Amir Ohana réclame la démission de Liat Ben-Ari
La vice-procureure d'Etat en charge des dossiers Netanyahu aurait divisé une maison en deux appartements sans permis approprié, selon Israel Hayom
Le ministre de la Sécurité intérieure Amir Ohana a appelé la principale procureure impliquée dans le procès pour corruption intenté à l’encontre du Premier ministre Benjamin Netanyahu à démissionner, dimanche, suite à des accusations portant sur un manque de permis approprié dans des travaux d’agencement de son domicile. Elle aurait ainsi divisé sa maison en deux appartements séparés sans demander les autorisations nécessaires.
« Si c’est ce qui est en effet arrivé, je pense qu’il est honteux et scandaleux de voir ce type de révélation émerger au sujet de ces personnes qui, par ailleurs, prêchent vingt-quatre heures sur vingt-quatre la nécessité d’avoir les mains propres, qui prônent la pureté morale et le respect de la loi et qui inventent des affaires qui n’existent pas », a déclaré devant les caméras de la Vingtième chaîne Ohana, (très) proche allié du Premier ministre.
Dimanche, le quotidien pro-Netanyahu Israel Hayom a fait savoir qu’un inspecteur de la municipalité de Rosh Haayin avait découvert que la vice-procureure générale aux affaires financières Liat Ben-Ari avait créé une entrée séparée au sous-sol de sa maison sans réclamer de permis de construire au préalable, créant, dans les faits, deux unités de logement au lieu d’une seule.
Ohana, qui s’était déjà querellé avec Ben-Ari, dans le passé, alors qu’il était ministre de la Justice, a estimé que si les accusations étaient vraies, alors elle « ne devrait pas continuer à servir » au sein du ministère.
Dans un communiqué émis par le biais du ministère, Ben-Ari a indiqué qu’il ne s’agissait pas de la résidence personnelle occupée par sa famille mais que le bâtiment mis en cause avait été acheté par un groupe d’acquéreurs dont faisait partie son époux.
Au mois d’octobre dernier, des conseillers du Premier ministre avaient âprement critiqué Ben-Ari après le départ de cette dernière en vacances, au beau milieu des procédures judiciaires qui avaient précédé la mise en examen de Netanyahu. Une source proche du chef du gouvernement avait estimé qu’elle avait donné l’impression d’avoir d’ores et déjà décidé de l’issue des audiences et qu’elle ne se préoccupait donc guère d’y assister. Le ministère de la Justice avait pris sa défense mais une source ministérielle avait toutefois reconnu que ses agissements avaient trahi un manque de sensibilité publique.
Netanyahu et ses alliés ont riposté avec force aux critiques ces dernières années, accusant la police et les procureurs d’Etat de « tentative de coup d’Etat » après sa mise en examen pour pots-de-vin, fraude et abus de confiance l’année dernière, et attaquant de manière répétée les médias pour leur couverture « défavorable » des événements.
Netanyahu n’a cessé de clamer son innocence.
Le procès de Netanyahu, qui est accusé d’avoir reçu des pots-de-vin, mais qui doit répondre aussi de fraude et d’abus de confiance, a ouvert au mois de mai devant la cour de district de Jérusalem. A ce moment-là, son avocat avait implicitement comparé le procès du Premier ministre pour corruption aux poursuites intentées contre les criminels de guerre nazis après la Seconde Guerre mondiale.
Un magistrat a déterminé lors d’une audience qui a eu lieu dimanche que le procès du Premier ministre commencerait à faire comparaître les témoins dès le 21 janvier et que des sessions auraient lieu trois fois par semaine.
Même si le Premier ministre avait assisté à une première audience, il n’a pas fait d’apparition devant les juges dans la journée de dimanche.
Netanyahu est accusé d’avoir offert de faire avancer une législation bénéficiant à de puissantes personnalités israéliennes des médias en échange d’une couverture positive de ses actions dans leurs parutions. Il est également mis en cause pour avoir accepté environ 200 000 dollars de cadeaux – sous la forme, entre autres, de cigares et de bouteilles de champagne – de la part de deux milliardaires, le magnat du cinéma hollywoodien Arnon Milchan et de l’Australien James Packer.