Agression de Bédouins à une station service ; 14 soldats arrêtés
Les "soldats sont suspecté des crimes d'agression en groupe, d'avoir proféré des menaces et d'usage illégal de leurs armes", selon Tsahal
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
La police militaire israélienne a arrêté 14 soldats du bataillon religieux Netzah Yehuda. Ils sont suspectés de s’être battus avec un groupe de jeunes Bédouins à une station service dans le sud d’Israël la semaine dernière, a déclaré l’armée mercredi.
« Les soldats sont suspectés des crimes d’agression en groupe, d’avoir proféré des menaces et d’usage illégal de leurs armes », a déclaré l’armée dans un communiqué.
Les 14 soldats devaient être déférés devant un juge mercredi pour les maintenir en garde à vue alors que l’enquête sur l’incident se poursuit, a déclaré l’armée israélienne.
La confrontation s’est produite au petit matin jeudi dernier au carrefour de Dvira, juste en dehors de la ville à prédominance Bédouine de Rahat.
Une vidéo de la station service montre les soldats qui se disputent avec les hommes, dont l’un travaillait à la station service. Quelques instants plus tard, on peut voir un soldat s’approcher de l’homme et le pousser. L’homme gifle alors le soldat.
תיעוד| הרגע בו המתדלק בתחנת הדלק בדביר הותקף ע"י חיילי כפיר; הורי החיילים טוענים: "סיפור הבדואים הוא שקר וכזב, אינו תואם לא את סיפור ילדיהם ולא את דרכם המוסרית של בניהם"; דובר צה"ל: "ככל שיימצא כי חיילים חרגו מפקודות צה״ל או מהחוק הם יטופלו במלוא החומרה".@MaarivOnline pic.twitter.com/CnpiRulOv4
— Yasser Okbi (@OkbiYasser) October 21, 2019
Les soldats, qui étaient tous armées de fusils d’assaut Trevor, et les Bédouins non-armés ont alors commencé à se battre, se poussant les uns les autres. Dans leur plainte à la police, les Bédouins ont déclaré que certains des soldats les avaient frappés avec les crosses de leurs armes.
Puisque l’incident impliquait des soldats, la police israélienne a transféré la plainte à la police militaire, qui a lancé une enquête, a déclaré l’armée.
« Si n’importe lequel des soldats est reconnu coupable d’avoir enfreint des ordres ou des lois de l’armée israélienne, il sera traité avec sévérité », a déclaré l’armée dans un communiqué.
L’affaire semble principalement concerner celui qui a commencé l’altercation.
Les parents et les avocats des soldats ont affirmé que les Bédouins avaient menacé et harcelé les soldats quand ils étaient arrivés à la station service vers 1 heure du matin jeudi dernier, en rentrant de l’enterrement d’Asher Hazut, âgé de 14 ans, qui était décédé après avoir été frappé par le foudre plus tôt cette semaine.
Le père d’un des soldats a déclaré à la chaîne publique israélienne Kan qu’un des Bédouins avait menacé de « poignarder un soldat dans le cœur ».
Les Bédouins ont rejeté les allégations des soldats, déclarant que les soldats avaient commencé la confrontation, leur hurlant qu’ils étaient des « Arabes puants » et disant « mort aux Arabes ».
Un frère de l’employé de la station service impliqué dans l’altercation a également nié les affirmations du père du soldat qu’ils avaient menacé les soldats avec un couteau.
« S’il y avait eu des menaces avec un couteau ou une tentative d’attaque, pourquoi n’ont-ils pas appelé la police ou procédé à une arrestation ? Si un tel événement s’était produit, le chauffeur de leur bus… ne les aurait pas appelés, ‘allez, montez vite que nous puissions partir parce qu’ils ont appelé la police », a déclaré le frère au journal Maariv.
Des soldats du bataillon religieux Netzah Yehuda de la brigade d’infanterie Kfir, qui opère en Cisjordanie, ont été au cœur de plusieurs polémiques liées à de l’extrémisme de droite et à de la violence contre des Palestiniens.
En mars, cinq soldats de l’unité ont été condamnés pour avoir passé à tabac deux prisonniers palestiniens, menottés et avec un bandeau sur les yeux, suspectés d’avoir aidé un terroriste qui avait tué deux camarades soldats dans une fusillade le mois précédent.
Trois des cinq soldats ont été condamnés à six mois et demis en prison, un soldat a été condamné à cinq mois et demis en prison et le cinquième a passé deux mois derrière les barreaux. Ils ont tous été dégradés au rang de simple soldat et mis en période de probation.
En décembre dernier, deux membres du bataillon ont été démis de leurs fonctions après s’être battus avec un groupe d’officiers de la police aux frontières qui avaient arrêtés certains de leurs amis civils pour avoir jeté des pierres sur des maisons palestiniennes à Ramallah.
Egalement en décembre, la police militaire a lancé une enquête sur les actions de soldats de Netzah Yehuda qui avaient abattu un homme de Jérusalem est, ils avaient dit qu’il avait tenté de les écraser avec sa voiture à un barrage en Cisjordanie. L’enquête préliminaire sur l’incident avait établi qu’une attaque à la voiture bélier n’avait pas eu lieu.
En 2016, un soldat du bataillon avait été condamné à 21 jours dans une prison militaire pour avoir participé à ce que l’on avait appelé un « mariage de haine », dans lequel des extrémistes ont fêté le meurtre d’un bébé palestinien quelques mois auparavant.
Dans le passé, des soldats du bataillon ont également été condamnés pour avoir torturé et maltraité des prisonniers palestiniens.
Le bataillon a été créé pour que les soldats ultra-orthodoxes et d’autres religieux puissent servir sans avoir le sentiment de faire de concessions sur leurs croyances. Les soldats n’interagissent pas avec des femmes soldats au même niveau que d’autres soldats, ils ont plus de temps pour prier et mener leur étude religieuse.