Alice Teodorescu Mawe : eurodéputée suédoise et plus grand soutien européen à Israël
Chez elle comme au Parlement européen, cette fervente défenseure des Juifs et d'Israël lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, antisionisme compris
Moins d’un jour après la libération de trois femmes otages à la faveur du cessez-le-feu et de l’accord sur les otages conclu par Israël et le groupe terroriste du Hamas, la politicienne suédoise Alice Teodorescu Mawe a, lors d’un discours au Parlement européen, attaqué la Croix-Rouge, le Hamas et ses partisans – avec sur elle un pin’s jaune en signe de solidarité avec les otages.
« Les masques sont tombés du côté de ces prétendus combattants de la liberté et de jeunes que d’aucuns prennent pour des civils innocents, qui ont cerné comme des hyènes les trois jeunes femmes sauvées des violences du Hamas hier », a-t-elle déclaré.
En s’en prenant aux « politiciens lâches, aux journalistes qui ont tout de militants et aux institutions judiciaires occidentales corrompues », Teodorescu Mawe a appelé de ses voeux des mesures plus radicales contre le Hamas « maintenant que ces monstres masqués ont montré leur vrai visage en gênant le passage d’une ambulance de la Croix-Rouge – et en foulant aux pieds les valeurs occidentales qui sont les nôtres ».
Ces propos d’une grande franchise seraient exceptionnels venant d’autres personnes – en particulier dans le climat politique européen particulièrement peu favorable à Israël depuis ces 15 derniers mois, depuis le début de son combat sur plusieurs fronts –, mais pour Teodorescu Mawe, c’était un lundi comme tant d’autres.
Ces derniers mois, la politicienne n’a eu de cesse d’attirer l’attention et de relancer le débat public avec sa franchise sans fausse pudeur. Qu’il s’agisse de défendre le droit d’Israël à l’autodéfense, dans le sillage du pogrom commis par le Hamas le 7 octobre 2023, de plaider en faveur de l’expulsion de Suède des antisémites ou de proposer que la nationalité suédoise soit subordonnée à la reconnaissance de la légitimité d’Israël, ses prises de parole se sont avérées aussi résolues que virales.
« Chaque fois qu’un ou une Juive me remercie pour mes prises de position, cela m’attriste parce que je pense que ce devrait être la norme », confie-t-elle au Times of Israel dans le cadre d’une récente interview.
Le soutien manifesté par Teodorescu Mawe à Israël et à la cause des Juifs n’a cessé de s’affirmer dans un contexte d’immigration croissante venue du Moyen-Orient et de regain d’antisémitisme en Suède et en Europe. Sa nomination, en juillet 2024, en qualité de seule et unique eurodéputée chrétienne-démocrate de centre-droit de Suède n’a fait que donner de l’écho à sa voix sur la scène internationale.
Des convictions naturellement fortes
Née à Bucarest, en Roumanie, en 1984, Teodorescu Mawe s’est installée avec sa famille à Lund, dans le sud de la Suède, en 1989. Ce sont ses parents, qui ont fui leur pays natal pour échapper à la dictature, à la pauvreté et à la répression, qui ont grandement contribué à façonner sa vision du monde.
« Ils parlaient souvent de valeurs, de principes et de ce qui fait une bonne société », évoque Teodorescu Mawe en rendant hommage à ses parents pour lui avoir inculqué le sens de la liberté, de la démocratie et des droits de l’homme, et ce, dès son plus jeune âge.
Sa mère admirait le peuple juif et sa résilience face à l’adversité, ce qui a éveillé l’intérêt de sa fille pour l’histoire de la Shoah.
« Pendant des années, je n’ai lu que sur ce sujet », admet-elle en ajoutant avoir été particulièrement touchée par les dangers des « complicités silencieuses ».
Cette profonde immersion littéraire a non seulement contribué à l’émergence de ses convictions contre les injustices, mais aussi initié un parcours intellectuel déterminant qui l’a menée vers la diplomatie.
En chemin vers son destin politique, Teodorescu Mawe a obtenu un diplôme en droit de l’Université de Lund en 2008 avant de faire un stage à Bruxelles, en Belgique, au sein de Svenskt Naringsliv, organisation de défense des entreprises spécialisée dans les questions de droit du travail au sein de l’UE.

