Accusé par la France d’avoir violé le cessez-le-feu au Liban, Israël dément
Alors que Netanyahu a promis de réagir face à la présence continue du Hezbollah au Sud-Liban, Paris aurait déclaré qu'Israël n'utilisait pas les mécanismes convenus pour faire respecter la trêve
Après que la France a accusé Israël d’avoir contrevenu au cessez-le-feu à des dizaines de reprises, au Liban, le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar a fait savoir lundi au chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, au cours d’un entretien téléphonique qu’Israël ne violait pas les termes du cessez-le-feu mais qu’il les « mettait précisément en œuvre face aux violations du Hezbollah, des violations qui nécessitent une réponse immédiate et en temps réel ».
Selon le bureau de Saar, ce dernier a évoqué les déplacements de membres du Hezbollah armés au sud du fleuve Litani, des terroristes qui effectuent parfois des transferts d’armes.
« Leur simple présence au sud du fleuve Litani constitue une violation fondamentale du cessez-le-feu. Ils doivent partir vers le nord », a expliqué Saar, selon un communiqué de presse qui a été émis par Israël.
Saar a aussi appelé le gouvernement libanais à « permettre de manière claire à l’armée libanaise de mener à bien les actions qui lui sont demandées dans le cadre de l’accord », selon le communiqué.
Israël n’acceptera pas un retour à la situation d’avant-guerre au Liban, a affirmé le ministre des Affaires étrangères.
L’armée israélienne avait déjà fait savoir, dans la journée de dimanche, qu’elle continuait à faire respecter le cessez-le-feu au Liban en frappant les forces du Hezbollah qui en violaient les dispositions.
Les soldats israéliens sont toujours déployés dans une grande partie du Sud-Liban et ils ont jusqu’à la fin du mois de janvier pour s’en retirer – conformément à l’accord de cessez-le-feu de 60 jours qui a été conclu la semaine dernière, un accord qui vise à mettre un terme à plus d’un an de combats.
Dimanche en tout début de matinée, des avions israéliens ont lancé une frappe aérienne sur le village frontalier de Yaroun, dans le sud du Liban. L’armée a aussi ciblé d’autres villes et villages frontaliers qui se trouvent encore sous contrôle israélien, a noté l’agence de presse nationale libanaise qui est placée sous l’autorité de l’État.
Ni Tsahal, ni le Hezbollah n’ont réagi à ces incidents.
Lors d’un autre incident qui, selon les militaires, s’était déroulé la nuit précédente, des soldats de la Brigade des parachutistes avaient repéré un groupe de terroristes armés du Hezbollah qui se tenaient à proximité d’une église, dans le sud du Liban – un site utilisé par l’organisation soutenue par l’Iran.
Les parachutistes avaient ouvert le feu sur les hommes armés et ils les avaient tués, avait fait savoir Tsahal.
« Les terroristes qui ont été éliminés menaient des activités dans la défense terrestre du groupe terroriste, dans le réseau de défense antichars du Hezbollah dans la région et ils prenaient part aux combats en utilisant l’église », avait noté l’armée dans un communiqué.
Après la mort des individus, Tsahal a indiqué que les soldats avaient fouillé en profondeur l’église, dimanche, et qu’ils y avaient trouvé un puits de tunnel qui était utilisé pour stocker des armes.
צה"ל פעל במהלך היום בעקבות מספר פעולות בלבנון שהיוו איום על מדינת ישראל, תוך הפרת הבנות הסכם הפסקת האש>> pic.twitter.com/bSdK1bsXH8
— צבא ההגנה לישראל (@idfonline) December 1, 2024
Dimanche, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fait savoir, dans un communiqué, qu’Israël « met en œuvre l’accord de cessez-le-feu avec détermination », promettant que « toute violation entraînera immédiatement une réaction intense de la part de l’armée ».
