Israël en guerre - Jour 340

Rechercher

Affaire 4000 : Erdan témoigne dans le procès Netanyahu

Évoquant la période où il avait été évincé de son poste de ministre des Communications, l'élu du Likud dit ne jamais avoir reçu d'instruction du Premier ministre sur Bezeq

L'ambassadeur israélien aux Nations unies, Gilad Erdan, vient témoigner dans le procès contre le Premier ministre  Benjamin Netanyahu à la Cour de district de Jérusalem, le 15 mai 2023. (Crédit : Oren Ben Hakoon/Flash90)
L'ambassadeur israélien aux Nations unies, Gilad Erdan, vient témoigner dans le procès contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu à la Cour de district de Jérusalem, le 15 mai 2023. (Crédit : Oren Ben Hakoon/Flash90)

L’ambassadeur israélien aux Nations unies, Gilad Erdan, a témoigné lundi dans le procès pour corruption du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Ce dernier est accusé d’avoir obtenu des avantages en échange de l’abandon d’une réforme qui aurait porté préjudice à la compagnie de télécommunications Bezeq.

Erdan a indiqué à la Cour que le Premier ministre ne lui avait jamais donné d’instruction au sujet de Bezeq, mais qu’il avait eu le sentiment d’avoir perdu son poste de ministre des Communications en raison de cette question particulière.

Dans l’Affaire 4000, l’un des trois dossiers qui vaut à Netanyahu de prendre place sur le banc des accusés, Netanyahu est accusé d’avoir accordé des avantages lucratifs à Shaul Elovitch, alors actionnaire majoritaire de Bezeq Telecoms, en échange d’une couverture médiatique favorable de la part du site d’information Walla, propriété de Bezeq. Il a été mis en examen pour abus de pouvoir à une période où il était à la fois ministre des Communications et Premier ministre, entre 2014 et 2017.

Netanyahu doit également répondre de corruption, de fraude et d’abus de confiance dans cette affaire, tandis qu’Elovitch et son épouse sont accusés de pots-de-vin. Tous les trois n’ont eu de cesse de clamer leur innocence.

Ces manquements remontent à la période où Netanyahu avait remplacé Erdan au poste de ministre des Communications, au mois de novembre 2014. Les critiques dénoncent un abus de pouvoir de la part du chef du gouvernement qui était alors déterminé à asseoir son influence sur les médias et sur les entreprises de télécommunications.

Netanyahu avait nommé Erdan au poste d’ambassadeur à l’ONU en 2019, une initiative qui avait été largement considérée comme une tentative visant à exclure ce rival au sein du Likud de la scène politique nationale.

Dans son témoignage devant les juges, lundi, Erdan a indiqué que lorsqu’il était ministre des Communications, Netanyahu ne l’avait approché au sujet de Bezeq qu’à une reprise.

Les responsables du ministère, lorsqu’Erdan était à sa tête, faisaient avancer une réforme radicale intervenant dans l’industrie israélienne des télécommunications qui aurait ouvert le marché de la Toile – qui était alors très largement contrôlé par Bezeq – à la concurrence, avec pour objectif de garantir le déploiement rapide et efficace des infrastructures internet les plus innovantes.

Ils s’étaient également opposés à l’achat, par Bezeq, de la chaîne satellite Yes, qui appartenait à l’Eurocom Group d’Elovitch, un achat qui aurait rapporté beaucoup d’argent à ce dernier.

Shaul Elovitch à la cour de district de Jérusalem, le 14 septembre 2021. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

« Il m’avait demandé si j’écoutais les réclamations émises par Bezeq », a dit Erdan. « Je n’avais pas eu l’impression qu’il en connaissait les détails et je n’étais pas entré dans les détails avec lui. Je lui avais simplement dit que j’avais entendu ce qu’ils avaient à dire ».

Erdan a indiqué qu’il n’avait pas trouvé la question posée par Netanyahu « illégale ».

Alors qu’il lui était demandé comment il avait interprété la question, Erdan a répondu que « je pensais que Shaul et que tous les cadres de Bezeq se plaignaient à tout le monde. »

Il a noté que « je n’ai reçu aucune instruction de la part du Premier ministre ».

