Andrew Tate, son antisémitisme et sa misogynie reviennent aux États-Unis

JTA — En revenant de Roumanie cette semaine, l’influenceur d’extrême-droite Andrew Tate a ramené avec lui aux États-Unis son image de marque forte et revendiquée, une image qui combine antisémitisme et misogynie.

Depuis 2022, Andrew Tate et son frère Tristan avaient l’interdiction de quitter le sol roumain où ils risquaient d’être poursuivis en justice pour viol et trafic sexuel. Les autorités roumaines ont toutefois levé cette interdiction, une initiative qui a été largement considérée comme résultant de l’influence de la nouvelle administration du président américain Donald Trump. Ainsi, jeudi, les deux frères se sont envolés pour la Floride en jet privé.

Difficile de dire s’ils y resteront. Le gouverneur de la Floride, Ron DeSantis, un allié de Trump, a fait savoir qu’ils n’étaient pas les bienvenus dans son état et le Royaume-Uni chercherait à faire extrader les frères qui, en tant que citoyens américano-britanniques, pourraient devoir répondre d’accusations d’évasion fiscale devant les tribunaux.

Mais des groupes républicains locaux de Floride ont salué, pour leur part, le retour de Tate, et les millions d’abonnés des deux frères, sur les réseaux sociaux, ont applaudi leur arrivée aux États-Unis.

Ces abonnés – Andrew Tate peut, à lui seul, en revendiquer plus de dix millions sur X – sont depuis des années abreuvés de contenus haineux à l’égard des femmes. Ces dernières années, Tate, ancien athlète professionnel et ancien candidat à l’émission « Big Brother », une personnalité qui a ouvertement revendiqué sa misogynie, a ajouté à ses contenus en ligne un antisémitisme débridé et des déclarations fortement anti-israéliennes.

Il a récemment accusé les autorités roumaines de faire partie intégrante du « réseau Soros » – en référence au milliardaire juif George Soros qui, par les dons importants qu’il a pu faire à des causes libérales, est devenu une cible privilégiée de l’ire de la droite de l’échiquier politique. L’année dernière, le magazine Mother Jones a signalé que les frères Tate « se sont de plus en plus adonnés à la critique d’Israël, une critique qui s’est rapidement transformée en affirmations antisémites clairement ancrées dans le trope de la diffamation du sang ».

L’influenceur Andrew Tate tient une photographie de la « Cène  » de Léonard de Vinci à côté d’une image de l’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 qui, selon des utilisateurs de réseaux sociaux de droite, parodie la peinture et se moque du christianisme, lors d’une manifestation contre la cérémonie d’ouverture, près de l’ambassade de France à Bucarest, en Roumanie, le 28 juillet 2024. (Crédit : AP Photo/Andreea Alexandru)

Tate avait vivement critiqué Israël après le 7 octobre 2023 – lorsque des milliers de terroristes du Hamas avaient commis un véritable pogrom dans le sud d’Israël, assassinant plus de 1 200 personnes et kidnappant 251 otages, un massacre qui avait été à l’origine de la guerre à Gaza. Presque immédiatement, Tate avait annoncé à ses partisans qu’il soulevait des fonds en direction des Palestiniens.

Déclarant qu’Israël commettait un « génocide », Tate – qui, en 2022, avait déclaré s’être converti à l’islam – avait également salué feu le leader du Hamas Yahya Sinwar, disant qu’il avait relevé « un défi face au Mal ». Il avait aussi estimé que sa mort, au mois d’octobre dernier, avait été « héroïque ». Lorsqu’il lui avait été demandé, l’année dernière, s’il condamnerait le Hamas, Tate avait répondu : « Non, je ne vais pas condamner l’esprit masculin de la résistance ».

Il a également accordé récemment des entretiens à Candace Owens, une influenceuse d’extrême droite qui a nié, dans le passé, l’existence de la Shoah.

L’année dernière, Tate avait commencé à flirter lui-même avec le négationnisme du génocide juif, écrivant sur X : « S’ils nous ont menti à propos de Gaza et d’Israël… Pensez-vous qu’ils ont menti au sujet de [la Seconde Guerre mondiale] ?

