Al Jazeera diffuse des images de Yahyia Sinwar pendant la guerre à Gaza
Sur une vidéo, Sinwar est sur le champ de bataille ; dans une autre, il se tient dans un appartement, regardant une carte ; le propriétaire de l'immeuble où Tsahal a tué le chef terroriste dit que les lieux attirent beaucoup de visiteurs

La chaîne Al Jazeera a diffusé vendredi des images jusqu’à présent inédites montrant le chef du Hamas, Yahya Sinwar, à divers moments de la guerre qui a eu lieu dans la bande de Gaza. Sinwar, qui avait été l’instigateur de l’invasion et du pogrom commis par le groupe terroriste dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023, a été tué lors d’un échange de tirs avec les troupes de l’armée israélienne dans la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza, au mois d’octobre 2024.
Dans des vidéos diffusées par Al-Jazeera, Sinwar marche sur un champ de bataille avec une canne, portant une veste militaire et une couverture qui recouvre son corps de manière à ne pas être identifié.
Sur les images, un mot en hébreu, « nord », est peint à la bombe sur le mur d’un bâtiment où Sinwar a brièvement résidé, ce qui indique que des soldats israéliens avaient mené des opérations dans cette habitation avant l’arrivée du chef du Hamas.
Il est vêtu d’un polo, agenouillé sur le sol, en compagnie d’un autre homme, désignant du doigt une carte qui est étalée devant eux.
Dans le reportage, la chaîne qatarie montre également ce qui aurait été l’ordre qui avait été signé par Sinwar et qui avait donné le coup d’envoi au massacre commis par le groupe terroriste sur le sol israélien le 7 octobre, à 6 heures 30 du matin.
Lors de ce carnage, qui avait déclenché plus de quinze mois de guerre à Gaza, plus de 3 000 terroristes placés sous la direction du Hamas étaient entrés sur le sol israélien par voie terrestre, aérienne et maritime. Ils avaient tué plus de 1 200 personnes et ils avaient pris 251 otages, des civils en majorité, se livrant à des atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle.
Israël accuse depuis longtemps Al Jazeera de coopérer étroitement avec le Hamas, accusant certains de ses journalistes, à Gaza, d’être membres des groupes terroristes palestiniens.
En octobre, l’armée israélienne avait publié des documents saisis à Gaza qui, selon elle, prouvaient qu’il y avait une communication et une coopération directes entre la chaîne et le Hamas – ainsi que des documents prouvant que six journalistes actifs d’Al Jazeera étaient membres de groupes terroristes.
La chaîne avait farouchement nié les accusations d’Israël et elle avait indiqué que l’armée israélienne prenait systématiquement pour cible les employés d’Al Jazeera dans la bande de Gaza.
Al Jazeera est une chaîne interdite de diffusion en Israël. Elle a été récemment été suspendue par l’Autorité palestinienne en raison de la couverture critique, de la part de la chaîne qatarie, des récentes mesures de répression prises par Ramallah à l’encontre des groupes terroristes en Cisjordanie.

De son côté, le propriétaire de la maison où les soldats de Tsahal auraient abattu Sinwar a déclaré vendredi que l’appartement totalement détruit, à Rafah, était devenu un lieu d’attraction pour les admirateurs du chef terroriste – qui viennent le voir depuis l’entrée en vigueur dimanche d’un fragile accord de cessez-le-feu qui a été conclu entre le Hamas et Israël, un accord qui a ouvert la porte à la remise en liberté des otages.
Ashraf Abu Taha a raconté qu’il était retourné dans le quartier de Tel al-Sultan à Rafah tard dans la nuit du 17 octobre, peu après la mort de Sinwar, découvrant que les ruines de sa maison avaient été envahies par des journalistes et par des habitants qui espéraient avoir un aperçu de la chaise où était assis Sinwar dans ses derniers instants. L’attaque qui lui avait coûté la vie avait été filmée par un drone israélien.
« Je suis arrivé à onze heures. J’étais en retard et j’ai trouvé des gens rassemblés avec les journalistes – il y en avait presque des milliers. Je me suis demandé ce qui se passait. J’ai découvert qu’ils étaient venus prendre des photos dans la maison », s’est souvenu Abu Taha.

Dans cette vidéo, qui avait été tournée juste avant que les troupes de Tsahal ne le tuent et qu’elles ne détruisent une partie du bâtiment, Sinwar, grièvement blessé, recouvert de poussière et enveloppé d’un keffieh palestinien, lançait un objet en direction du drone. Les Israéliens y avaient décelé un signe de faiblesse mais les Palestiniens avaient salué cette ultime démonstration de défi face à la puissante armée israélienne.
La chaise sur laquelle le chef du Hamas a été tué est devenue, d’une manière ou d’une autre, un symbole nationaliste palestinien, a laissé entendre Abu Taha. Son fils et lui ont placé le siège et un gilet qui, selon eux, appartenait à Sinwar sur les ruines de leur maison.
« Maintenant, les gens disent que ce n’est plus le quartier Tal al-Sultan, mais le quartier Tal al-Sinwar », a-t-il dit, faisant référence au nom de son quartier.

Vendredi également, le Hamas a reconnu qu’une frappe aérienne israélienne avait éliminé, l’été dernier, Rawhi Mushtaha – le Premier ministre de facto de Gaza – ainsi qu’un autre haut responsable.
L’armée israélienne avait annoncé, au mois d’octobre 2024, que Rawhi Mushtaha avait été tué lors d’une frappe aérienne qui avait pris pour cible un tunnel du nord de la bande de Gaza trois mois plus tôt – en même temps que d’autres officiels de l’organisation terroriste, Sameh al-Siraj, qui détenait le portefeuille de la sécurité au sein du bureau politique du Hamas, et que Sami Odeh, le chef du « mécanisme général de sécurité » du Hamas.
Le communiqué du Hamas de vendredi n’a confirmé que la mort de Mushtaha et d’Odeh.
Au cours de la campagne israélienne qui a visé à détruire le Hamas et à garantir la remise en liberté des otages qui avaient été kidnappés, le 7 octobre 2023, l’armée a tué de nombreux dirigeants du Hamas – notamment le chef officieux de son aile armée, Muhammad Deif, au cours d’une attaque aérienne, et le chef politique du groupe, Ismail Haniyeh, lors d’une explosion à Téhéran.
Ils avaient perdu la vie tous les deux au mois de juillet de l’année dernière.

Selon le ministère de la Santé de Gaza qui est dirigé par le Hamas, plus de 46 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats qui ont déchiré l’enclave côtière – même si ce bilan reste invérifiable et qu’il ne fait aucune distinction entre les civils et les combattants. Israël affirmait, au mois de janvier, avoir éliminé environ 20 000 hommes armés au sein de l’enclave côtière dans le cadre de l’offensive, en plus d’un millier sur le sol israélien, le 7 octobre.
Israël affirme chercher à minimiser les atteintes aux victimes civiles et souligne que le Hamas utilise les civils de Gaza comme autant de boucliers humains, lançant leurs attaques depuis des secteurs civils – habitations, hôpitaux, écoles et mosquées.
87 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouveraient toujours à Gaza, y compris les corps sans vie d’au moins 34 personnes dont la mort a été confirmée par les forces de défense israéliennes.
Le Hamas a libéré samedi quatre femmes soldats qui avaient été maintenues en détention depuis 477 jours – une libération qui s’est faite dans le cadre de la première phase de l’accord de cessez-le-feu, qui a ouvert la porte à la remise en liberté des captifs.
Emanuel Fabian a contribué à cet article.