Erdan a expliqué à la Cour qu’il avait soutenu la réforme. « J’y croyais. C’était une réforme centrale pour nous », a-t-il dit.

Erdan a aussi indiqué au tribunal que quand il avait été nommé ministre de l’Intérieur, il avait demandé à Netanyahu s’il pourrait conserver la tête du ministère des Communications. Une requête à laquelle Netanyahu avait opposé un refus, lui disant que cela entraînerait des problèmes politiques au sein du Likud.

Erdan a été interrogé sur des propos qu’il avait tenus, dans le passé, où il avait fait le lien entre la fin de son mandat de ministre des Communications et Elovitch.

Erdan a reconnu avoir prononcé ces paroles devant plusieurs personnes, mais il a ajouté que « elles se sont basées sur un sentiment que j’avais, pas sur des choses concrètes qui auraient pu m’être confiées par d’autres ».

Netanyahu était ensuite devenu ministre des Communications.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, (à gauche), et Gilad Erdan lors d’un événement en l’honneur du nouveau chef de la police Roni Alsheikh, (hors cadre), à Jérusalem, le 3 décembre 2015. (Miriam Alster/FLASH90)

Selon la mise en examen, cette initiative – en plus de l’insistance placée par Netanyahu qui avait réclamé que les accords de coalition, en 2015, lui donnent « le contrôle unique » sur les dossiers liés aux médias – avait visé à mettre en place un positionnement gouvernemental plus favorable à Bezeq.

Après avoir pris la tête du ministère des Communications, Netanyahu avait limogé son directeur-général Avi Berger au mois de mai 2015 et il avait désigné son allié de longue date et ancien directeur de campagne Shlomo Filber à sa place.

Au cours du procès, alors qu’il se trouvait à la barre des témoins, Berger avait indiqué qu’il avait été limogé pour avoir refusé d’approuver la fusion entre Bezeq et Yes.

Les procureurs estiment qu’en plus de pousser à l’approbation de la fusion avec Yes, Netanyahu aurait accordé un traitement préférentiel important à Elovitch dans d’autres décisions régulatoires.

Par exemple, en 2014, Israël avait lancé une réforme du marché de gros visant à ouvrir le marché de la téléphonie fixe et d’internet à la concurrence – qui était, jusque-là, dominé par Bezeq. Selon la réforme qui était alors envisagée, en mars 2017, la compagnie Bezeq était supposée louer des infrastructures à certaines entreprises rivales dans le secteur de la téléphonie – comme Partner Communications Co. et Cellcom – de manière à ce qu’elles soient en mesure de fournir des services compétitifs, note le parquet. Bezeq s’était dégagé de cette obligation sous la supervision de Filber.

Les travailleurs de Bezeq installent des câbles à fibres optiques. (Autorisation)

Le parquet déclare aussi qu’à la demande de Netanyahu, Filber avait commencé à entraver la mise en vigueur de la réforme. Ainsi, Bezeq n’avait plus été placé sous la menace d’une amende pour son non-respect du calendrier qui avait été établi. De plus, Filber n’avait pas non plus donné son approbation aux ordonnances administratives nécessaires pour faire avancer la réforme – il n’avait notamment pas mis en place les procédures définissant les interactions entre les opérateurs de télécommunications variés dans le cadre du partage des infrastructures.

En résultat, le déploiement des câbles à fibre optique à grande vitesse qui aurait permis à des millions d’Israéliens d’accéder à un internet moins cher et plus rapide, et qui aurait garanti une compétitivité mondiale pour Israël, avait été ralenti de manière significative.

En plus de l’Affaire 4000, Netanyahu est aussi traduit en justice pour fraude et abus de confiance dans l’Affaire 1000, qui concerne des cadeaux luxueux qu’il aurait reçus de la part de bienfaiteurs milliardaires, et dans l’Affaire 2000, où le Premier ministre est accusé d’avoir tenté de négocier une couverture médiatique favorable de ses actions dans un journal contre l’affaiblissement d’un quotidien concurrent.

Netanyahu assure être victime d’un complot et il a déclaré que les accusations lancées à son encontre étaient sans fondement.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.