a pas révélé les détails de la lettre « importante » de Sissi à Abbas.
Cependant, la visite surprise du chef des services de renseignement à Ramallah a eu lieu au milieu des rapports selon lesquels les Égyptiens ont fait pression sur Abbas pour qu’il s’abstienne d’imposer de nouvelles sanctions sur la bande de Gaza en réponse à l’attentat du 13 mars contre le convoi du Premier ministre Rami Hamdallah dans le nord de la bande de Gaza.
Ni Hamdallah ni le chef du renseignement de l’AP, Majed Faraj, qui faisait partie du convoi, n’ont été blessés dans l’attaque.

Musa Abu Marzouk, un haut responsable du Hamas, aurait déclaré plus tôt cette semaine, lors d’une visite à Moscou, que des djihadistes « salafistes » ayant des liens avec une agence de sécurité de l’AP en Cisjordanie étaient à l’origine de l’attaque.
« Le président égyptien a récemment averti Abbas de ne pas prendre de nouvelles mesures susceptibles d’aggraver la situation dans la bande de Gaza », a déclaré un responsable de l’AP à Ramallah. « Les Egyptiens craignent que de telles mesures aient des répercussions désastreuses sur les Palestiniens. »
Après l’attaque du convoi, Abbas s’est engagé à prendre des mesures « juridiques, financières et nationales » contre le Hamas, qu’il a maintes fois tenu pour responsable de la tentative d’assassinat. Abbas a également menacé que « des chaussures se déverseraient sur les têtes des plus petits et des plus hauts dirigeants du Hamas. »
L’année dernière, Abbas a imposé une série de sanctions sur la bande de Gaza qui comprenait la suspension des paiements à des milliers de fonctionnaires et l’aide sociale à des centaines de familles. Ces mesures comprenaient également la suspension des paiements à Israël pour l’approvisionnement en électricité de la bande de Gaza, ce qui a entraîné de graves pénuries d’électricité dans la bande de Gaza.
L’attaque contre le convoi de Hamdallah a entraîné la suspension des efforts égyptiens pour mettre fin au différend en cours entre le Hamas et le Fatah.

L’attaque est survenue alors que les responsables égyptiens de la sécurité tentaient de surmonter les divergences entre le Hamas et le Fatah sur la mise en œuvre de l’accord de « réconciliation » que les deux parties ont signé au Caire en octobre 2017.
Lors de la réunion de mardi, Abbas a « souligné la profondeur des relations fraternelles palestino-égyptiennes et la volonté des dirigeants palestiniens de renforcer ces liens », selon l’agence de presse de l’AP. M. Abbas a également salué les efforts de l’Égypte et de Sissi pour parvenir à la réconciliation palestinienne, ainsi que leur soutien aux droits des Palestiniens, a-t-il ajouté.
Lundi, Hamdallah a réitéré sa demande pour que le Hamas cède le contrôle total de la bande de Gaza au gouvernement de l’Autorité palestinienne. Il a déclaré que la seule façon d’aller de l’avant avec l’accord de réconciliation était que le Hamas permette au gouvernement de l’Autorité palestinienne d’assumer toutes ses responsabilités sur la bande de Gaza dans tous les domaines, y compris la sécurité.
Le Hamas a refusé de déposer les armes ou de permettre à l’Autorité palestinienne de déployer ses forces dans la bande de Gaza.
« Nous n’irons pas dans la bande de Gaza tant que le gouvernement n’y assumera pas toutes ses responsabilités », a dit Hamdallah. « Et nous sommes prêts à assumer nos responsabilités. »