Analyse des agendas de 3 responsables de la santé qui ont géré la première vague
Litzman, l'ex-ministre de la Santé a été absent des discussions de janvier et février, s'occupant de ses événements privés; et Bar Siman-Tov a négligé les enquêtes épidémiologiques
Les hauts responsables de la santé ont attendu des semaines avant d’entamer les discussions sur l’épidémie de coronavirus en Chine après que les premières informations sur l’infection ont commencé à arriver, lit-on dans un rapport diffusé mardi, citant des plannings de réunions obtenus via une demande d’accès à l’information.
Les agendas quotidiens ont montré que l’ancien ministre de la Santé Yaakov Litzman était en grande partie absent des premières discussions sur le virus, et l’ancien directeur général du ministère de la Santé Moshe Bar Siman-Tov a presque complètement négligé la question des enquêtes épidémiologiques, un outil pourtant essentiel pour contrôler l’épidémie.
Même si la loi l’exige, les agendas de travail de Litzman et de Bar Siman-Tov n’ont été rendus publics qu’après que le Movement for Freedom of Information [Mouvement pour la liberté d’information] a porté l’affaire devant la Cour suprême de justice, selon le rapport du journal Yedioth Ahronoth.
Les agendas montrent que si l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde contre l’épidémie de Wuhan dès le 31 décembre 2019, et que des cas ont été découverts en quelques jours en dehors de la Chine, aucune réunion à ce sujet n’a eu lieu au sein du ministère de la Santé avant le 24 janvier.
Cette réunion, une conférence téléphonique, a réuni Bar Siman-Tov, son adjoint Itamar Grotto et la responsable de la santé publique de l’époque, Siegal Sadetzki. Une autre réunion a eu lieu deux jours plus tard.
Cependant, M. Litzman s’est impliqué pour la première fois le 27 janvier, lorsqu’une réunion a eu lieu dans son bureau. Trois jours plus tard, il a pris la décision d’interdire les arrivées en provenance de Chine.
La première fois que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a participé à des discussions sur le coronavirus, remonte au 1er février, lorsque Bar Siman-Tov s’est entretenu avec lui pendant 30 minutes. Le lendemain, le Premier ministre a eu une autre discussion d’une demi-heure avec de hauts responsables de la santé.
Mais le gouvernement n’a réalisé l’ampleur de ce qui se passait qu’à la mi-février, lorsque les réunions ont progressivement porté de plus en plus exclusivement sur l’épidémie de virus.
Les agendas montrent que Grotto avait été mis à l’écart dès le début au milieu des disputes rapportées avec Bar Siman-Tov, alors que Sadetzki – moins bien classée dans la hiérarchie que Grotto – a participé à la plupart des réunions. La participation de Grotto n’a augmenté qu’en avril.
Le rapport indique que l’agenda de Litzman n’était pas aussi détaillé que celui de Bar Siman-Tov, mais l’aperçu partiel qu’il donne indique qu’il n’a pas joué un rôle central dans la préparation à la crise.
Entre le 24 janvier et la fin février, M. Litzman a consigné 167 événements dans son agenda quotidien, dont seulement 10 concernaient le coronavirus, selon le rapport.
Plus de 50 de ces événements étaient privés ou politiques, dont 30 événements familiaux.
L’agenda de Bar Siman-Tov ne fait état que de deux réunions relatives à des enquêtes épidémiologiques, toutes deux en mars, alors que la question n’était pas à l’ordre du jour par la suite. La reprise de l’épidémie en mai et la perte de contrôle sur celle-ci sont largement attribuées à l’absence d’enquêtes épidémiologiques adéquates et de tests de coronavirus.
Le bureau de M. Litzman a déclaré qu’il « a pris une part active et continue à toutes les discussions sur le coronavirus et a participé personnellement à la plupart d’entre elles ». La déclaration dit qu’il ne pouvait pas participer alors qu’il était lui-même infecté par le virus, et que « de grandes parties du programme écrit ne sont pas à jour » en raison de changements de dernière minute.
Litzman aurait enfreint les directives de son propre ministère sur la distanciation sociale en assistant à des offices de prière de groupe dans les jours précédant son diagnostic. Son bureau a nié ces accusations.
Le ministère de la Santé a déclaré qu’Israël « a été l’un des premiers pays au monde à identifier et à prendre des mesures énergiques contre le coronavirus », ajoutant que l’interdiction initiale de voyager en Chine est intervenue peu après que l’OMS a déclaré pour la première fois que le virus se transmet d’homme à homme, et a contribué à contenir la première vague d’infections.
Le ministère a déclaré que des discussions et des appels téléphoniques ont eu lieu régulièrement à partir de début janvier et que l’agenda « ne reflète naturellement pas les centaines d’appels téléphoniques et de discussions qui ont eu lieu à ce moment-là ».
Litzman, Bar Siman-Tov et Sadetzki ont tous les trois quitté leur poste au cours des derniers mois.
Bien qu’Israël ait pris le contrôle de l’épidémie dans un premier temps, le virus a fait un bond depuis fin mai et l’on compte chaque jour entre 1 000 et 2 000 cas de contamination.
Les experts ont accusé une réouverture trop rapide et l’absence d’un programme efficace de recherche des contacts comme étant les principaux facteurs de la résurgence du virus, qui s’est produite alors que les nouveaux cas quotidiens de virus dans le monde ont également atteint des niveaux records.
Au début de ce mois, dans un contexte de recrudescence des contaminations, le gouvernement a adopté une série de restrictions pour freiner la propagation du virus. Ces restrictions ont limité le nombre de personnes autorisées dans les restaurants et les synagogues, réduit le nombre de passagers autorisés dans les transports publics, augmenté les amendes pour le non port de masque facial et fermé les salles de spectacles, les lieux culturels, les piscines, les salles de gym, les bars et les boîtes de nuit.