Parallèlement, les médias israéliens ont expliqué, dimanche, que selon des sources diplomatiques françaises, la France accusait Israël d’avoir contrevenu à l’accord de cessez-le-feu à 52 reprises.
Selon ces sources, si Israël est effectivement passé à l’action contre des violations qui avaient été commises par le Hezbollah, les soldats n’ont pas suivi les procédures de signalement des transgressions de la trêve par le groupe terroriste libanais auprès de l’instance internationale qui est chargée de superviser l’application du cessez-le-feu – une instance qui est présidée par les États-Unis et dont la France est membre – comme l’exigent pourtant les dispositions de l’accord.
Le Premier ministre intérimaire du Liban, Najib Mikati, et l’armée libanaise ont accusé Israël d’avoir contrevenu à l’accord en se livrant à des frappes aériennes et en survolant quotidiennement le territoire depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu.
La première phase du cessez-le-feu est une cessation des hostilités de soixante jours – elle permettra aux terroristes du Hezbollah de se retirer du sud du Liban, rejoignant le nord du fleuve Litani, alors que les troupes israéliennes quitteront, pour leur part, le territoire libanais, rejoignant le nord d’Israël. Dans ce contexte, les soldats libanais stationneront en grand nombre dans le sud, devenant ainsi la seule force armée à contrôler la région aux côtés des Casques bleus de la FINUL, les forces de maintien de la paix des Nations unies.
L’accord de cessez-le-feu est venu mettre un terme à quatorze mois de conflit entre Israël et le Hezbollah – un conflit qui avait débuté quand le groupe terroriste soutenu par l’Iran avait commencé à attaquer Israël le 8 octobre 2023, affirmant qu’il effectuait ses frappes en signe de solidarité avec les Palestiniens de Gaza. Ces hostilités incessantes avaient entraîné le déplacement d’environ 60 000 habitants du nord d’Israël.
Israël avait riposté par des bombardements et le conflit s’était renforcé pendant près d’un an. Israël avait intensifié ses opérations, au Liban, au milieu du mois de septembre, lançant finalement une opération terrestre qui avait permis de démanteler une grande partie des infrastructures du groupe terroriste dans tout le sud du Liban.
L’offensive avait été menée avec pour objectif d’assurer le retour des 60 000 personnes évacuées de leurs maisons dans le nord d’Israël – mais aussi en raison des craintes nourries par les responsables israéliens, qui redoutaient que le Hezbollah, qui cherche ouvertement à détruire Israël, ne commette un massacre similaire au pogrom que le Hamas avait perpétré dans le sud de l’État juif, le 7 octobre 2023. Ce jour-là, les hommes armés avaient tué plus de 1 200 personnes, des civils en majorité, et 251 personnes avaient été kidnappées par les terroristes. Elles avaient été prises en otage à Gaza.
Les attaques du Hezbollah contre Israël, depuis le mois d’octobre 2023, ont entraîné la mort de 45 civils. De plus, 76 soldats et réservistes de l’armée israélienne ont perdu la vie dans le cadre des hostilités transfrontalières, dans des attaques menées contre l’État juif et dans le contexte de l’offensive terrestre lancée dans le sud du Liban, à la fin du mois de septembre.
Tsahal a fait savoir que la mort de 2 500 terroristes du Hezbollah avait pu être confirmée avec un niveau élevé de certitude – même si les militaires estiment que le nombre d’hommes armés ayant été tués par les troupes serait plus proche de 3 500. Une centaine de membres d’autres organisations terroristes vient s’ajouter à ce chiffre.
Des images ont montré le Hezbollah organiser, vendredi, de grandes cérémonies funéraires pour des dizaines de ses hommes armés qui ont été tués au cours des deux derniers mois.
Selon les données qui ont été publiées par le ministère libanais de la Santé, 3 823 personnes ont été tuées dans le cadre d’actions militaires israélienne depuis le 8 octobre 2023 – un chiffre qui ne fait pas, toutefois, la différence entre civils et terroristes.