Candace Owens, commentatrice politique conservatrice, s’exprimant sur scène lors de la « Convention du peuple » de Turning Point USA à Huntington Place, à Detroit, dans le Michigan, le 14 juin 2024. (Crédit : Jeff Kowalsky/AFP via Getty Images)

Il avait ajouté que la guerre avait été « un événement culturel d’une telle envergure » qu’elle avait été utilisée par les gouvernements pour « endormir la population » en lui faisant croire que « méchant égale nazi ».

« Je pense que vous devriez au moins vraiment comprendre pourquoi la guerre a réellement eu lieu », avait dit Tate.

L’influenceur avait également défendu le salut nazi qu’avait fait Elon Musk au début de l’année, écrivant : « Arrêtez de geindre sur ces conneries sur Hitler ». Il avait appelé ses abonnés à « passer à l’offensive ».

« Je pense, d’une certaine manière, que nous devrions réhabiliter le salut nazi », avait dit Tate dans une vidéo. « Et si vous ne voulez pas le voir parce qu’il vous offense, ne traitez pas pour autant Elon de nazi… Penchez-vous sur le sujet, redoublez d’efforts. Pour ma part, je suis bien tout ce que vous dites que je suis ».

Après que le rappeur Kanye West est revenu sur X en présentant ses tee-shirts à croix gammée, faisant une promotion ouverte de l’antisémitisme, Tate avait semblé vouloir entrer en contact avec lui.

Elon Musk faisant un geste polémique pendant qu’il s’exprime lors du défilé inaugural à l’intérieur du Capitol One Arena, à Washington, le 20 janvier 2025. (Crédit : Angela Weiss/AFP)

Et après une perquisition faite par les autorités roumaines, l’année dernière, Andrew Tate avait partagé un post antisémite de Nick Fuentes, une figure du mouvement nationaliste blanc, qui prenait sa défense. « Deux jours seulement après qu’Andrew Tate a révélé que ‘la Matrice’ n’était en fait que la mafia juive, sa maison a été perquisitionnée et il a de nouveau été arrêté », avait écrit Fuentes dans sa publication.

L’arrestation d’Andrew Tate avait, semble-t-il, eu lieu après qu’un autre influenceur, Adin Ross, a révélé sur son propre stream que l’homme prévoyait de quitter la Roumanie.

Adin Ross, qui est Juif, avait fait savoir en 2022 qu’il avait refusé d’accueillir Ye sur son stream Twitch après avoir discuté avec le rappeur, qui lui avait dit que « vous, les Juifs, vous n’allez pas me dire ce que je peux dire ou ne peux pas dire ». L’année suivante, il avait accueilli Fuentes. En 2024, cela avait été le tour de Sauce Gardner, la star des New York Jets, au moment où le joueur de football avait déclaré que les Juifs « dirigent le monde ». Enfin, la même année, il avait accueilli Trump lorsque le candidat à la présidence de l’époque avait rendu hommage au « bon cœur » de Ye.

Le président américain Donald Trump pointant du doigt les journalistes alors qu’il s’apprête à quitter la Maison Blanche pour son complexe de Mar-a-Lago à Palm Beach, en Floride, à Washington, le 28 février 2025. (Crédit : Saul Loeb/AFP)

Tate est populaire auprès des conservateurs religieux dans les milieux juifs, musulmans et chrétiens. Cela fait 16 mois que le podcasteur juif orthodoxe Nate Mandel suit Tate, et il avait initialement plaidé en faveur de certains de ses messages portant sur la masculinité dans un épisode datant du mois d’octobre 2023. La co-animatrice de Mandel, Shoshie Reiter, mère de quatre adolescents, avait indiqué que ses fils étaient de fidèles abonnés de l’influenceur.

Toutefois, Mandel a semblé avoir changé d’opinion dans un nouvel épisode de son podcast qui était diffusé au mois de janvier dernier, affirmant que les accusations crédibles lancées à l’encontre de Tate et le fait que lui-même se soit vanté d’avoir abusé de femmes faisaient de lui une « merde ». Mandel a indiqué que ce changement d’état d’esprit à l’égard de l’influenceur était dû, en grande partie, aux accusations de « génocide » lancées par ce dernier en direction d’Israël.

Dans sa rubrique sur l’extrémisme, l’Anti-Defamation League évoque Tate, sans pour autant mentionner son antisémitisme.

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.