Andy Samberg incarne un photographe juif de la Seconde Guerre mondiale
L'acteur va jouer le rôle de David E. Scherman aux côtés de Kate Winslet qui sera la mannequin devenue photojournaliste de guerre, Lee Miller, et sa partenaire de travail
JTA – L’histoire, dans les années 1940, du duo de photographes de guerre considéré comme le premier à avoir saisi les horreurs de la Shoah va finalement recevoir les honneurs d’Hollywood.
Dans « Lee », réalisé par Ellen Curas, Kate Winslet joue le rôle de la mannequin devenue photojournaliste de guerre, Lee Miller, partenaire de travail de David E. Scherman, photographe juif qui sera lui incarné dans le film par l’acteur juif Andy Samberg.
Le film a été présenté au Festival international du film de Toronto samedi. Alexander Skarsgård et Marion Cotillard font aussi partie du casting.
Miller, qui travaillait à l’époque pour Condé Nast, et Scherman, pour LIFE Magazine, ont été parmi les premiers à entrer dans Nuremberg, dans le camp de concentration de Dachau ainsi qu’à Berchtesgaden, là où le parti nazi avait sa retraite alpine fortifiée, le « Nid d’aigle ». Ils ont également couvert le Débarquement en Europe – le fameux « D-day » -, les premières batailles sur les plages de Normandie et la libération de Paris en 1944.
Pendant ce temps, Scherman a survécu à deux accidents d’avion. Sa première expérience de mort imminente en temps de guerre a eu lieu en avril 1941, avant que les États-Unis n’entrent en guerre. Scherman faisait route vers Le Cap lorsque son navire a été bombardé par un navire de guerre allemand déguisé en navire marchand. Les photographies de Scherman du navire de guerre, ramenées clandestinement aux États-Unis dans des tubes de dentifrice et de crème à raser, ont été publiées dans LIFE et plus tard utilisées par la marine britannique pour identifier le bateau et le couler.
Selon sa nécrologie parue dans le New York Times, Scherman a également été l’un des premiers photographes à entrer dans Munich pendant la guerre, où il a découvert la maison d’Hitler, dont l’emplacement n’était pas encore connu des Alliés. C’est là que Miller et lui ont pris les photographies les plus emblématiques de leur partenariat créatif, comme celles de Miller dans la baignoire d’Hitler, prises par coïncidence le jour du suicide d’Hitler à Berlin. Dans ces photographies, on peut voir un portrait d’Hitler, à la gauche de Lee Miller, et ses bottes, encore poussiéreuses de la mission à Dachau ce matin-là, qui salissent la serviette jetée au sol. Le camp de concentration avait été libéré la veille.
« Elle a compris tout le symbole qu’il y avait à essuyer ses bottes chargées de terre et de boue sur le tapis de bain immaculé d’Hitler – c’était la boue de Dachau, qu’elle venait de voir de près », explique à Vanity Fair Ellen Kuras, directrice de la photographie et réalisatrice de « Lee ». « Lee Miller avait un grand sens de l’ironie. Si cela ne se voit pas toujours sur les photos, nous avons voulu en témoigner. »
Lorsque Miller a fini de poser, Scherman a pris sa place et Miller a pris l’appareil photo, explique au Jewish News son fils Antony Penrose avant une exposition de ses clichés en 2015. (Penrose a également écrit The Lives of Lee Miller, le livre qui a inspiré le scénario de « Lee », et il est figurant dans le film.)
« Si vous regardez la photo de Scherman, vous voyez que Lee s’incline pour que l’on voie la pomme de douche, bien en évidence », ajoute Penrose. « Pourquoi ? Parce que Scherman était juif et ce matin-là, ils étaient allés dans des salles de douche très différentes, des simulacres de salles de douche, qui étaient en fait des chambres à gaz. Ces deux images en disent plus que des milliers de mots. »