Abdallah II espère un élargissement du cessez-le-feu en Syrie
La Jordanie et l'Irak ont rouvert leur poste-frontière, fermé depuis la prise de contrôle en 2014 de zones frontalières par l'EI
Le roi Abdallah II de Jordanie a plaidé mardi à Ottawa pour un élargissement du cessez-le-feu en Syrie, afin de favoriser « une solution politique » et le retour de milliers de réfugiés.
« Nous espérons que le cessez-le-feu au sud-ouest de la Syrie soit élargi à l’ensemble du pays, ouvrant la voie à une solution politique garantissant l’intégrité territoriale tout en mettant fin au bain de sang », a déclaré le roi jordanien lors d’une conférence de presse.
Le royaume hachémite partage une frontière de plus de 370 km avec la Syrie, où la guerre a fait depuis 2011 plus de 330 000 morts et provoqué le déplacement de plus de la moitié de la population.
A l’issue de sa visite au Canada, Abdallah II a demandé au Premier ministre Justin Trudeau de poursuivre sa politique d’ouverture aux réfugiés.
« Le Canada a chaleureusement accueilli des réfugiés syriens et nous espérons qu’il poursuive sa politique humanitaire » afin d’offrir une nouvelle vie aux migrants, a indiqué le roi.
Environ 40 000 Syriens ont trouvé asile au Canada depuis la fin 2015, en provenance des camps de réfugiés en Jordanie et au Liban. Le royaume jordanien abrite plus de 650 000 réfugiés syriens selon l’ONU, 1,4 million selon les autorités du royaume.
Justin Trudeau a assuré que le Canada allait poursuivre le financement de projets au bénéfice des Jordaniens et des réfugiés, tout en améliorant la situation sur le plan de l’égalité des sexes.
« La politique féministe » du gouvernement canadien permet de soutenir les femmes dans le cadre du développement international car « lorsque les femmes sont soutenues, cela conduit à un monde plus stable, paisible et prospère », a estimé Justin Trudeau.
Trudeau a annoncé une aide de 45,3 millions de dollars canadiens (30 millions d’euros) pour des projets de « développement économique ou le renforcement socio-économique des femmes », mais aussi pour l’accueil des réfugiés en Jordanie et au Moyen-Orient.
Mercredi, la Jordanie et l’Irak ont annoncé avoir rouvert leur unique poste-frontière, fermé depuis la prise de contrôle en 2014 de zones frontalières par le groupe terroriste Etat islamique (EI), assurant avoir sécurisé la route qui relie leurs deux capitales.
Dans un communiqué commun, les deux gouvernements ont annoncé avoir rouvert le poste-frontière, appelé Trebil en Irak et al-Karameh en Jordanie, « après avoir sécurisé la route internationale contre les attaques des bandes criminelles ».
Cet axe majeur, qui relie la frontière à Bagdad, traverse la vaste province orientale d’al-Anbar, majoritairement désertique et où se trouve l’un des derniers bastions de l’EI en Irak. Les jihadistes tiennent encore les localités de Rawa, Anna et al-Qaïm, à plus de 200 kilomètres au nord de Trebil, le long de la frontière avec la Syrie.
Cette réouverture va « faciliter la circulation des personnes et des biens dans les deux sens », poursuit le communiqué.
Le poste-frontière est situé à 370 km d’Amman et 570 km de Bagdad.
Le contrôle de la frontière de l’Irak avec la Syrie pose problème car l’EI est présent des deux côtés du tracé, aux abords des trois postes-frontières. La frontière avec l’Iran, traversée dans les deux sens par de nombreux voyageurs et pèlerins, est l’une des principales portes d’entrée des importations par voie terrestre.
Au sud, Bagdad et Ryad ont récemment entamé visites et évaluations en vue de rouvrir leur principal poste-frontière, Arar, fermé depuis 27 ans, et disent envisager de rouvrir ensuite le second, al-Jemayma.