Allemagne : La police interrompt une réunion pro-palestinienne
Un intervenant dont la présence avait été interdite, intervenait par visioconférence ; un participant britannico-palestinien a indiqué que Berlin ne l'a pas laissé entrer sur le territoire
La police allemande a coupé l’électricité et interrompu une conférence d’activistes propalestiniens, vendredi, après l’apparition, par visioconférence, d’un intervenant dont la présence avait été interdite, ont expliqué les organisateurs.
Le Congrès pour la Palestine, qui devait durer trois jours et qui était promu par des groupes pro-palestiniens – notamment par le parti DIEM25 de l’ex-ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis – avait pour objectif déclaré de sensibiliser au « génocide » qui, selon ses organisateurs, serait actuellement commis par Israël à Gaza.
Les forces de l’ordre ont annulé les deux derniers jours du Congrès, citant son inquiétude face à de possibles discours de haine.
Parmi les intervenants attendus, l’activiste Salman Abu Sitta, auteur d’un essai qui, au mois de janvier, justifiait les terroristes du Hamas pour l’assaut meurtrier perpétré par ces derniers dans le sud d’Israël, le 7 octobre. Ce jour-là, les hommes armés avaient tué près de 1 200 personnes et ils avaient kidnappé 253 hommes, femmes et enfants, qui avaient été pris en otage dans la bande de Gaza.
« Un intervenant interdit d’activité politique figurait au programme », a écrit la police de Berlin sur les réseaux sociaux. « Il y avait donc le risque de voir s’exprimer sur l’écran un individu qui, dans le passé, s’est distingué par ses propos antisémites et glorifiant la violence. Ce rassemblement s’est terminé de façon anticipée et il a été interdit samedi et dimanche ».
Les organisateurs de l’événement ont fait savoir que la police était intervenue quand Salman qui, selon le magazine Stern, est interdit d’entrée en Allemagne, a commencé à s’exprimer par vidéo.
Police just interrupted the Congress as soon as the video from Dr. Salman Abu Sitta played. #palestiniancongress #Palaestinakongress pic.twitter.com/Ag4S1L2I5k
— Abir Kopty (@AbirKopty) April 12, 2024
« Les violences de la part de la police, qui a agi comme si nous étions des criminels, ont été de l’ordre de l’intolérable dans un pays démocratique », a estimé Karin de Rigo, candidate au parlement appartenant à la branche allemande du parti DIEM25. « Ils ne se sont pas contentés de prendre la scène d’assaut, ils ont coupé l’alimentation électrique comme si nous étions en train de transmettre de la violence ».
Peu après le 7 octobre, le gouvernement allemand avait mis en place une interdiction officielle des activités du Hamas, ou en soutien au groupe terroriste.
De nombreux manifestants ont déploré ce qu’ils estiment être une criminalisation, de la part des autorités qui s’inquiètent de l’essor de l’antisémitisme, des expressions de solidarité avec les Palestiniens.
« C’est juste et c’était nécessaire que la police de Berlin intervienne avec fermeté à ce dit Congrès pour la Palestine », a commenté la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser sur les réseaux sociaux. Elle avait précédemment exhorté les forces de l’ordre à faire preuve de vigilance face aux discours de haine qui étaient susceptibles d’être tenus pendant l’événement.
De son côté, un chirurgien britannico-palestinien de premier plan, qui s’était porté volontaire dans les hôpitaux de Gaza au début de la guerre opposant Israël au Hamas, a déclaré qu’il lui avait été interdit de pénétrer sur le territoire allemand, vendredi, alors qu’il venait prendre part à la conférence.
Abu Sitta a dit être arrivé à l’aéroport de Berlin dans la matinée de vendredi et avoir été arrêté lorsque son passeport a été contrôlé. Il aurait été placé en détention pendant plusieurs heures et il a été ensuite informé qu’il devait retourner au Royaume-Uni.
Il semble que la police de l’aéroport ait refusé son entrée sur le territoire pour des raisons liées à la sécurité de la conférence et à l’ordre public.
Le Jewish Chronicle, au Royaume-Uni, avait fait savoir l’année dernière qu’Abu Sitta s’était exprimé à une cérémonie, à Beyrouth, qui était organisée à l’occasion de l’anniversaire de la mort de l’un des fondateurs du Front populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP), Maher Al-Yamani.
Abu Sitta aurait ainsi pleuré « en rendant hommage à feu le fondateur du groupe terroriste, qui était parvenu à imprimer la crainte dans le cœur des Israéliens ».
Des terroristes du FPLP avaient participé au massacre dévastateur du 7 octobre dans le sud d’Israël.
Le 8 octobre, Abu Sitta avait fait la promotion d’un post publié sur les réseaux sociaux où il était écrit que les Gazaouis devaient « riposter et mourir dans la dignité » dans la mesure où « ils mourront, quoi qu’il arrive », avait noté le Jewish News, en Grande-Bretagne.