Allemagne : un ex-policier et sa femme arrêtés pour menaces d’extrême droite
Les enquêteurs les soupçonnent notamment "d'incitation à la haine" et de "dénigrement des organes constitutionnels" ; l'homme est déjà "connu pour ses liens avec l'extrême droite"
Un ancien policier bavarois et sa femme sont soupçonnés d’être les auteurs de dizaines de messages de menaces de mort envoyés depuis plusieurs semaines à des personnes publiques allemandes, a indiqué lundi le parquet de Francfort.
L’homme de 63 ans et sa femme de 55 ans avaient été arrêtés vendredi à leur domicile de Landshut (nord-est de Munich) et ont depuis été libérés, en attendant la suite de l’enquête, a précisé le ministère public dans un communiqué.
Cet ex-policier avait déjà « par le passé été connu pour ses liens avec l’extrême droite », selon cette même source.
Les enquêteurs les soupçonnent notamment « d’incitation à la haine » et de « dénigrement des organes constitutionnels ».
Ils sont suspectés d’avoir envoyé par mail, SMS ou fax des messages signés « NSU 2.0 » en référence au groupuscule néonazi allemand dont les membres ont commis une dizaine d’assassinats racistes pendant la décennie 2000.
Parmi les destinataires figurent notamment des députés de gauche, une artiste ou encore une avocate connue pour défendre des réfugiés.
La semaine dernière, Peter Beuth, le ministre de l’Intérieur de l’Etat régional de Hesse, où le premier cas avait été révélé début juillet, avait révélé qu’au moins 69 messages de ce type avaient été envoyés à une trentaine de responsables politiques ou personnages publics dans huit régions du pays.
Si la plupart des données étaient accessibles librement sur internet, celles de trois victimes avaient néanmoins été recherchées dans trois ordinateurs de la police, avait indiqué M. Beuth.
Ces arrestations sont un nouveau coup dur pour les forces de l’ordre allemandes, de plus en plus décriées pour les liens présumés de plusieurs de leurs membres avec des mouvances d’extrême droite.
Le scandale, qui a coûté son poste au chef de la police régionale Udo Münch, avait éclaté début juillet après des révélations selon lesquelles un ordinateur de la police de Francfort avait été utilisé pour rechercher les données personnelles d’une responsable politique de gauche locale.
C’est également en Hesse qu’un élu pro-migrant du parti CDU d’Angela Merkel, Walter Lübcke, avait été tué l’an dernier par un néo-nazi actuellement en procès.
En février dernier, à Hanau, toujours dans la même région, un homme ayant exprimé des positions racistes avait abattu neuf personnes d’origine étrangère.