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Alsacien « au-delà du raisonnable » : le dernier « Loup noir » est mort

Pierre Rieffel avait mis le feu au Struthof pour venger son père ; l'ex-camp nazi était utilisé après la guerre pour y détenir les Alsaciens soupçonnés d'avoir rallié le régime hitlérien

Pierre Rieffel, membre des "loups noirs", un groupuscule autonomiste responsable d'attentats contre des symboles français en Alsace dans les années 70 et 80, en interview pour France 3 Alsace à propos de la profanation du cimetière juif de Quatzenheim, le 22 février 2019. (Capture d'écran YouTube)
Pierre Rieffel, membre des "loups noirs", un groupuscule autonomiste responsable d'attentats contre des symboles français en Alsace dans les années 70 et 80, en interview pour France 3 Alsace à propos de la profanation du cimetière juif de Quatzenheim, le 22 février 2019. (Capture d'écran YouTube)

« Engagé pour l’Alsace, au-delà du raisonnable » : Pierre Rieffel, dernier membre des « loups noirs », groupuscule autonomiste responsable d’attentats contre des symboles français dans les années 70 et 80, s’est éteint à l’âge de 94 ans.

C’est le parti régionaliste classé à droite Unser Land, dont le nonagénaire était membre dans ses dernières années, qui a annoncé mardi sa mort dans un communiqué, saluant un « patriote alsacien » et un « meneur ».

Tombés dans l’oubli après le procès de Mulhouse, les « Loups noirs » ont ressurgi en février 2019, lorsque leur nom a été retrouvé sur une tombe du cimetière juif de Quatzenheim (Bas-Rhin), dont des dizaines avaient été profanées, taguées notamment de croix gammées.

Interrogé par la presse régionale, Pierre Rieffel, qui vivait retiré à Breitenbach (Bas-Rhin) où il avait une distillerie, avait réfuté entretenir des liens avec la profanation et les milieux néonazis.

Une photo prise à Quatzenheim le 19 février 2019 montre des svastikas peintes sur des tombes dans un cimetière juif, le jour d’une marche nationale contre une recrudescence des attaques antisémites. (Crédit : Frederick FLORIN / AFP)

Né en 1928, il avait fondé dans les années 70 avec deux autres militants autonomistes, René Woerly et Ewald Jaschek, tout deux décédés, le « Groupe de combat alsacien les Loups noirs », qui n’a pas hésité à recourir à l’action violente, mais sans faire de victimes.

Premier attentat commis par le groupuscule : l’incendie en 1976 d’un baraquement du Struthof, installé en 1941 en Alsace annexée par les nazis, et unique camp de concentration sur le sol français.

Puis, au début des années 80, les « Loups noirs » font sauter deux croix de Lorraine et une statue de Turenne, maréchal de Louis XIV, symboles à leurs yeux de la présence française.

L’enquête montrera que les explosifs leur avaient été fournis par deux Allemands d’extrême-droite, dont l’un membre d’un groupe néonazi.

(FICHIERS) Dans cette photo d’archives prise le 16 avril 2015, une vue générale de l’entrée du seul camp de la mort nazi sur le sol français, le camp de concentration du Struthof de la Seconde Guerre mondiale, à Natzwiller, dans l’est de la France. (Crédit : Patrick HERTZOG / AFP)

« Tondue »

Dans leurs revendications, rédigées en allemand, ils défendent la culture alsacienne et réclament l’enseignement de la langue de Goethe dès la maternelle dans la région.

Interpellés en 1981, les trois hommes et les épouses de deux d’entre eux sont condamnés l’année suivante à Mulhouse à des peines allant de sept mois à trois ans de prison, dont deux ferme, pour M. Rieffel.

Selon le compte-rendu fait à l’époque par l’AFP, ils avaient incriminé à la barre l’épuration dont ils disent avoir été victimes de la part des Français à la Libération de l’Alsace, annexée par les nazis en juin 1940 avec la Moselle voisine.

Pierre Rieffel explique que l’incendie au Struthof avait servi à venger son père, selon lui mort des privations et des mauvais traitements infligés par les gardiens français : l’ex-camp nazi était utilisé après la guerre pour y détenir les Alsaciens soupçonnés d’avoir rallié le régime hitlérien.

Vétéran du groupe, Ewald Jaschek avait également fondu en larmes à l’évocation des « humiliations infligées par les patriotes français » : « engagé de force dans l’armée allemande, j’ai été déshabillé et battu comme un chien à la Libération par des Français qui recherchaient sur mon corps les tatouages distinctifs des SS ».

Sa femme avait affirmé avoir été « tondue et rouée de coups » par des Forces françaises de l’intérieur (FFI) en mai 1945.

« Sacrifice »

Quant à l’épouse de René Woerly, responsable sous l’Annexion des Jeunesses hitlériennes de son village, elle avait justifié sa participation aux attentats par le désir « de faire un geste contre la présence de Noirs, de Marocains et d’autres étrangers en Alsace ».

Dans leurs expertises, les psychiatres avaient relevé chez les membres du groupuscule « une structure obsessionnelle » et des « particularités névrotiques ».

Dans un hommage rédigé en allemand sur Twitter, le secrétaire général d’Unser Land, Martin Meyer, a rendu hommage à Pierre Rieffel pour avoir « combattu activement » pour le maintien « de notre âme et de notre langue en Alsace ». Il « s’était beaucoup engagé pour l’Alsace, au-delà du raisonnable », a-t-il indiqué à France 3 Alsace.

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