Abou Dhabi se dit engagé pour un Etat palestinien et l’Initiative de paix arabe
Hend al-Otaiba, du ministères des Affaires étrangères émirati, a noté que le gel des annexions israéliennes a permis la normalisation des liens entre les deux pays
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Les Emirats arabes unis restent engagés à la création d’un Etat palestinien et aux termes de l’Initiative de paix arabe, a déclaré jeudi une haute responsable du pays du Golfe au Times of Israël, dans des rares déclarations officielles aux médias israéliens.
Hend al-Otaiba, la directrice des communications stratégiques du ministère des Affaires étrangères réagissait quelques heures après l’annonce de l’accord des Emirats arabes unis pour pleinement normaliser ses relations avec Israël. Ses propos sont aussi intervenus peu après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a dit qu’il finirait par élargir la souveraineté israélienne sur certaines parties de la Cisjordanie.
Elle a indiqué que la suspension du plan d’annexion de Netanyahu ouvrait la voie à l’accord historique de jeudi. « Les Emirats arabes unis, les Etats-Unis et Israël ont accepté de suspendre l’annexion des territoires palestiniens afin d’établir des relations bilatérales vers une région stable et pacifique à travers la dialogue et la diplomatie », a-t-elle déclaré.

« Les Emirats arabes unies sont engagés sur l’Initiative arabe de paix et les droits du peuple palestinien pour un état indépendant dans une coexistence pacifique avec l’Etat d’Israël », a-t-elle ajouté.
Adoptée pour la première fois par la Ligue arabe en 2002, l’Initiative de paix arabe appelle à créer des liens diplomatiques complets entre Israël et le monde musulman en échange d’un « retrait israélien complet de tous les territoires arabes occupés depuis juin 1967 », la création d’un Etat palestinien avec Jérusalem est comme sa capitale et une solution « juste » et « négociée » à la question des réfugiés palestiniens.
Interrogée pour avoir des clarifications sur la position des Emirats arabes unis concernant l’initiative de paix arabe, la porte-parole a répondu : « Une solution à deux Etats est au cœur de l’Initiative de paix arabe. En l’absence d’un gel de l’annexion, une solution à deux Etats cessera rapidement d’être possible ».
Abou Dhabi reste engagé aux « objectifs » de l’Initiative de paix arabe, « et voit l’accord d’aujourd’hui avec les Etats-Unis et Israël comme étant un canal pouvant peut-être parvenir à ces objectifs », a déclaré la porte-parole.
Plus tôt jeudi, les Emirats arabes unis, Israël et les Etats-Unis ont publié un communiqué commun annonçant un accord sur « la normalisation complète des relations entre Israël et les Emirats arabes unis ». Les Emiratis ont présenté la décision, qui a été durement rejetée par l’Autorité palestinienne, comme un succès pour les Palestiniens de Cisjordanie, puisqu’elle permet d’arrêter les plans d’Israël d’annexer des parties du territoire.
Historic day.
The three-way call resulted in an agreement to stop Israeli annexation of Palestinian lands. UAE has worked strenuously over the past months for this diplomatic achievement, which will bring stability to the region and support the peace process.— هند مانع العتيبة Hend Al Otaiba (@hend_mana) August 13, 2020
Le dirigeant de facto des Emirats arabes unis, le cheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyan, a publié un communiqué qui notait que les parties étaient parvenues à un accord « pour mettre un terme à l’annexion israélienne des territoires palestiniens ». C’est seulement ensuite que les parties « ont aussi accepté de coopérer et de fixer la feuille de route vers la création de relations bilatérales ».
Le ministre des Affaires étrangères du pays, Anwar Gargash, a aussi souligné qu’Israël « gèle sa décision d’annexer les territoires palestiniens », ce qu’il a caractérisé comme « une grande réussite pour l’avenir de la région, son peuple et le monde ». C’est seulement ensuite qu’il a noté que « les Emirats arabes unis vont appliquer leur décision de normaliser les relations avec Israël ».
Le pays faisait cela « Avec une initiative courageuse, pour préserver les chances d’une solution à deux Etats », a déclaré Gargash. Il a ajouté que le pays « appelle à la reprise des négociations entre les Palestiniens et les Israéliens, et qu’il est engagé pour travailler avec ses amis pour renforcer la sécurité et assurer la stabilité de la région ».
During a call with President Trump and Prime Minister Netanyahu, an agreement was reached to stop further Israeli annexation of Palestinian territories. The UAE and Israel also agreed to cooperation and setting a roadmap towards establishing a bilateral relationship.
— محمد بن زايد (@MohamedBinZayed) August 13, 2020
L’ambassadeur du pays au Golfe aux Etats-Unis, Yousef al-Otaiba, a déclaré que les Palestiniens, aussi, ont besoin de profiter de l’accord, en soulignant qu’Abou Dhabi allait continuer à militer en faveur de la création d’un Etat palestinien.
« Les Emirats arabes unis resteront un soutien fort du peuple palestinien – pour sa dignité, ses droits et son propre Etat souverain, a déclaré al-Otaiba. Ils doivent aussi bénéficier de la normalisation. Comme nous l’avons fait pendant 50 ans, nous défendrons avec force ces objectifs, maintenant directement à l’aide d’incitations fortes, des options politiques et des outils diplomatiques ».
Mohammed Issa Abu Shehab, l’ambassadeur des Emirats arabes unis en Europe, a déclaré à Emirates TV que la mesure était surtout importante car elle a permis de « geler tous les projets israéliens sur la terre palestinienne ».
Pourtant, un haut responsable israélien a déclaré que le plan d’annexion de Netanyahu n’était que « temporairement suspendu » pour permettre la signature de l’accord avec les Emirats.

à Jérusalem, le 13 août 2020 (Crédit : Yonatan Sindel/FLASH90)
Netanyahu lui-même a ensuite insisté lors d’une conférence de presse que l’annexion restait sur la table, même s’il a reconnu que Trump avait demandé que la mesure soit « temporairement suspendue » pour l’instant.
« J’ai dit que j’allais étendre la souveraineté en Judée et Samarie. Il n’y a aucun changement dans mon projet pour étendre notre souveraineté en Judée et Samarie en pleine coordination avec les Etats-Unis, a-t-il dit. Je suis engagé là-dessus, et cela n’a pas changé. La question reste sur la table. Je suis celui qui la met sur la table… Je ne ferai jamais de compromis sur nos droits sur notre terre ».