Elle a ensuite exercé d’autres fonctions tout en rédigeant régulièrement des éditoriaux pour divers organes de presse suédois, comme le journal libéral-conservateur Svenska Dagbladet, les tabloïds conservateurs Barometern et Gotlands Allehanda, ou encore le Göteborgs-Posten, de tendance libérale, pour lequel elle a été rédactrice politique de 2015 à 2019. De 2019 à 2020, elle a été membre du Parti modéré suédois avant de rejoindre les rangs des Démocrates-chrétiens en 2024.
Dans ce cadre, Teodorescu Mawe a souvent abordé les thèmes des migrations et de l’intégration, disant son inquiétude face à la faible assimilation des populations musulmanes en Suède, qui représentent près de 8 % de la population totale. « L’antisémitisme n’a pas commencé le 7 octobre », assure-t-elle.
Tout en se trouvant physiquement en Suède, nombre d’immigrants restent « psychologiquement au Moyen-Orient, dans sa culture, ce qui génère un choc des sociétés », explique-t-elle.
Faire face à la montée de l’antisémitisme en Europe
Récemment arrivée au Parlement européen au moment des faits, Teodorescu Mawe dit s’être sentie « obligée » de regarder les images difficiles du pogrom commis le 7 octobre par des milliers de terroristes originaires de la bande de Gaza et emmenés par le Hamas, qui a coûté la vie à plus de 1 200 personnes et fait 251 otages dans le sud d’Israël, envahi par les airs, les routes, la mer. Ce massacre s’est accompagné de torture, de mutilations et de viols.
« Le pire, c’était la joie des homme armés du Hamas et leur manque total d’empathie », rappelle Teodorescu Mawe.
Selon une enquête de 2024 de l’Agence des droits fondamentaux de l’UE, les actes antisémites ont augmenté dans de nombreux pays depuis le 7 octobre et des sources font état d’une hausse de 400 % des cas de harcèlement envers les Juifs européens.
Teodorescu Mawe trouve tout aussi inquiétantes les manifestations de joie « honteuses » qui ont eu lieu suite au 7 octobre dans les rues de Suède. Elle estime que ces événements sont la preuve que la société n’a « rien appris de la Shoah » et qu’il faut impérativement changer les choses.

Teodorescu Mawe explique se battre contre « l’érosion des valeurs européennes et occidentales » au moment où les Juifs redeviennent des boucs émissaires.
C’est ainsi qu’elle met en évidence l’évolution des stigmates de l’antisémitisme qui fait que « le musulman est désormais la victime, et le juif, le blanc. Et quand on est blanc, on ne peut pas être une victime. »
Elle n’a de cesse de critiquer ses collègues journalistes et politiciens pour leur « partialité », qui les fait porter leur attention de manière disproportionnée sur Israël tout en ignorant les responsabilités palestiniennes.
« Le fait de ne dépeindre les Palestiniens que comme des victimes affaiblit leur rôle de partenaires égaux à la recherche d’une solution », affirme-t-elle, en ajoutant que cela a pour effet de perpétuer l’antisémitisme et de donner du grain à moudre aux appels à « mondialiser l’Intifada ».
Le courage de ses convictions
Les prises de position de Teodorescu Mawe sur Israël, l’antisémitisme et l’immigration ou encore l’intégration des Musulmans lui vaut de vives critiques, principalement de la part de la gauche.
« On m’a traitée de pute juive, d’espionne, de complice de génocide et de défenseure de tueurs d’enfants », explique-t-elle en donnant des exemples des attaques dirigées contre elle.
Malgré tout, elle reste déterminée. « Mon but n’est pas d’être populaire », affirme-t-elle. « Lorsque l’on est trop attaché à sa carrière ou à son image, alors c’est la peur qui guide nos décisions. Je ne veux pas de ça. Pour donner l’exemple, elle ajoute : « Si je ne défends pas les Juifs européens et Israël maintenant, alors quand et pour qui le ferais-je ? »

Elle est par ailleurs l’autrice de plusieurs propositions politiques qui ont défrayé la chronique, comme par exemple l’établissement d’un lien entre la nationalité suédoise et la reconnaissance de la légitimité d’Israël ou encore l’expulsion des personnes impliquées dans des actes antisémites. Ces propositions, présentées peu de temps après le premier anniversaire des attentats du 7 octobre, lui ont valu des réactions violentes.
Malgré tout, elle les estime nécessaires à surmonter l’échec de l’Europe à intégrer les communautés musulmanes, ce qui, selon elle, a laissé toute latitude à l’« intolérance ».
« L’antisionisme est de l’antisémitisme », affirme-t-elle. « La critique d’Israël a remplacé les attaques directes contre les Juifs, mais l’intention reste la même. »
Impatiente
Tout en reconnaissant les difficultés que rencontre la Suède, Teodorescu Mawe estime qu’il faut faire bien plus contre l’antisémitisme et que la sensibilisation du grand public est une première étape cruciale, ce pour quoi elle milite activement dans le cadre de son engagement politique et de ses prises de position.
Teodorescu Mawe affirme que « nombre de Suédois sont d’accord avec [elle] mais sont trop terrifiés pour le dire tout haut, échaudés par le sort réservé à ceux qui osent élever la voix ».
Malgré tout, elle les encourage à ne pas avoir peur et lutter frontalement contre l’intolérance.
« Il faut aider Israël, en première ligne de cette guerre. Leur haine ne se limitera pas aux Juifs – ils détestent l’Occident et se retourneront contre nous quand ils l’auront décidé », conclut-elle.
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