Accord trêve contre otages : « Arrêtez de me dire des conneries », aurait dit Biden à Netanyahu au téléphone
Le Premier ministre se sentirait encouragé à s'en prendre aux ennemis d'Israël depuis que le président américain est sorti de la course à la Maison Blanche
Le président américain Joe Biden a dit au Premier ministre Benjamin Netanyahu « d’arrêter » de lui « raconter des conneries » pendant un entretien téléphonique entre les deux dirigeants, a fait savoir un reportage diffusé samedi soir par la Douzième chaîne.
La chaîne a signalé, sans citer ses sources, que cet éclat de colère avait eu lieu après que Netanyahu a déclaré à Biden qu’Israël allait participer aux négociations portant sur un accord qui ouvrirait la porte à la remise en liberté des otages actuellement détenus à Gaza et à un cessez-le-feu dans la bande – ajoutant qu’une délégation israélienne allait rapidement partir pour rejoindre les pourparlers.
Des pourparlers en cours depuis de nombreux mois qui n’ont abouti à rien jusqu’à présent – et Biden a pu laisser entendre, dans le passé, que le Premier ministre israélien laissait intentionnellement les négociations dans l’impasse pour des raisons politiques.
A la fin de leur conversation, jeudi, Biden aurait dit : « Ne tenez pas pour acquis le président ».
Selon la Douzième chaîne, ces propos ont été tenus dans le contexte de la coopération qui serait établie entre Israël et les États-Unis si une guerre à grande échelle devait éclater entre l’État juif et l’Iran alors que la république islamique et ses proxies ont juré de venger la mort récente de plusieurs chefs terroristes, tués dans des frappes dont la responsabilité a été largement attribuée à Israël, avec des tensions qui ont grimpé en flèche. Dans ce cadre, Biden avait ainsi rassemblé les puissances régionales pour aider à repousser l’attaque aux missiles et aux drones sans précédent lancée par qui avait été lancée par l’Iran à l’encontre d’Israël dans la nuit du 13 au 14 avril.
De son côté, le Bureau de Netanyahu a répondu à ces informations de samedi en notant que le Premier ministre ne commentait pas le contenu de ses conversations privées avec le président américain. Il a fait remarquer que le Premier ministre « n’intervient pas dans la politique américaine et travaillera avec le président qui sera élu, et il attend des Américains, de la même manière, qu’ils n’interfèrent pas dans la politique israélienne ».
Pour sa part, le New York Times a signalé que Biden avait indiqué, pendant l’appel téléphonique, que l’assassinat du chef du Hamas Ismail Haniyeh, mercredi, était « survenu au mauvais moment », au « moment même où les Américains espéraient enfin qu’un accord portant sur un cessez-le-feu et sur la libération des otages pourrait être finalisé ».
Citant un officiel américain qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, le journal a aussi établi que Biden avait affirmé que cette opération était susceptible de provoquer un conflit régional.
Netanyahu, a dit la chaîne, a nié qu’Israël était à l’origine du manque de progrès enregistré dans les négociations, disant que toute la responsabilité des échecs incombait au Hamas – ce que le Bureau du Premier ministre n’a cessé d’affirmer en public.
Par ailleurs, le Telegraph a fait savoir, samedi, répétant les propos qui auraient été tenus par un officiel israélien, que Netanyahu se sentait plus encouragé à attaquer l’Iran depuis la décision prise par Biden de se retirer à la course à la Maison Blanche lors des élections du mois de novembre 2024, une décision qui avait été annoncée le 21 juillet.
« L’agenda réel de Biden est de soutenir pleinement Israël. C’est ce qu’il fait depuis des décennies », a confié l’officiel israélien au journal britannique. « Netanyahu le sait parfaitement et c’est la raison pour laquelle il se montre plus audacieux et plus confiant dans le fait qu’il pourra attaquer les ennemis d’Israël tout en continuant à bénéficier du plein soutien des États-Unis ».
Le retrait de Biden a été entraîné par les inquiétudes suscitées à la fois par son âge et par son acuité mentale suite au débat catastrophique qui l’avait opposé, le 27 juin, à son adversaire républicain, l’ancien président Donald Trump. Celle qui devrait remplacer le président américain, la vice-présidente Kamala Harris, a elle aussi pris part à l’entretien téléphonique de jeudi, a annoncé la Maison Blanche.
Le responsable qui s’est exprimé auprès du Telegraph a estimé que le retrait de Biden allait « grandement changer la donne » au Moyen-Orient.
Mercredi, une explosion survenue à Téhéran avait entraîné la mort de Haniyeh. L’Iran a depuis menacé de se venger d’Israël – qui n’a ni confirmé, ni démenti son implication dans l’assassinat.
Biden a déclaré jeudi que le meurtre du principal négociateur du Hamas « n’aidait pas » les efforts visant à garantir une trêve à Gaza et la libération des otages détenus dans la bande.
Le président américain a prononcé ces paroles alors qu’il se trouvait sur la Joint Andrews Base dans le Maryland, où il attendait l’arrivée d’Américains détenus en Russie.
Pendant la conférence de presse, Biden avait évoqué la conversation qu’il avait eue avec Netanyahu dans la journée, expliquant qu’il avait exhorté le Premier ministre à conclure rapidement un accord.
« Nous avons la base nécessaire pour un cessez-le-feu. Nous devons faire avancer l’accord et ils doivent le faire avancer dès maintenant », avait dit Biden qui avait ajouté être « très inquiet » au sujet des tensions croissantes au Moyen-Orient.
Un reportage réalisé par Axios a établi vendredi que l’administration Biden avait été frustrée d’être laissée dans l’ignorance du plan d’assassinat d’Israël alors que Netanyahu avait donné l’impression lors de sa visite à Washington, la semaine dernière, qu’il partageait le désir du président américain de finaliser un accord avec le Hamas à Gaza.
Le reportage, qui a cité les propos d’un responsable américain, a signalé que la conversation téléphonique entre les deux dirigeants, jeudi, avait été « dure ».
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